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Phase transitoire du pays : Les militaires entre le marteau l’enclume !

Déjà ça résonne mal et ça risque de péter. Si, par souci de voir un Mali « refondé », les Maliens ont chassé le clan IBK du pouvoir, il est aussi patent que la lueur d’espoir tant escomptée n’est, pour l’instant, pas acquise. À peine quelques semaines, la démarche militaire procrée des mécontents. Certes, l’homme de Sebenicoro est parti, mais des pressions se multiplient et mettent le CNSP entre le marteau et l’enclume.

Que se passe-t-il à Kati ? Pourquoi tant de tohu bohu en si peu de temps au sujet de la gestion transitoire au Mali ? Les militaires ont finalement décidé de s’agripper au pouvoir ? Voici des questions que bon nombre de Maliens se posent.

En tout cas, nombreux sont ces citoyens confus à propos de la gestion transitoire. Vu ce qui se passe présentement, il doit y avoir des non-dits sur la gestion de cette transition. Et pourtant, la déclaration tenue le 19 août 2020 par le CNSP avait suscité de l’espoir : « La société civile et les mouvements sociopolitiques sont invités à nous rejoindre pour ensemble créer les meilleures conditions d’une transition politique civile, conduisant à des élections générales crédibles pour l’exercice démocratique à travers une feuille de route qui jettera les bases d’un Mali nouveau ».

Les militaires ont, quelques jours après cette déclaration, changé de discours. Ils commencent, certainement, à prendre goût du pouvoir. L’exemple frappant, c’est aussi l’Acte fondamental qui suspend d’office la constitution malienne du 25 février 1992. Erreur ou pas, les militaires n’avaient pas voulu associer le M5-RFP dans la prise des décisions. Loin d’être renchéri, ce comportement du CNSP a entrainé l’échec de la première convocation adressée aux partis politiques ainsi qu’aux différents groupements pour des concertations. D’erreur en erreur, il a donc fallu des réactions pour mettre pression sur la junte. Vendredi 28 août, lors de sa cérémonie de prière et de sacrifice en hommage aux jeunes manifestants du M5-RFP tués par balles les 10,11 et 12 juillet, Mahmoud Dicko avait invité les militaires « à rester vigilants et à savoir que le peuple leur fait confiance ».

L’autorité morale du M5 appelait le CNSP à œuvrer pour ne pas décevoir l’espoir que le peuple malien place en lui. Si prévenir vaut mieux que guérir, Mahmoud Dicko n’a pas cessé d’inviter la junte à s’entendre avec le M5-RFP et à associer toutes les forces vives de la Nation à la mise en place de cette transition dans le respect et la dignité. Ce qui est étonnant, c’était de voir l’imam Dicko dire que le CNSP doit arrêter « sa course solitaire » pour éviter de commettre les mêmes erreurs que ses prédécesseurs. « Les militaires doivent nous faciliter la tâche et alléger la souffrance du peuple. Ils doivent être une solution et non un problème », ajoutera-t-il. La question : pourquoi l’imam a voulu publiquement s’adresser aux militaires ? Sont-ils réellement en train de travailler pour une transition civile ? Pourquoi cette réaction de la part de Mahmoud ? Non, ça étonnerait qu’ils travaillent pour une transition civile. La preuve : l’Acte fondamental fait d’Assimi Goita le président de la transition.

Sans ambages, les mots de l’imam insinuent le dysfonctionnement dans le jeu de la transition. Ce n’est pas tout, si l’imam de Badalabougou a juste rasé le sujet, le coordinateur général de la CMAS n’a pas daigné le comportement qu’adoptent les militaires. Lors de la même cérémonie de sacrifice, Issa Kaou Djim a été clair : « Aujourd’hui, tout le peuple doute du CNSP. Je le dis bien et je ne mâche pas mes mots. L’imam Dicko demande aux militaires d’entendre son message et il nous (M5-RFP) demande de patienter ». Franc, le coordinateur admet que c’est grâce à une révolution du peuple que les militaires occupent ces postes et non un coup d’État. « Qu’il plaise à la communauté internationale ou pas ce n’est pas un coup d’État, c’est une révolution du peuple qui ne peut pas être confisquée par un groupe militaire, non ! », a-t-il entonné.

Membre du M5-RFP, le politicard fait part à la junte que la phase transitoire doit, en collégialité, être organisée par les militaires et le M5-RFP. En associant bien sûr toutes les forces vives de façon inclusive. En colère, Issa Kaou Djim a, d’ores et déjà, prévenu les militaires : « Qu’il soit civil ou militaire, que toutes les personnes qui ont mis ce pays à plat par la corruption soient arrêtées. Le CNSP et le M5 doivent organiser une transition transparente et inclusive. Ce que les militaires veulent faire en solitaire ne marche pas. Ils ne vont pas confisquer la démocratie. On est d’accord pour le dialogue, mais s’ils n’écoutent pas ce qui est dit, nous allons attendre le mot d’ordre de l’imam pour protester contre eux ». Et d’être on ne peut plus clair : « Ils ont dit qu’ils ont parachevé notre lutte. Tu ne peux pas parachever un acte et aller à Kati avec des vautours. Il faut que les militaires reviennent à la raison ». Ces interventions ont été donc sources de pression endogène, contraignant le CNSP à revoir sa position.

Aujourd’hui, il y a, certes, des Maliens qui demandent une transition dirigée par un militaire. Or, la CEDEAO a clairement affiché sa volonté de voir un civil diriger cette transition. Sous ces pressions internes et externes, la junte est obligée d’écouter toutes les forces vives de la Nation et de chercher à trouver une personne de consensus pour ne pas que le peuple vive des conséquences graves des sanctions. Inutile de se leurrer, le Mali ne peut pas faire face aux sanctions. Les militaires doivent donc éviter toute erreur qui sera fatale non seulement pour eux, mais aussi pour tout le Mali. En clair, aucune erreur n’est encore permise du côté de la junte si elle veut sortir en héros de cette histoire.

Mamadou Diarra 

Source: Journal le Pays-Mali

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