La proposition du texte visant à réviser la constitution malienne a mis le feu au poudre de l’opinion publique, clivant la société autour du OUI « OuiAnsona » et du NON « AN TE, A BANNA! TOUCHE PAS A MA CONSTITUTION! » L’offensive pour l’un et pour l’autre sur internet sévit.
La violence des propos avec son lot d’invective fait rage. Une violence où les personnalités se découvrent. Est-ce dans une violente invective que l’on fait avancer un débat ? Où justement proposé peut s’avérer judicieux pour donner une dynamique positive à un blocage. Que faisons-nous de la mesure que les sagesses malinké, bambara, peul dogon, et songhoi nous convient ? Ne devons-nous pas ériger dans nos espaces de débat, cet hangar sacré dogon, la toguna, où, quand le corps agité par le bouillonnement intérieur se calme, une fois que la tête entre en contact avec la poutre. A défaut de toguna réelle, érigeons cet espace, peut être dans nos esprits.
En juin 2016 un comité d’expert est mis en place pour conduire un projet visant la révision de la constitution de 1992 (acte officiel de naissance de la démocratie au Mali). Cette constitution qui criait certaines insuffisances en matière de droits humains, prouve que cette tentative de révision, n’est pas in fine, une aberration. En juin 2017 le nouveau texte est proposé à l’assemblée et est voté par la majorité présidentielle de la constituante, donc approuvé. Comme on le dit par ici, le pompon sur la Garonne est bien sûr la création d’un sénat au Mali, qui en soi n’est pas une création d’institution de plus, par conséquent le remplacement d’une institution existante, le haut conseil des collectivités territoriales. Soit ! Cependant, le nouveau texte pêche par les amendements 13 et suite. Une fois le pavé lancé dans la marre, le politique s’en est emparé, comme d’habitude, la passion égocentrique du débat ne redescend pas. En revanche, il est question de l’état du Mali. Le Mali ne se porte pas bien. Et chaque malien est face à ses responsabilité encore plus sa jeunesse. Ce qui me fait répéter ici par conviction que le Mali « triomphera, mais à une condition : c’est que vous, moi, nous tous qui sommes ici, nous ne serons qu’une seule âme ; c’est que nous ne serons qu’un seul soldat et un seul citoyen, un seul citoyen pour l’aimer, un seul soldat pour le défendre » Je me permets de citer ici Victor Hugo, dont le texte résonne aujourd’hui dans le cas malien.
Renaître de ces cendres
L’un des principes fondamental des sciences sociales repose également sur la prise en considération, de la lecture médiane à apporter en toute circonstance. Dans ce débat il y a plusieurs positions. Pour ma part je me mets dans la médiane. Ma position est claire depuis mon article du 20 juin 2016, mon rôle de citoyenne me dicta la lecture de la constitution de 1992 et celle du texte proposé, d’en tirer personnellement ma conclusion. Être dans la médiane est-ce de la frilosité ? C’est la position de recul pour mieux appréhender. Elle est du côté du peuple, pour lequel tous nous nous targuons de défendre. Qu’en est il réellement ?
Et si le Mali par malheur venait à basculer, ceux-là même qui agitent les passions d’un côté ou de l’autre seront les premiers dans les avions avec leur famille pour les mettre aux abris. Qui mettra le jeune des quartiers populaires analphabète ou semi-analphabète qui une fois aura fait de cette question, une affaire personnelle sans en avoir appréhendé les tenants et aboutissants, les conséquences réelles ; qui prêt à mourir pour une cause qu’il aura fait sienne. Sa mort suscitera à nouveau l’indignation générale, tous nous l’aurons oublié dans quelques mois. Un événement chassant l’autre. Nous avons une lourde responsabilité devant cette jeunesse.
Ces positions médianes qui se lèvent à l’image du tweet de Mariam Diallo Dramé ce jour, dixit : « Si vous voulez le pouvoir battez campagne en 2018. Une chute précipitée du régime en place n’apportera que le chaos #Mali restons lucide », demandent à la mesure, appellent à l’écoute du Mali, du peuple malien, celui du bas. C’est celui-là qui en payera grosse tribu. Sont-ils d’un bord ? Pour ma part je suis d’un seul bord, le Mali, le malien de la rue des quartiers non résidentiels. Nous nous devons de grandir ce pays, de lui permettre de renaître avec fierté. Par ce que « si je savais quelque chose utile à ma famille, et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l’oublier » (Charles-Louis de Montesquieu). C’est à cette conviction, que ces mots venus du cœur en appellent à la jeunesse malienne.
Un débat pouvait être à la faveur de la patrie, il ne se mène pas à coup de grande manifestation, bien qu’elle soit démocratique, l’impulsion d’un débat démocratique pour la paix au Mali, d’une lutte nationale contre le terrorisme, avec tous enfants du Mali réuni.
Les fondamentaux pour les maliens
Nous ne nous lasserons jamais de rappeler les fondamentaux pour les maliens, à savoir, les droits à : une éducation de qualité, une santé de qualité, l’eau potable, l’électricité, l’accès à une suffisance alimentaire. Tout gouvernant à devoir d’apporter cela et nous y veillerons. La tâche est tellement immense aujourd’hui qu’aucun gouvernant n’y arrivera seul si on lui tire dans les pattes. Le même cauchemar qu’en occident se profile, les uns et les autres jouant le rôle de l’opposant quand l’autre camp est au pouvoir, on le pourrit pour se placer, et le jeu de chaise peut continuer au détriment du peuple. Phénomène qui les a éloigné du peuple faisant le jeu de l’inculture et du populisme qui n’est que renfermement. Les parties oubliant superbement, pourquoi ils ont tous porté serment (le peuple) en s’engageant en politique. L’assaut des egos inassouvis aura raison de vous, si vous ne vous atteler pas à la tâche ensemble pour sortir ce pays de ce merdier.
Appel à la jeunesse malienne
Je n’accepte pas le texte à l’état pour cause de l’amendement 13 et les autres suivants, portant sur le choix d’un tiers des sénateurs par le Président de le République, le dire serait une bonne chose, mais le dire en corrigeant serait l’issue honorable pour tous. Le Mali mérite mieux, battons-nous pour donner ce mieux à ce pays dont on doit gratitude, avant de penser à demeurer et à nous servir. Battissions-le ensemble hors des clivages politiques, une fois la paix reconquise, les jeux de chaise entre opposition et gouvernement pourraient aisément continuer, toujours au détriment du peuple. Pour l’instant le luxe qu’on peut se payer est de maintenir la soupape au risque de nous brûler la main. Mais une fois la paix reconquise. Si Platon attestait que « les racines de l’instruction sont amères,… mais que les fruits en sont doux », les bamabaras ne disent-ils pas que la vérité vraie est plus amère que le jus de caïlcedrat. Plus de la moitié de la population malienne est illettrée, le devoir d’éclairer est nôtre. Le devoir d’expliquer vrai dénué de toute partisanerie, dans le but de diffuser un message véridique, clair, audible pour tous est grandement nôtre. Ces vérités qui soigneront notre jeune Pays vieux de plusieurs siècles d’histoire et d’érudition, qui le conduiront à l’unité fraternelle . Seule la fraternité nous rapprochera de la paix, puisqu’elle annihile tous les clivages avec leurs frontières néfastes. Pour s’y engager ainsi dirons-nous que c’est par « la fraternité qu’on sauve la liberté » (Victor Hugo). Sauvons ensemble notre liberté, notre paix, par la vérité. La vérité vraie.
Source: journaldumali