Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Port du turban en milieu songhoy : Pratique ancestrale et moyen de prévention contre le COVID-19

Le turban ou chèche est une coiffure orientale portée par les hommes. Il est fait d’une longue pièce d’étoffe enroulée autour de la tête. Dans le Sahara, le chèche est un moyen pour se protéger contre le vent chaud, le froid et même contre les coups de sabre d’un adversaire. Ce tissu d’étoffe fait partie aussi du code vestimentaire des hommes de Gao et ses environnants. Les connaisseurs du turban peuvent à partir du mode d’enroulement identifier la localité et l’ethnie de celui qui le porte.

Pour le chef Arma de Gao, Mohomoudou Touré, le port du turban est une tradition héritée des anciens. En milieu songhoy, un homme commence à porter le turban entre 17 et 20 ans. Au cours d’une cérémonie, le nouvel initié reçoit le turban en même temps qu’une lance et un sabre. Les festivités durent une semaine, au cours desquelles on fait promener le nouvel initié coiffé du chèche entre les familles qui offrent des sacrifices en fonction de leurs moyens et du bon comportement de l’intéressé. Il est assisté dans cette initiation par le griot de sa famille. à partir de ce moment, il intègre le rang des hommes qui peuvent défendre le pays et la communauté et qui sont investis d’une certaine responsabilité. Le directeur régional du Musée du Sahel, Abdoulaye Maïga explique qu’en milieu songhoy, le port du turban permet de connaïtre le rang social d’un individu, ainsi que sa communauté. L’initiation au port du turban est accompagnée par l’organisation des festivités qui réunissent toutes les familles et les jeunes de la génération du nouvel initié. Pour lui, c’est pour montrer que le nouveau porteur du chèche est devenu un homme mûr à qui on peut confier des responsabilités.
Selon Abdoulaye Maïga, il deux manières de porter le chèche et deux types de turbans. Par exemple dans le milieu nomade, il y a une manière de port du turban qu’on appelle « Amawade ». Cette façon est réservée uniquement aux jeunes qui veulent séduire. Ensuite, il y a le « Timarwalen » qui signifie les oreilles du lapin.

Il y a deux types de turbans : le chèche blanc et le noir qu’on appelle en langue songhoy « Alacho » qui vient de la Chine mais qui coûte très cher parce qu’il contient des astuces qui protègent la peau contre toutes les intempéries du désert.
En milieu Songhoy, lors de l’intronisation de la chefferie traditionnelle, les sages du village font porter au nouveau responsable un turban de deux couleurs dont l’une est blanche et l’autre est noir. La couleur blanche signifie que le porteur du turban a un pouvoir sur les autres et le noir détermine que les autres aussi ont un pouvoir sur lui. Ce qui veut dire que son pouvoir s’arrête là où commence celui des autres.
Aboucacrine Agaly de la localité de Taboye Cercle d’Ansongo se souvient qu’hier ses parents portaient le turban par pudeur et pour la protection de la bouche contre des éléments extérieurs. « Mais aujourd’hui, certaines personnes se cachent derrière ce turban pour faire du mal. Avant l’arrivée du Covid-19, nous portions le turban pour protéger le nez, la bouche et la tête. Donc, si le turban peut être parmi les mesures sanitaires, nous sommes sauvés. Ceux qui ne savent pas porter le turban, ce sont eux qui utilisent les bavettes », souligne notre interlocuteur. Le président du Haut conseil islamique de Gao, deuxième imam de la mosquée de Koweït dans la Cité des Askia, Ousmane Assalah, soutient que le port du turban a existé chez nous avant l’islam. Il rappelle que le turban fait partie du port vestimentaire traditionnel comme le boubou. Selon lui, la communauté musulmane a adopté la pratique puisque le prophète Muhammed (Paix et salut sur lui) portait le turban. Un imam étant investi d’un pouvoir, explique-t-il, il doit couvrir sa tête.

En plus d’être un attribut du pouvoir, le turban permet de protéger contre les éléments de la nature comme le vent, le soleil, le froid, la chaleur. Et même contre des coups lors d’un affrontement. Le directeur général de l’hôpital Hamadoumbo Moulaye Touré de Gao, Dr Issouf Moustaph Touré, confirme et rappelle que la tête étant une partie essentielle du corps humain, les lésions sur la tête sont irréparables la plupart du temps. Le chèche permet d’amortir les coups de bâton et même d’une arme blanche.
Dr Touré explique que le chèche protège les voies respiratoires contre la poussière et contre les agents pathogènes. Il permet aussi de protéger le cerveau contre les rayons solaires. Le médecin recommande donc le port du turban qui, selon lui, peut aider à prévenir la maladie du Covid-19. à condition, dit-il, que le tour du turban au niveau du nez soit en deux plis. Ensuite, le turban doit être tenu propre. D’où la nécessité d’en posséder au moins trois pour avoir la possibilité de les laver régulièrement comme les bavettes.
Les populations du Nord de notre pays portent le turban parce que c’est un pan de leur culture. Heureusement, cette pratique ancestrale devient un facteur protecteur contre la pandémie du Covid-19.

Abdourhamane Touré
Amap-Gao

Source : L’ESSOR

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance