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ORGANISATION POLEMIQUES DES LEGISLATIVES 2020: Arguments des opposants et contre arguments des autorités

Si les deux prorogations du mandat des députés (pour le 30 juin 2019, puis le 2 mai 2020) a fait couler beaucoup d’encre et de salive, la programmation des législatives pour le 29 mars (premier tour) et le 19 avril (second tour là où c’est nécessaire), fait paradoxalement du gouvernement la cible de tirs groupés des partis d’opposition et de certains experts comme M. Ousmane Sy, le «Monsieur Décentralisation» et ancien ministre (notamment de l’Administration territoriale et de la Décentralisation). Le pays doit-il alors continuer à reporter le scrutin pour des raisons d’insécurité et se conformer ainsi à un agenda imposé par les terroristes ?

 

«Dans un Mali en guerre, l’Etat veut organiser une élection pour se conformer à la démocratie. Mais que vaut une démocratie sans liberté d’aller et venir (au champ, au pâturage, au marché, etc.), simplement de vivre chez soi en sécurité avec les siens et ses biens. Pensons-y» ! L’alerte est du «Monsieur Décentralisation» et ancien ministre (notamment de l’Administration territoriale et de la Décentralisation), M. Ousmane Sy, sur Twitter.

Pour cet expert réputé dans la maîtrise du processus de décentralisation et figure respectée du mouvement démocratique malien avec son épouse (Mme Sy Kadiatou Sow, présidente de l’Adema-Association)  «le vote par le suffrage universel n’est qu’une des modalités de la représentation démocratique. Si les conditions ne sont pas réunies pour qu’il se tienne sur une bonne partie du pays; ayons l’intelligence de nous mettre d’accord sur une autre moins dangereuse pour notre peuple».

Et de rappeler que «la majorité des Maliens est convaincue que les législatives à venir ne permettront pas d’avoir une assemblée représentative de toute la nation. Pourquoi la majorité des Maliens ne parvient-elle pas à se mettre d’accord pour trouver une alternative à cette mascarade évitable ?» !

Quant au président du Congrès National d’Initiative Démocratique-Faso Yiriwa Ton (CNID-FYT, opposition), il n’est pas passé par quatre chemins pour manifester son opposition à la tenue du scrutin. En effet, Me Mountaga Tall, a annoncé vendredi dernier (21 février 2020) avoir déposé à la Cour constitutionnelle un recours en annulation des législatives dont le premier tour est prévu pour le 29 mars 2020.

«Comme annoncé, j’ai déposé ce vendredi 21 février après-midi, à la Cour constitutionnelle du Mali un recours pour l’annulation des législatives prévues le 29 mars», a précisé l’opposant. Une démarche qui a visiblement surpris de nombreux observateurs. «C’est une démarche légale et objective, mais elle a très peu de chance d’aboutir», a indiqué un analyste politique indépendant. Un avis partagé par de nombreux observateurs. N’empêche que Me Tall se dit «serein et confiant».

En effet, le président du Cnid a souligné que la requête de son parti est recevable car «la jurisprudence du contentieux du décret de convocation du collège électoral pour l’élection des députés à l’Assemblée nationale fait partie intégrante de l’élection elle-même, qui relève de la compétence du juge institutionnel».

Figure emblématique du Mouvement démocratique au Mali, Me Mountaga Tall a récemment estimé face à la presse que l’évaluation de la situation politique et sécuritaire du pays révèle la persistance de difficultés et contraintes qui ne permettent pas la tenue d’élections législatives régulières et transparentes.

Pour le président du parti du «Soleil levant» (CNID-FYT), depuis mai 2019, la situation sécuritaire s’est singulièrement dégradée comme le témoigne le rapport de Human Right Watch qui a fait état de plus de 456 morts et des centaines de blessés parmi les civils.

«Déjà, plus de 100 communes n’ont pu participer à la phase communale du Dialogue national inclusif pour raison d’insécurité… De nombreux administrateurs, magistrats, agents de santé ou maîtres d’école ont d’ailleurs déserté leur poste pour se mettre à l’abri», a dénoncé Me Tall qui n’est pas le seul leader politique à réclamer le report des législatives de mars et avril 2020.

Le Mali à la croisée des chemins avec des choix  difficiles

Ils sont en effet nombreux à s’insurger ouvertement contre la tenue des élections législatives pour des raisons d’insécurité sur les 2/3 du territoire national. «Personne au Mali ne pourrait contester la véracité de ce constat tant les attaques sont quasi quotidiennes et les morts se comptent par dizaines… Mais, les opposants à la tenue des législatives doivent comprendre que le Mali est à la croisée des chemins, donc chaque acte posé pourrait lui nuire comme il pourra le changer qualitativement. Ne pas aller aux élections législatives pour les raisons évidentes d’insécurité, c’est céder à la pression des terroristes et c’est aussi préparer le lit aux futures contestations sur l’avenir des députés qui s’y trouvent déjà», a analysé Youssouf Sissoko, un chroniqueur politique.

A noter que la prorogation du mandat des députés a fait couler beaucoup d’encre et de salive en juin dernier. Les élections législatives devaient initialement avoir lieu en novembre-décembre 2018. Le mandat des députés a été prorogé dans un premier temps jusqu’au 30 juin 2019 et, dans un second temps au 2 mai 2020 pour des raisons sécuritaires.

Le gouvernement est naturellement opposé à tout report. «Malgré les appels au report de l’élection des députés, presque tous les partis politiques de l’opposition ont aligné des candidats pour lesdites consultations : SADI à Kolondiéba, CNID-FYT à Ségou, MPR à Koutiala, URD à Niafunké, MODEC à Dioïla, APR en Commune 5, CNAS-Faso Here à Kati, FAD à Macina», a ironisé  le ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement, M. Yaya Sangaré, sur son compte Twitter.

C’est le 22 janvier 2020 que le collège électoral a été convoqué en vue des législatives. Et le 13 février était la date de la clôture du dépôt des candidatures. Le premier tour aura lieu le 29 mars prochain et le second tour, pour les circonscriptions concernées,  aura lieu le 19 avril.

«Ces décisions sont conformes aux résolutions du Dialogue National Inclusif, qui avait recommandé la mise en place de l’Assemblée nationale, au plus tard, le 2 mai 2020», a assuré le ministre malien de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, M. Boubacar Alpha Ba, lors d’une conférence de presse vendredi dernier.

Le budget des législatives s’élève officiellement à 16 milliards de F Cfa. Ce n’est pas cher payer sur le scrutin est bien organisé dans la transparence pour donner au futur parlement l’indispensable légitimité et crédibilité !

Moussa Bolly

Source: Le Combat

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