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Nouveau gouvernement AIM: les impairs et les ratés

Le nouveau gouvernement, dirigé par le Premier ministre, Abdoulaye Idrissa MAIGA, est en place depuis le mardi dernier. Forte de ses 35 membres, cette nouvelle équipe, qui est appréciée différemment par les Maliens, est également perçue avec scepticisme de part certains impairs qui la caractérise. Voici les ratées !

Maouloud Ben Kattra ministre formation professionnelle curriculum vitae wikipedia biographie

Ben KATTRA :
Militant de 1re heure du RPM
La nomination de Maouloud Ben KATTRA, ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, dans le Gouvernement Abdoulaye Idrissa MAIGA, suscite beaucoup d’interrogations. Et pour cause, l’homme est plutôt connu sous le manteau de syndicaliste. Pis, les textes de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) interdisent à ceux qui y occupent des responsabilités élevées d’occuper des fonctions politiques. Or M. KATTRA était secrétaire général adjoint de l’UNTM et la fonction ministérielle est éminemment politique.
Selon Aguibou BOUARE, un haut responsable de la centrale, sur son compte tweeter, ‘’l’UNTM n’est concernée ni de près ni de loin par cette nomination du camarade à qui nous souhaitons bon vent pour sa nouvelle carrière. L’UNTM continue de plus belle à accomplir sa mission syndicale, sans complaisance’’.
Si le nouveau ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle ne représente pas l’UNTM au sein du Gouvernement, qui représente-t-il alors ? La réponse vient de sources autorisées du Rassemblement pour le Mali (RPM), selon lesquelles le ministre KATTRA est en réalité un militant de première heure de ce Parti politique. Ce qui ne l’empêchait pas de mener ses activités syndicales puisque n’occupant pas de hautes fonctions au sein du RPM.
Voilà au moins qui met au jour la face cachée de ce ministre que la plupart des Maliens ne connaissaient que comme syndicaliste.

Les chrétiens oubliés ?
Si le Gouvernement Abdoulaye Idrissa MAIGA a été accueilli avec froideur parce que jugé en déphasage avec les préoccupations de l’heure, il y a une autre raison pour laquelle il déçoit : il ne comporte aucun chrétien. Il s’agit d’une rupture avec une tradition établie depuis le régime du Général Moussa TRAORE de faire représenter les minorités dans le Gouvernement. Pour certains internautes, cette situation est inquiétante et pourrait représenter une menace pour la paix et la cohésion sociale. ‘’Il faut rassurer les chrétiens qui sont des Maliens à part entière’’, exhorte-t-on sur la blogosphère.
Il ne s’agit pas là du premier impair du régime, puisqu’en 2016, la date des élections communales avait été fixée au jour même du pèlerinage national des chrétiens catholiques à Kita. Si cette coïncidence a été considérée par la communauté chrétienne comme un manque de considération, il n’en demeure pas moins qu’elle a accepté un report de la date du pèlerinage décidé par les évêques soucieux de désamorcer une situation fumeuse.

‘’Inflation’’ des ministres
du Nord
Le Gouvernement pléthorique de 35 membres d’Abdoulaye Idrissa MAIGA, s’illustre également par le nombre élevé de ressortissants des régions du Nord. A commencer par la tête, Abdoulaye Idrissa qui est de Gao.
Au chef du Gouvernement s’ajoutent trois inamovibles ministres appelés par certains ‘’les gardiens du Temple’’. Il s’agit de Mohamed Ag ERLAF (Idnane de Tessalit) qui quitte le ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Réforme de l’État pour celui de l’Éducation nationale ; Mohamed El Moctar (Arabe du Tilemsi de Gao), reconduit à la tête du ministère de la Réconciliation nationale ; Nina Walett INTALLOU (Kidalo-ivoirienne) qui reste à la tête du département de l’Artisanat et du tourisme.
Il y a également Mohamed Ali Ag Ibrahim, ministre du Développement industriel (reconduit) qui serait un des Touareg les plus intégrés; Maouloud Ben KATTRA (Métisse Arabe-Sonrhaï de Tombouctou) qui occupe le département de l’Emploi et de la formation professionnelle ; Alhassane Ag Mohamed Moussa (Daoussack de Ménaka), ministre de la Décentralisation et de la fiscalité locale ; Malick Alhousseyni (Sonhaï de Gao), ministre de l’Energie et de l’Eau qui a été reconduit à son poste ; Mme TRAORE Oumou TOURE, ministre de la Promotion de la Femme, de l’enfant et de la famille ; Dr Boubou CISSE, reconduit à la tête du ministère de l’Economie et des Finances.
Sauf erreur de notre part, le Gouvernement actuel compte 10 ressortissants des régions du Nord. Ce qui représente 28,57% des membres du Gouvernement.

