Le gouvernement commence enfin à prendre ses responsabilités vis-à-vis des opérateurs de téléphonie mobile. En effet, le 26 février dernier, le Conseil des ministres a adopté un projet de décret fixant les modalités d’identification des abonnés aux services de télécommunications ouverts au public. En d’autres termes, «le décret impose aux opérateurs de réseaux de télécommunications ouverts au public et aux fournisseurs d’accès internet de procéder à l’identification de leurs abonnés au moment de la souscription de ceux-ci à leurs différents services ; leur impose de traiter les informations recueillies sur la localisation des abonnés à leurs réseaux respectifs, conformément à la réglementation en vigueur concernant la protection des données à caractères personnels».
On peut dire que ce n’est pas trop tôt au regard de la course effrénée à laquelle se livre Orange-Mali et Malitel pour avoir le maximum de clients. Les puces se vendent comme des cacahuètes. A chaque opération de promotion, on en achète à 750 Fcfa ou 1750 Fcfa, en fonction du crédit disponible. C’est ainsi que certains citoyens en comptent aujourd’hui des dizaines. Où a-t-on vu un tel désordre, si ce n’est au Mali ? La responsabilité n’incombe d’ailleurs pas aux opérateurs, mais à l’Etat qui n’a pas su prendre ses responsabilités.
En effet, on se souvient encore des débuts de la téléphonie mobile où chaque client était obligé de s’inscrire en bonne et due forme. Mais, voyant qu’ils avaient en face des autorités plus que laxistes et par boulimie financière, les opérateurs ont fini par fouler aux pieds les règles élémentaires qu’ils n’auraient au grand jamais transgressé dans leur pays d’origine, en l’occurrence la France ( Orange) et le Maroc (Malitel). Pourtant, les conséquences du désordre sont nombreuses. On veut insulter quelqu’un, on achète une puce et on la jette aussitôt après usage. On a besoin, entre bandits et terroristes de maintenir le contact en période «d’opération», n’on utilise que des puces à usage unique. On veut provoquer un divorce ou se moquer d’une épouse légale, il suffit d’utiliser une puce à usage unique. La liste des méfaits est longue. Il reste donc à espérer que Choguel Kokala Maïga aillent au-delà des effets d’annonce, pour maintenir la pression jusqu’à l’identification du dernier abonné et la suppression de tous les numéros non renseignés.
L’identification permet de constituer la traçabilité de l’utilisateur en cas de besoin. Aussi, la nouvelle mesure engage-t-elle les responsabilités des opérateurs en cas de problèmes et vis-à-vis de leurs abonnés, en cas de vol ou de perte d’un moyen d’accès aux services de télécommunications.
- HAÏDARA
Source: Le Point
