En ces temps de vache maigre où les gens ont du mal à joindre les deux bouts, ils sont confrontés à un problème des plus cruciaux : les produits pharmaceutiques sont désespérément dispendieux. Appelée pour prendre le relais, la médecine traditionnelle manque de structures nécessaires lui permettant de servir de roue de secours.
« J’ai une ordonnance, mais je ne suis pas à mesure d’acheter les médicaments qui y figurent. » Il n’est pas rare d’entendre ces mots dans les conversations des Maliens. Pourtant, quand survint la dévaluation, il a été jugé nécessaire de prendre toute une foule de mesures pour amoindrir le mal. Ce mal que constitue l’exorbitante cherté des médicaments.
C’est ainsi que les prix des médicaments essentiels ont été maintenus à leur niveau d’avant-dévaluation, les taxes sur les médicaments dits de spécialité ont été abaissées de 22% à 6%, les grossistes ont accepté de ramener leur marge bénéficiaire de 17% à 31%, les officines privées ont consenti de se contenter de 20% comme marge bénéficiaire. Qui plus est, il faut noter un appui de plus d’un milliard du Canada et les projets d’appel d’offre du Fed et de la Banque mondiale. Comme cela se voit, beaucoup a été fait.
Mais, en dépit de ce long chapelet de mesures et d’une volonté politique bien affichée, les résultats sur le terrain ne sont pas probants puisque les gens continuer de se plaindre, les médicaments sont hors de prix.
A la PPM (pharmacie populaire du Mali), on confirme des ruptures momentanées de stock. Ruptures dues, dit-on, à la fermeté de plus en plus accrue des fournisseurs et surtout des « procédures d’importations fastidieuses ». A cela, il faut ajouter les trop nombreuses étapes et particulièrement celle de la SGS (Société générale de surveillance) que l’importateur est obligé de franchir avant de pouvoir mettre ses produits sur le marché.
Du côté des officines privées, on constate une baisse dangereuse des taux de vente. Mais, en l’absence de registres bien tenus, il est difficile de se faire une idée de l’ampleur de la crise. Partout, on réclame la diversification des usines de production des médicaments dans notre pays.
Conséquence de toutes ces difficultés, du côté de la médecine moderne, les gens se tournent de plus en plus vers la médecine traditionnelle. Cette dernière est jugée moins onéreuse, mais elle souffre d’une suspicion « non fondée » : être moins scientifique. Parent pauvre de la médecine, est-elle à mesure de faire face à l’accroissement de la demande ?
Renaissance de la pharmacopée
Le centre de la médecine traditionnelle est confrontée à de nombreuses difficultés comme la vétusté des locaux le manque de soutien aux activités de recherches, la non-diversification de ses activités et le manque criard d’équipements.
En revanche, le centre vit aujourd’hui dans le mirage des dispositions alléchantes. En effet, les modalités de fonctionnement et des projets concernants le secteur ont été définis.
Parmi ces projets, il convient de citer entre autres l’exploitation des résultats de la recherche par le secteur privé, l’installation d’unités de production à base de nos plantes médicinales, la mise sur pieds d’herboristeries qui feront la commercialisation des plantes de chez nous et d’ailleurs, la rénovation des marchés existants de plantes médicinales, l’ouverture de cabinets privés de consultation.
Ces projets, pour ne pas devenir des vœux pieux, ont besoin de l’appui du gouvernement en accordant des facilités administratives aux personnes désireuses d’y participer en s’installant à leurs propres comptes. Ceci est d’autant plus important que de nombreux jeunes diplômés de l’IPR et des écoles de santé y trouveront des emplois sûrs.
Mais, pour cela, il faut l’application d’une réelle politique en faveur de la médecine traditionnelle. Ce qui entraînera la fin du pilotage à vue qui a constitué une véritable règle de conduite pendant longtemps.
Empêtrée dans des difficultés exacerbées par la crise mondiale, la pharmacie trouve son salut dans la promotion des médicaments essentiels. Cette promotion est d’autant plus incontournable de nos jours, que sa réussite dépend des changements dans les habitudes sanitaires des populations, des médecins et des pharmaciens.
Pressentie pour épauler sa sœur jumelle dans le traitement des maladies, la pharmacopée ne semble pas à mesure d’offrir aux populations la garantie nécessaire. A cause du fait d’avoir été longtemps laissée pour compte.
Il reste à espérer que ces deux mamelles de la Santé trouveront le jus nécessaire pour mener à bien leur mission.
Boubacar Traoré
(collaborateur 26 Mars)
SOURCE: Le 26 Mars