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Oumou Sangaré : « Au Mali, la démocratie ne nous a menés nulle part »

L’actu vue par… Chaque samedi Jeune Afrique invite une personnalité à décrypter un sujet d’actualité. Oumou Sangaré, diva du Wassoulou, continue d’œuvrer malgré sa carrière internationale. Elle revient sur l’instabilité qui mine son pays et fragilise les populations.

Quand le Mali devient le théâtre du coup d’État contre Ibrahim Boubacar Keïta, en août 2020, Oumou Sangaré est à des milliers de kilomètres de sa terre natale. Alors en déplacement aux États-Unis, la star trouve refuge à Baltimore et y reste sept mois en raison du confinement imposé par la pandémie de Covid-19. Une parenthèse plus ou moins forcée qui lui permettra de prendre de la hauteur face aux crises que traverse son pays, qu’elle n’a jamais quitté malgré une reconnaissance internationale.

LA PLUS GRANDE CRISE EST IDENTITAIRE, NOUS NOUS ÉLOIGNONS DE NOS TRADITIONS, DE NOTRE CULTURE, DE NOTRE GRANDEUR

L’ambassadrice de bonne volonté de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, qui a elle-même connu la misère et la faim, s’inquiète surtout du sort des populations les plus fragilisées. Et, alors que la rupture entre Paris et Bamako est désormais consommée, n’hésite pas à pointer les responsabilités, tant du côté malien que du côté français.

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Oumou Sangaré, artiste et femme d’affaires, le répètera plusieurs fois au cour de notre entretien, elle n’aime pas s’aventurer sur le terrain politique. Pourtant, lorsqu’elle aborde ces questions, c’est avec un avis tranché, sans concession. La démocratie, elle n’y croit plus. Si elle ne cache pas sa crainte de voir sa patrie disparaître sous le joug des jihadistes, c’est dans la société civile qu’elle fonde le plus d’espoir.

Jeune Afrique : Quel est votre regard sur la crise sécuritaire et politique que traverse le Mali actuellement ?

Oumou Sangaré : Je suis inquiète. Pour moi, la plus grande crise est identitaire. Nous nous éloignons de nos traditions, de notre culture, de notre grandeur. Nous sommes influencés par des puissances et des cultures étrangères, qui nous ont été imposées. Conséquence, on s’éloigne de nous-mêmes. Nous ne savons plus qui nous sommes.

Les sanctions imposées par la Cedeao après les deux coups d’État menés par Assimi Goïta vous semblent-elles justifiées ?

Justifiées ou pas, je les condamne. L’embargo économique fragilise les plus démunis. Le peuple malien ne mérite pas cela. Ce n’est pas juste. La Cedeao doit agir quand un pays a besoin d’être accompagné, pas pour l’étouffer davantage. Cette organisation est là pour protéger les chefs d’État, mais certainement pas le peuple, alors que c’est le peuple qu’il faut écouter. C’est un système désolant.

La prise du pouvoir par les militaires annonce-t-elle un recul démocratique ?

Cela fait plus de vingt ans que l’on est en démocratie, cela ne marche pas. Le système politique que nous avons expérimenté ne nous a menés nulle part. C’est au peuple de prendre réellement son destin en main, de se réveiller, comme il le fait actuellement en disant non à ces dirigeants corrompus. On a assez vu ces dirigeants. On a vu leurs limites. Je n’aime pas aller sur le terrain politique, car tout y est faux. Rester sous ce régime, c’était se condamner.

En tant qu’artiste, vous êtes amenée à vous produire en France. La dégradation des relations entre les deux nations vous affectent-elles ?

On arrive à des situations absurdes. Pour arriver à Paris et rencontrer la presse, j’ai dû passer par Istanbul. Voilà les conséquences de cette guerre inutile, qui prive la population de ses droits fondamentaux, comme ceux de la libre circulation.

Source : Jeune Afrique

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