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« Panama papers » : Gérard Achcar, une fortune au Mali et une banque en Suisse

Au Mali, Gérard Achcar a développé un petit empire familial. Achcar Mali Industries (AMI), hérité de son père, s’est imposé dans le secteur de l’agroalimentaire avec, notamment, les Grands Moulins du Mali et une usine de pâtes alimentaires. Toutefois, s’il fait fortune au Mali, M. Achcar préfère les services de financiers de HSBC Private Bank, à Genève, et ceux du cabinet Mossack Fonseca, au Panama. Selon les « Panama papers », il est en effet actionnaire et bénéficiaire principal de la société Grieta Consulting SA créée le 19 février 2014.

Cyril Achcar président Organisation patronale industriels opi agro industrie alimentaire

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Selon les centaines de courriels et documents confidentiels consultés par Le Monde, le magnat libano-malien jouit d’un pouvoir d’agir « sans limitation » sur cette société administrée par des employés de Mossack Fonseca. Un véhicule financier étroitement lié au groupe AMI, selon un contrat d’assistance technique et financière qui stipule que Grieta Consulting SA« s’engage à apporter son assistance au bénéficiaire (Groupe AMI) conformément à son objet social : à savoir lui assurer la bonne gestion des achats de matières premières et emballages sur le marché mondial, en particulier le blé ».

Directeur général du groupe AMI, le fils de Gérard Achcar, Cyril, mais aussi ses frères Emile et Pascal, sont régulièrement mentionnés dans les documents consultés par Le Monde. Contacté, le conseiller spécial du directeur général du groupe AMI, Sidi Dagnoko, souligne « l’inopérationnalité » de Gérard Achcar depuis huit ans et conteste même l’existence de Grieta Consulting SA. « Après, si évasion fiscale il y a, c’est aux services de contrôle de le prouver », soupire-t-il d’un ton calme.

Des tarifs préférentiels sur l’achat de blé

Dans les « Panama papers », Grieta Consulting SA et AMI s’entremêlent. Parmi les services assurés par Grieta Consulting SA, on découvre la mise à disposition de bureaux au Luxembourg et à Genève, mais aussi la garantie d’obtenir de la part des fournisseurs et des banques européennes un « financement des crédits documentaires » et des tarifs préférentiels sur l’achat de blé.

Grieta Consulting SA figure par ailleurs comme représentant des services financiers et techniques des Grands Moulins du Mali, selon un contrat de 2007. Des services qui ont un prix : plus de 200 000 dollars par mois (179 639 euros) selon les années, réglés par Grands Moulins du Mali et Eaux minérales du Mali. M. Achcar se facture donc lui-même.

Le Groupe AMI de M. Achcar a signé son premier contrat avec Grieta en 2004, pour acheter du blé. La société panaméenne envoie alors une facture de 82 000 dollars au banquier privé de Grieta à Monaco. C’est le coup d’envoi d’une relation riche en mouvements financiers.

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En 2014, Grieta recevait de la banque privée monégasque, CFM Monaco, près de 3,3 millions de dollars par an. L’année suivante, la firme panaméenne a facturé près de 2 millions de dollars en frais de commissions des Grands Moulins du Mali et des Eaux minérales du Mali. A cela s’ajoutent les honoraires de 200 000 dollars par mois. En 2015, suite à un changement de réglementation au Panama concernant la dissimulation des identités des actionnaires, la banque privée monégasque demande à Mossack Fonseca d’anonymiser son client dans leurs échanges. « Veuilleznoter ne pas mettre le nom du client dans votre e-mail mais uniquement sous la forme suivante : G*** ACH*** (pour des raisons de confidentialité que vous allez comprendre) », peut-on lire dans un courriel.

Si le groupe de Gérard Achcar conteste l’existence même de Grieta Consulting SA, les documents consultés par Le Monde montrent que tout a été fait pour la dissimuler dans des circuits financiers offshore.

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En février 2015, le nom de Gérard Achcar avait été cité dans les documents SwissLeaks, révélés par Le Monde, alors que l’homme d’affaires libano-malien avait déjà été épinglé pour des faits remontant en 2005. Avait alors été mis en cause, notamment, un effacement d’une dette fiscale par le ministre du budget de l’époque, Jean-François Copé. L’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine avait alors joué le rôle d’intermédiaire.

Source : lemonde

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