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Ottawa confirme l’envoi de Casques bleus pour une mission d’un an au Mali

Le Canada va bel et bien déployer une Force opérationnelle aérienne dans le cadre de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), ont confirmé lundi les ministres des Affaires étrangères et de la Défense, Chrystia Freeland et Harjit Sajjan. Cette mission d’une durée d’un an devrait commencer en août, selon l’ONU.

Les deux ministres ont toutefois été avares de commentaires lors de leur annonce officielle, faite depuis le foyer de la Chambre des communes. En raison de discussions toujours en cours à l’ONU, ils n’ont pu dire combien de soldats participeront à la mission ni à quel moment ils seront déployés.

M. Sajjan s’est contenté de souligner que les Forces armées canadiennes enverront au Mali deux hélicoptères Chinook, pour des opérations de transport et de logistique, et quatre hélicoptères Griffon, qui leur offriront une protection armée. Des équipes médicales seront aussi envoyées au Mali.

Le chef d’état-major des Forces armées canadiennes, le général Jonathan Vance, a ensuite pris la parole et a toutefois indiqué que le nombre d’hélicoptères qui seront déployés doit encore être déterminé.

C’est destiné à soutenir la mission, dans le transport de [personnes et] d’équipements, ainsi que […] l’évacuation médicale aérienne de victimes et de blessés.

Jonathan Vance, chef d’état-major des Forces armées canadiennes

La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a assuré pour sa part que le contingent canadien sera composé d’une part importante de femmes, comme le prévoit l’initiative Elsie. Ce projet-pilote vise à accroître la participation de femmes déployées lors de missions de maintien de la paix.

Selon nos informations, le Canada devrait envoyer ses Casques bleus au Mali avant l’automne. Ils remplaceront vraisemblablement un contingent allemand qui effectue des missions de transport et d’évacuation sanitaire au Mali.

Une mission dangereuse

La mission de la MINUSMA, lancée au printemps 2013, est actuellement la plus dangereuse du monde. Selon les plus récents chiffres de l’ONU, 162 militaires et experts y ont perdu la vie, notamment dans des attaques menées par des groupes djihadistes contre des convois de ravitaillement.

« Nous sommes très conscients de la complexité et des difficultés de la mission au Mali », a commenté la ministre Freeland à ce sujet. « En fait, la complexité et les difficultés de la situation expliquent pourquoi il faut une force de maintien de la paix. »

« Nous avons été très réfléchis, très prudents dans notre décision d’entreprendre cette mission […] et nous avons l’intention de prendre le temps d’être réfléchis et prudents dans la planification concrète de ce déploiement », a-t-elle ajouté. Cette planification doit s’effectuer en collaboration avec l’ONU, ses partenaires et le gouvernement malien.

Le ministre Sajjan a pour sa part assuré que les soldats canadiens déployés au Mali seront en mesure de se protéger.

Peu importe où nous envoyons nos troupes, nous allons nous assurer qu’elles ont l’équipement et l’entraînement appropriés et, [ce qui est encore] plus important […], qu’elles ont des règles d’engagement adéquates et [la capacité de] se protéger.

Harjit Sajjan, ministre de la Défense nationale

La ministre Freeland dit être convaincue que les Casques bleus canadiens feront une « différence concrète sur le terrain ». Le Canada « a des capacités que d’autres pays n’ont pas, et c’est pour cette raison que nous pouvons avoir un impact significatif », a-t-elle fait valoir.

Selon Gaston Côté, brigadier général à la retraite, l’envoi d’hélicoptères canadiens correspond parfaitement aux besoins logistiques de l’actuelle mission au Mali. « On se rappellera qu’on a eu le même problème en Afghanistan; nos convois de ravitaillement et de liaisons, et les patrouilles les plus anodines, finissaient par subir des pertes, surtout en raison des explosifs improvisés, ce qui rendait tout mouvement extrêmement dangereux », a-t-il dit, en entrevue à Midi info.

