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Plateforme A TE A BANNA: « c’est notre victoire »

Focalisant les attentions et alimentant les débats dans les états-majors politiques, dans les salons feutrés et même dans les rues à travers des marches et meetings, la question de la révision constitutionnelle, contestée par l’Opposition, a été mise entre parenthèses par son initiateur, le Président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA, qui a décidé de surseoir au processus jusqu’à nouvel ordre. Si cette décision clos ainsi ce chapitre de bras de fer entre les camps du Oui et du Non, à l’heure du décompte, la plateforme, par qui cette levée de boucliers est arrivée, crie victoire sur tous les toits d’avoir gagné sur le Président IBK. Mais est-ce réellement une victoire ? Décryptage…

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Comme un couperet, l’annonce du Président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA, a surpris plus d’un. Y compris ses principaux adversaires, notamment, la plateforme ‘’An tè A bana !’’ qui investissait la rue comme moyen principal de la contestation contre le projet de révision constitutionnelle initié par le Chef de l’État.
Mais depuis deux jours, ce bras de fer qui risquait de plonger dans un chaos indestructible, semble se conjuguer au passé avec la décision du locataire de Koulouba de différer son projet, le temps que le climat se décompresse et surtout le temps d’avoir un large consensus autour de cette révision qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive.
En tout cas plus question, jusqu’à nouvel ordre, d’organiser un référendum sur le projet de nouvelle Constitution. Le Président IBK, s’adressant aux Maliens très tard dans la nuit de vendredi à samedi à la télévision nationale, a déclaré avoir décidé, en toute responsabilité, de surseoir à l’organisation d’un référendum sur la révision constitutionnelle.
Pour justifier sa décision, le Président IBK évoque les tensions perceptibles sur le terrain ces derniers temps, au sujet du référendum. « J’ai enregistré avec inquiétude la montée des radicalités. Ces alarmes, nous les avons partagées, vous et moi. Je vous ai entendu exprimer vos craintes de voir notre cher pays dériver vers des affrontements tragiques ».
Le chef de l’État souligne que son devoir est d’expliquer tous les bénéfices que la révision constitutionnelle apporterait au rétablissement de la paix, à la consolidation de nos institutions et à l’amélioration de la gouvernance.
Mais constatant que dans le climat actuel ces explications peinent à être entendues et acceptées, le Président IBK, pour qui aucun sacrifice n’est de trop pour le Mali, décide ainsi de retarder la procédure référendaire à laquelle la Cour Constitutionnelle, juridiction suprême de droit, avait pourtant donné son quitus.
Sage décision d’un Président de la République, soucieux de l’intérêt supérieur de la nation et de la préservation d’un climat social apaisé ? Ou simple reculade du locataire de Koulouba poussé jusqu’à son dernier retranchement par une Opposition va-t-en-guerre guidée par le seul souci d’intérêts personnels ?
En tous cas le message du chef de l’État a été reçu et perçu par le camp de la Plateforme ‘’An tè A bana ’’ comme une victoire arrachée de haute lutte. Un succès que les responsables du mouvement n’ont pas hésité à savourer avant-hier samedi, au cours d’un meeting organisé devant la Bourse du Travail. Une manifestation qui a été transformée parfois par certains pour ridiculiser et se moquer bien du camp de la Majorité d’avoir mordu la poussière dans cette bataille de la révision.
Sur la forme, les partisans du front anti référendum sont en droit de manifester, de gesticuler et de crier victoire sur le Président et ses soutiens. Et ce, pour deux raisons principales.
D’abord c’est un secret de polichinelle que les responsables et leaders de la Plateforme, dans leur fronde contre le projet de révision constitutionnelle, visaient comme objectif premier : l’abandon par le Président de la République du texte de loi portant révision de la Loi fondamentale du 25 février 1992. Sur ce plan, le mouvement semble avoir eu gain de cause. Ce, d’autant plus que même si le Président IBK n’a pas retiré purement et simplement son projet, il a tout de même arrêté le processus en cours. D’où une satisfaction partielle de l’une des exigences du camp du Non.
Ensuite, pour qui se rappelle, l’Opposition, en plus d’exiger le retrait du projet, avait « ordonné » au Chef de l’État de faire une adresse à la Nation afin de déclarer solennellement sa décision de renoncer à la révision constitutionnelle qu’il a initiée.
Apparemment, et de la perception faite par les Maliens, c’est ce qui a été fait. Ce, d’autant plus que l’adresse du Président (qui était bien avant) a été diffusée à la télévision juste après sa rencontre avec les responsables de la Plateforme.
De ce qui précède, ces responsables sont en droit de fêter leur victoire. Mais est-ce un triomphe complet et éclatant ?
Nous pensons que non.
Car, si par la décision d’IBK de surseoir à son projet, les partisans du camp du Non peuvent légitimement se vanter d’avoir gagné ou même crier victoire, mais il ne peut s’agir que d’un triomphe modeste, d’une victoire qui n’est pas totale. Ce, d’autant plus que ce couronnement à l’issue d’une bataille et non la guerre doit être accueilli avec un arrière-goût inachevé du fait que l’objectif ultime du combat n’est pas gagné : le retrait pur et simple du projet de révision constitutionnelle.
En d’autres termes, la Plateforme n’a en fait rien obtenu que le seul fait de retarder le processus référendaire. Car, si « surseoir » ne veut pas dire « retirer », le locataire de Koulouba reste toujours seul maître à bord qui peut à tout moment soumettre de nouveau son projet au vote populaire.
D’ailleurs les différentes interventions des responsables de la Plateforme au cours de leur meeting du samedi corroborent cet état de fait dans la mesure où plusieurs d’entre-eux ont reconnu que c’est simplement une bataille qui vient d’être gagnée par eux et non la Guerre.
En outre, la Plateforme n’a rien obtenu du fait que ce n’est nullement ses pressions tous azimuts, à travers marches, meetings, campagnes d’intoxication haineuse (où on a même fait recours à l’homosexualité pour rallier à la cause), qui ont contraint IBK à ajourner cette révision, qui vise à faire respecter les engagements pris vis-à-vis de la communauté internationale. Mais il s’agit comme l’a expliqué le Président de « prendre le temps de nous retrouver pour échanger sans détour ».
En tout état cause, la décision du chef de l’État, pour qui veut l’entendre, et contrairement à ce que certains veulent faire croire, est bien antérieure à l’ultimatum de la Plateforme « An tè A bana ! ». Parce qu’étant mûrie et mise en exécution depuis l’arrêt de la Cour Constitutionnelle qui a certes jugé la révision constitutionnelle conforme à la Loi fondamentale de 92, mais sous les strictes réserves et observations de la cour portant sur la mouture de la loi, sa date d’adoption ainsi que les articles 37, 47, 48, 61, 110, 115, 119, 145 et 148. Une sorte de désaveu pour le président qui a décidé de ne pas inscrire la question de révision dans l’ordre du jour de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale (lire l’article de Bertin).

Par Mohamed D. DIAWARA

 

Source: info-matin

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