Rien n’est plus malheureux que de vivre sans eau. Surtout, quand on vit dans les environs d’un palais présidentiel. Pourtant, tel est le quotidien des populations de Koulouba et de Ségoubougouni, deux quartiers perchés sur les collines de Koulouba à quelques encablures de la présidence de la République. Les voisins immédiats du Chef de l’Etat ont soif.
En dehors des camps situés aux alentours du Palais de Koulouba, la plupart des bouches de robinet sont hors d’usage et quand elles sont fonctionnelles, aucune goutte d’eau n’en sort. Du moins, dans la journée. Ainsi, des dizaines de familles civiles et même militaires prennent d’assaut les camps pour se ravitailler en eau.
Dans les camps, chassés par les occupants des lieux, ils rebroussent chemin, bredouilles. Déterminés, ils repartent à l’assaut une fois la nuit tombée, ils attendent entre 23 heures et 4 heures du matin pour pouvoir se ravitailler. C’est le cycle perpétuel de la galère comme en témoigne cette habitante à proximité du camp. «Chaque jour, je me lève à 3 heures du matin pour remplir mes bidons. Car, à partir de 5 heures, il n’y a plus d’eau. Les gens du camp refusent de nous servir », déclare-t-elle.
Pendant ce temps, les conducteurs de tricycle, marchands d’eau, se ravitaillent à volonté au ‘’Camp Courani’’ sur la route du Point « G ».
Se confiant à nous, un chauffeur dit : « je vends le chargement de 15 bidons entre 1 500 FCFA à 2 625 FCFA selon la distance. Je me lève à 6 heures et je descends parfois à 20 heures. Je peux faire jusqu’à 12 tours par jour ».
Notre conducteur dit pouvoir ainsi gagner entre 18 000 FCFA à 31 500 FCFA par jour.
«Je ne peux pas vous dire ce que je donne au propriétaire du robinet », avoue-t-il.
Qui est donc ce mystérieux propriétaire, en dehors de l’Etat ?
C’est ainsi que ces conducteurs de’’ catacatani’’, en connivence avec certains habitants du camp de Koulouba, où règnent en maître les éléments de la Garde Nationale, se créent un véritable business.
Au grand dam des personnes à la recherche d’un seau d’eau pour boire et faire la cuisine.
L. DEMBELE
Source: Canard dechainé