Depuis des années, le Mali est victime d’une insécurité grandissante. Le nord est miné, le centre atteint ; les attaques se sont multipliées dans la capitale ces dernières de semaines. Pour garantir la sécurité des personnes et de leurs biens, une opération d’envergure a été menée la semaine dernière par les Forces de Sécurité et de Défense dans certains quartiers chauds de Bamako et environs .Une opération qui a permis l’interpellation de 600 personnes, à la saisine de 200 motos, d’une vingtaine de véhicules, des drogues et des armes. Suite à cette opération, nous avons tenu notre micro à certains citoyens dans la capitale qui se sont non seulement prononcés sur l’insécurité mais aussi sur l’opération. Beaucoup parmi ces gens désapprouvent ladite opération.
Si cette première patrouille a été considérée comme une démonstration de force par le régime en place à travers sa volonté de mettre frein aux problèmes sécuritaires qui continuent à faire froid dans le dos au sein du peuple, ça a aussi permis de savoir l’idée de certains compatriotes maliens sur la crise sécuritaire qui mine quasiment tous les secteurs du pays. Certes cette première patrouille a été salutaire, ovationnée voire appréciée par certains, mais d’autres, interrogés, ont fait part de leurs préoccupations pour la suite de cette affaire. Chose qui est exactement le cas du jeune Boukary Togo qui s’est d’abord posé la question de savoir si les personnes arrêtées lors de cette opération anticriminalité par les éléments de la FSD vont ou pas être libérées par les mêmes autorités censées mettre fin au banditisme que vivent incessamment les Maliens. Car, poursuit-il, beaucoup de personnes sont arrêtées pour de pareilles circonstances au Mali puis libérées sans qu’il y ait de jugement pour punir les coupables incriminés. Acte qui, selon lui, encourage plutôt les autres à s’adonner à des pratiques criminelles par le fait qu’ils savent qu’ils vont tôt ou tard être libérés par la complicité des mêmes autorités. Expliquant les causes liées à ce problème de l’insécurité, le jeune Togo expose aussi que « si toutes les personnes arrêtées ou interpellées pour des faits criminels ou autres subissaient leur peine conformément à la loi, le phénomène de l’insécurité allait forcement diminuer. Puisque les gens allaient avoir peur de commettre des crimes ou même violer la loi du pays », énonce-t-il avant d’ajouter « je me demande si cet acte initié par le ministre chargé de la sécurité et de la protection civile n’est pas un tapage médiatique dans le but de calmer les Maliens en tentant de leur montrer que l’État peut toujours faire face à la lutte contre ces problèmes sécuritaires ». « Tu peux tout de suite voir les policiers arrêter quelqu’un pour la détention d’arme ou autre chose, quelques jours plus tard, tu verras la même personne vaguer à ses missions comme si elle n’a rien fait de mal. Comment peut-on lutter contre l’insécurité à ce rythme ? », a-t-il conclu.
Pour Sali Diarra, le renforcement du dispositif qui a été fait par le ministre est capital, mais il faut que les autorités renforcent davantage ce même dispositif pour l’amener au-delà du nombre d’éléments que le ministre a annoncé. Elle termine par se demander si les autorités peuvent éventuellement continuer à maintenir ce rythme pour la sécurisation et la poursuite des criminels cachés au sein de la société malienne.
Pour Ibrahim Diakité, l’heure est vraiment très grave au Mali et plus qu’on en pense. Il estime qu’en plus de l’alimentation et les frais de condiment quotidien pour la famille, le problème sécuritaire demeure une préoccupation centrale des Maliens aujourd’hui. À tel point que si le crépuscule passe sans que le chef de famille ne se présente dans la famille, les membres vont tout de suite commencer à s’inquiéter puisqu’il n’y a aucune sécurité dans la ville de Bamako. À en croire M. Diakité, « depuis l’indépendance du Mali à nos jours, les Maliens n’ont jamais vécu de souffrances ou de problèmes pires que ce qu’ils subissent présentement ». Ce qui est plus regrettable selon lui, c’est de voir que rien ne se règle en cet instant précis au Mali sans l’argent qui demeure maitre de tous les problèmes confondus. « Tellement que le Mali est devenu méconnaissable, on a même honte de se présenter comme un malien », énonce-t-il avant de dire: « Depuis que ce président( IBK) est arrivé à la tête du pays jusqu’à nos jours, c’est nous-mêmes qui savons comment nous vivons. Ce président nous a fait subir beaucoup de souffrances. À commencer par le temps du président Alpha Oumar Konaré, passant par Amadou Toumani Touré, nous n’avons jamais vécu dans de telles souffrances que ce régime nous fait trinquer. Comme si nous vivons sous un régime militaire, nous ne bénéficions plus les privilèges de la démocratie au Mali ».