Selon lui, les hélicoptères faciliteront le déploiement sécuritaire des troupes, qui se déplacent généralement en petits véhicules utilitaires sport (VUS) non blindés. Il admet toutefois que les hélicoptères sont vulnérables face aux tirs de mitrailleuses. « C’est notamment ce qui a fait le plus de dommages aux Américains en Afghanistan », a-t-il expliqué.

L’ONU « reconnaissante » de la contribution canadienne

L’ONU est « reconnaissante » de cette contribution canadienne à la MINUSMA, a commenté Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies. Elle « jouera un rôle précieux dans nos efforts soutenus pour amener la paix et la stabilité au Mali et au Sahel ».

Selon M. Dujarric, la Force opérationnelle aérienne du Canada « devrait être sur le terrain en août », a-t-il précisé, donnant du coup une précision que les ministres canadiens n’avaient pas dévoilée en matinée. Certains détails font toujours l’objet de négociations, a-t-il ajouté.

Comme vous le savez, le Canada a une longue et riche histoire de participation à des missions de maintien de la paix de l’ONU, et nous sommes très heureux [du fait] qu’ils seront représentés au Mali avec un tel déploiement-clé.

Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU

La MINUSMA est une mission dangereuse, voire « la plus mortelle des dernières années », a-t-il reconnu. « Malheureusement, sur une base mensuelle, nous avons vu des Casques bleus être attaqués, ciblés ou tués par des engins explosifs improvisés. »

Près de 15 000 personnes sont actuellement déployées au sein de la MINUSMA, dont la mission consiste notamment à assurer la sécurité des civils et à favoriser un retour à la stabilité politique du pays, menacée par des groupes djihadistes. Cela inclut 11 230 militaires et 1745 policiers.

Il faut distinguer la MINUSMA de l’opération Barkhane, menée par la France avec les pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad). Cette dernière vise à lutter contre les groupes armés djihadistes dans toute la région du Sahel, tandis que la mission de l’ONU a pour objectif d’appuyer le processus démocratique en cours au Mali.

L’opposition demande un vote au Parlement

Le Parti conservateur n’a pas tardé à critiquer l’annonce du gouvernement. « Le Mali est une zone de guerre. Il n’y a pas de paix à protéger », a tranché le député Pierre Paul-Hus, appelé à commenter la nouvelle avec deux autres collègues conservateurs.

« Quelles seront les règles d’engagements? Qui dirige cette mission? Nous voulons un débat à la Chambre des communes pour faire la lumière », a-t-il ajouté sur Twitter.

Selon M. Paul-Hus, l’envoi de troupes canadiennes au Mali ne sert pas l’intérêt national du pays, mais bien celui de Justin Trudeau. Le premier ministre, a-t-il plaidé, utilise les soldats canadiens comme monnaie d’échange pour obtenir un siège au Conseil de sécurité de l’ONU.

Son collègue James Bezan a dit regretter que le déploiement des Casques bleus canadiens soit subordonné à la volonté de l’organisation internationale. « Est-ce qu’un fonctionnaire de l’ONU à New York va dire à nos troupes quoi faire? », a-t-il demandé.

Un retour au sein des missions de maintien de la paix

Ce déploiement constitue la première grande mesure du gouvernement libéral dans sa promesse de ramener les militaires canadiens dans les missions de maintien de la paix de l’ONU.

Le gouvernement libéral avait promis à l’été 2017 de mettre à la disposition de l’ONU jusqu’à 600 soldats et 150 policiers pour de telles missions. L’automne dernier, au Sommet de Vancouver, M. Trudeau avait plutôt offert 200 militaires et des aéronefs à l’ONU en appui aux opérations de maintien de la paix. On ne savait pas où allaient se dérouler ces opérations au moment de l’annonce, qui en avait d’ailleurs laissé plusieurs sur leur appétit. Depuis la mise en place de la mission au Mali en 2013, l’ONU a demandé l’aide du Canada à maintes reprises.

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