Deux semaines après l’envoi de la lettre du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M. Abdoulaye Diop, au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU), accusant la France de violer l’espace aérien malien et de fournir des renseignements aux terroristes, les réactions des partis politiques maliens se font toujours attendre face à cette violation de la souveraineté de notre pays. Mais, si c’était sur une autre question n’impliquant pas la France, leurs condamnations allaient pleuvoir comme une pluie. De quoi ont-ils peur ?
Il est évident que des hommes politiques dont les carrières politiques sont intimément liées à la défense des intérêts de la France dans nos pays et gérées par celle-ci pour accéder un jour au pouvoir, ne sauraient rédiger un communiqué de condamnation pour irriter ce pays. C’est le constat fait depuis que le Mali a saisi et accusé la France de violer son espace aérien et de fournir des renseignements aux terroristes qui ont été parachutés, en 2012, sur son territoire, après l’agression de la Libye par l’OTAN, en 2011, pour semer la désolation dans notre pays dans le but de contrôler ses ressources naturelles.
Depuis mardi 16 août 2022, date de la saisine du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) par le Mali pour qu’il statue sur ces cas de violation de notre souveraineté par la force Barkhane, c’est le silence radio du côté des partis politiques. Jusqu’à présent, ils n’ont pas voulu prendre la défense de leur pays, victime d’agression de la part d’un pays étranger. À part, l’Union pour la sauvegarde de la République (USR) de Nouhoum Togo, aucune autre formation politique n’a réagi pour dénoncer et condamner la violation de notre souveraineté par la France.
On comprend aisément leur silence. La démocratie dont ils se vantent d’arracher de haute lutte est un cadeau empoisonné du sommet Afrique-France, tenu, à la Baule, en France, en juin 1990. Elle a été conditionnée au contrôle et au pillage des richesses du sous-sol africain. Et tous les pseudo- démocrates qui ont accepté ce pacte avec l’ex-métropole ont été élus et imposés à la suite d’élections contestées ou par un accord tacite entre les acteurs politiques.
Comme ce fut le cas du Mali en 1992. Il est connu de tous que les résultats des élections de 1992 ont été acceptés à contre cœur par la classe politique qui savait que les dés étaient pipés: l’homme de la France, un ancien ministre du parti unique (UDPM), a été l’heureux gagnant. Elle a aussi préféré épargner à notre pays d’autres scènes de violences dont celles qui ont occasionné la chute du président Moussa Traoré, le 26 mars 1991, étaient encore fraiches dans les mémoires. Il est illusoire de croire que des hommes issus de ce moule peuvent défendre les intérêts de leur propre pays.
Malheureusement, c’est ce que l’Afrique a connu depuis l’avènement de la démocratie conditionnée, un système politique basé sur la corruption et l’enrichissement fulgurant des vrais faux démocrates et qui a permis à la France de mieux contrôler nos ressources naturelles par le biais des marchés accordés à ses sociétés et entreprises. Les multinationales françaises comme Bolloré, Bouygues ne diront pas le contraire. Elles ont raflé des marchés à coût de milliards, selon les termes de la démocratie imposée. Et le passage des pseudo-démocrates au pouvoir au Mali n’a servi que les intérêts de l’ancienne puissance et leurs représentants triés sur volet pour faire cette sale besogne.
Par cet acte de haute trahison, les partis politiques maliens viennent de découvrir leur vrai visage. Ils viennent de prouver à la face de l’opinion malienne que leur silence est un soutien à la France. Rien à dire, ils ont pris la défense de la France contre leur propre pays. Cette trahison se comprend aisément. On est à moins de deux (02) ans de l’organisation des élections, chaque leader politique est obligé de faire le jeu de la France pour être choisi comme le candidat de la Françafrique. Donc, histoire de ne pas se froisser dès maintenant avec le pays de Macron. Sinon avec les détails fournis de la lettre du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M. Abdoulaye Diop, qui a saisi le Conseil de sécurité de l’ONU et accusé la France de violer son espace aérien et de fournir des renseignements aux terroristes qui tuent depuis 2012 les populations, incendient les villages, volent le bétail, imposent leur loi aux habitants des zones occupées, il était du devoir de tout Malien de condamner cette agression. La saisine de l’ONU intervient, mardi 16 août, le lendemain, du départ du dernier soldat français de la force Barkhane du sol malien, le lundi 15 août 2022.
Au regard de cette trahison, dissoudre les partis politiques, c’est faire preuve de patriotisme. Appliquer l’ostracisme à des hommes politiques, c’est faire preuve de courage. Car, on ne peut pas comprendre le silence des partis politiques qui prétendent diriger le Mali et garantir sa souveraineté.
Yoro SOW
Source : L’Inter de Bamako