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Plainte contre la France : Curieuse omerta au sein de la classe politique

Prête à dénoncer toutes les insuffisances, minimes soient-elles, dans la gouvernance des autorités de la transition, la classe politique, en majorité, garde un silence de sourd par rapport à la plainte du Mali contre la France au siège des Nations Unies. Cette indifférence commence à frustrer la population qui estime que beaucoup de ces hommes politiques sont à la « solde » du maitre français.

Le Mali a déposé, le 16 août dernier, une plainte contre la France au Conseil de sécurité des Nations Unies. Dans ladite plainte, la France, alors partenaire privilégiée du Mali dans la lutte contre le terrorisme, est non seulement accusée d’appuyer les forces du mal en renseignements et en armements, mais aussi d’avoir violé, à plusieurs reprises, l’espace aérien malien.

« Nous avons toujours dit ici au Mali que nous faisons toujours la différence entre les autorités actuelles en place et le peuple français que nous respectons énormément. Ces autorités se sont rendues coupables de beaucoup de choses, notamment les violations intempestives de l’espace aérien malien.  Je ne pense pas qu’il y a un seul aéronef malien qui a une fois violé l’espace aérien français. On ne peut même pas l’imaginer, on sait que la réaction aurait été autre. Ensuite, il faudrait rappeler le contexte. C’est la France, pour reprendre l’expression du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, qui a décidé de nous abandonner en plein vol en mettant fin à cette coopération de défense qui nous liait sans avertissement, sans plan, sans nous prévenir », a affirmé le Premier ministre par intérim dans une interview accordée à la télévision nationale.

Il a ajouté que le Mali a été victime des violations intempestives de son espace par les aéronefs français. « En plus de cela, on le dit vraiment sans aucune démagogie, sans aucune manipulation, ces autorités se sont rendues coupables de fournir des renseignements et des armes à des groupes terroristes. Ce qui est inimaginable de la part d’un pays étant membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies et disposant d’un droit de veto », a-t-il indiqué, avant de préciser : «Nous avons introduit une plainte avec des preuves à l’appui. Tous les cas de violation  ont été bien documentés. Nous avons bien entendu d’autres preuves qui seront présentées, car nous l’espérons, à la suite de cette session spéciale du Conseil de sécurité, que nous appelons de tous nos vœux », a déclaré le colonel Abdoulaye Maïga.

Le silence de la classe politique

Cette plainte du Mali contre la France a été commentée partout à travers le monde, par les plus grands médias. Au Mali, certaines organisations ont exprimé leur soutien au gouvernement de la transition. Certains groupements et partis politiques l’ont aussi fait.

Mais ce qui a surpris plus d’un, c’est le silence des partis et groupements politiques qui, à chaque insuffisance dans le gouvernement, attaquent les autorités de la transition et réclament l’inclusivité dans la gestion de la transition.

Excepté le président de la Codem, Housseïni Amion Guindo,  l’écrasante majorité de la classe politique est restée silencieuse sur ce sujet. « Nous avons appris par voie de presse que nos autorités ont déposé une plainte aux Nations unies sur des questions vitales pour notre pays.

Dans la dynamique d’un sursaut national, nous suggérons l’implication dans cette démarche des forces vives à travers les canaux appropriés. Nous croyons fermement que la défense de notre sécurité mérite l’implication de tous. En toute connaissance de cause, forts des éléments mis à notre disposition, nous serons fondés à les accompagner ou non. Le soutien international est certes une bonne chose, mais celui de toute la nation l’est encore davantage », avait écrit Poulo sur sa page Facebook.

Au-delà de lui, les multiples partis qui composent le Cadre d’échange n’ont daigné placer un mot concernant ce dossier. Ce n’est pas la première fois que la classe politique malienne brille par son silence. Elle l’a fait quand le président français a accusé le Mali « de combattre une ethnique » dans la lutte contre le terrorisme. Un tel discours qui met en danger la cohésion sociale entre tous les enfants du Mali n’a pas été condamné par la majorité de cette politique.

Elle a également brillé par son silence dans l’affaire des 49 militaires ivoiriens détenus au Mali depuis la mi-juillet. Pendant que les politiques ivoiriens, même ceux qui sont en dehors du pays, se sont prononcés sur le sujet, ceux du Mali y ont été indifférents.

Une loi du silence qui fâche

« Je n’avais confiance aux hommes politiques maliens, mais j’ai été renforcé dans ma position contre eux dans cette histoire de la plainte contre la France. Si c’était Choguel qui avait parlé de l’organisation des élections et parlait du changement dans la gouvernance, ils allaient sortir pour demander sa démission. Mais personne ne les entend parler de la plainte du Mali contre la France. Personne n’a entendu leur soutien envers le Mali. La raison est connue : ils ont peur de Macron », a déclaré Moussa Diarra, assis dans son grin à Baco-djicoroni. Comme lui, nombreux sont des Maliens qui se plaignent de ce silence de la classe politique, même si certains saluent le courage de ceux-là parmi eux qui ont pris position, dont Poulo.

« Je ne suis pas surpris que Paulo se prononce sur ce sujet. Je sais qu’il est différent des autres politiques et aime bien ce pays », nous confie un enseignant, probablement un soutien au président de la Codem.

B. Guindo

Source: LE PAYS

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