Suivant ses propos, la gestion actuelle du pays fait qu’il n’y a aucune justice dans le pays, le peuple ne peut plus dire sa pensée de façon libre et démocratique, le peuple reste toujours privé de sa liberté d’aller et de venir, aucune vérité dans les familles ni dans les sociétés et les grins, personne ne peut tenir des propos allant à l’encontre de ceux du gouvernement… Bref, nous en avons marre et avons assez de dégout de la gestion actuelle du pays, dit-il. S’exprimant sur le volet sécuritaire, il dénonce aussi le comportement de la police en ces termes : «Actuellement, on peut dire que c’est la police qui encourage le vol ainsi que les autres problèmes. Car, quand tu dénonces un malfrat à la police, même s’ils l’arrêtent, les policiers font en sorte que sa situation puisse s’arranger en lui soutirant de l’argent pour éviter qu’il soit à la justice. La police ne fait pas correctement son travail, j’aurais même préféré qu’ils arrêtent de confier la gestion du dossier des malfrats à la police. Certes il y a certains qui sont bons, mais nombreux sont parmi eux qui ne cherchent que leur intérêt au détriment de la loi et de l’intérêt général ».
Selon Diakité, actuellement au Mali, ce sont ceux qui ont de l’argent qui n’ont aucunement de problèmes avec la police, que ça soit le cas du vol ou de l’accident, voire des crimes. Si l’auteur de l’infraction a de l’argent, il y a certains de ces policiers qui dressent le PV en faveur du riche. Chose qui fait aussi que beaucoup de ces cas graves restent impunis au vu et au su de tout le monde. Pour lui, ce sont des comportements pareils qui font d’ailleurs que le peuple ne fait plus confiance aux autorités.
Interrogé comme les autres, Djigui Diallo accuse tout le monde au sujet de la recrudescence de l’insécurité au Mali. Ce, pour la simple raison que le peuple refuse toujours de dénoncer les malfaiteurs de la société et juge utile de leur couvrir tout en sachant que ce sont des gens qui font du mal à la société. Pour lui, la solution à ce problème est d’aider les autorités en dénonçant les malfaiteurs. Il termine par faire comprendre que cela s’explique par le fait que nombreux sont des citoyens qui ont peur de ne pas être victimes d’agression après la libération des dénoncés. « Là où nous sommes actuellement, il faut qu’on se donne la main pour la résolution définitive de ce problème », propose-t-il.
Massa Sangaré estime que le problème que traverse le pays n’est le souhait de personne. Selon lui, les autorités ne sont pas les seules responsables de la situation, puisque, dit-il, tout a d’abord commencé par les familles avant d’atteindre la société et la nation entière. Comme solution, il propose la fixation d’une peine pour toute personne arrêtée pour des faits de crime et autre infraction pour que la paix puisse régner partout dans le pays. Mais il faut aussi que tout le monde s’assume.
Assis à côté de son ami, Youssouf Konaté ne propose que l’application stricte de la peine de mort contre les auteurs de crimes pour éviter que le phénomène de la criminalité ne se déborde plus. Selon lui, pour qu’il n’y ait pas de violences entre les familles, il faut que les autorités s’assument en acceptant l’application de cette peine de mort, car ajoute-t-il, « personne ne peut accepter de voir la personne qui a tué ses parents ou connaissances circuler librement pour faute de justice. Donc pour éviter des vengeances entre les familles dans les jours à venir et éviter que d’autres personnes ne puissent pas se permettre de commettre des crimes, il faut l’application de la peine qu’est déjà prévue par le Code pénal du Mali ».
Pour sa part, Mohamed El Maouloud ne tarde aucunement à réclamer l’application de cette peine de mort comme solution définitive aux défis sécuritaires que traverse le pays. Pour lui, personne ne détient la solution à ce problème si ce n’est les autorités. Parce que, selon lui, sachant pertinemment qu’ils ne seront pas tués, les tueurs vont ainsi continuer à tuer les gens avec l’idée qu’ils seront toujours protégés par les règles existantes en ce moment. « Sinon s’ils savent réellement qu’ils vont être tués lorsqu’ils tuent les gens, jamais ils n’oseront attenter à la vie d’autrui », dit-il. Pour finir, il précise que l’application de la peine de mort évite que d’autres personnes ne puissent pas se permettre de tuer leurs semblables.
Mamadou Diarra
Source: Le Pays