Mohamed Ag Erlaf à l’Éducation nationale :
la petite victoire de TRETA
Le remaniement gouvernemental intervenu la semaine dernière ne finit pas de susciter des commentaires. Nombre d’observateurs continuent de s’interroger sur les motifs réels de certaines décisions au sommet de l’État. Parmi ces interrogations, la permutation de Mohamed Ag ERLAF de l’Administration territoriale au ministère de l’Éducation nationale en remplacement de Kénékouo dit Barthélemy TOGO. Oui, il y a certes des problèmes dans ce département, mais de là à croire qu’une simple révolution de palais suffit pour remettre les choses en ordre relève aussi d’une certaine utopie. En tout cas, si Ag ERLAF a une expérience ministérielle certaine, il reste très peu connu du monde de l’Éducation qui n’est pas moins complexe. Selon nos sources, cette permutation n’est soutenue par aucun pylône consistant si ce n’est des motivations politiques. En effet, rapportent les mêmes sources, pour comprendre ce motif, il convient de remonter aux dernières assises de la Majorité présidentielle au Grand hôtel en prélude de la tenue de la CEN où le président du regroupement, le Dr Bocary TRETA, était particulièrement remonté contre certains ministres du gouvernement Modibo Keita, dont Ag Erlaf. Ce dernier avait été accusé de « déloyauté », rapportent nos sources. Alors, la sanction la plus supportable contre ce membre de la Majorité était de l’évincer du département stratégique de l’Administration pour un autre ministère. D’aucuns parleront de petite victoire du président du RPM et de la Majorité présidentielle.

Les reconductions qui fâchent :
Il est toujours difficile de construire du neuf avec de l’ancien. Si des ministres ont été, semble-t-il, limogés parce qu’ils ont fauté, d’autres n’ont pas été inquiétés par leurs carences. Ils ont été gaillardement reconduits à leur poste comme pour narguer l’opinion qui est pourtant loin d’être dupe. Il s’agit des ministres du Sport qui patauge toujours dans la crise qu’il a lui-même créée au niveau du football de notre pays avec la dissolution de la FEMAFOOT, des ministres des Affaires étrangères, Abdoulaye DIOP, et des Maliens de l’extérieur, Abdrahamane SYLLA, tous deux compromis au sujet du prétendu accord de réadmission signé avec l’Union européenne en fin d’année 2016 ainsi que celle de l’occupation du consulat de Paris. Le ministre de la Justice, Garde des sceaux, Me Mamadou I. KONATE, quant à lui, il se relève difficilement après les affaires Ras Bath et de la grève illimitée des magistrats grévistes. Une affaire qui a d’ailleurs plongé le pays dans des moments d’incertitudes. La reconduction de ces ministres aujourd’hui constitue des motifs d’exaspération. Assetou Founé Samaké reste malgré la tempête de grève illimitée du SNESUP qu’elle peine à gérer.

Les ministres injustement limogés :
À la caution à l’incompétence et à l’impunité, le nouveau gouvernement sent une odeur d’injustice, d’injustice. En effet, si des ministres n’ont pas été inquiétés par leurs fautes et leur incompétence, d’autres ont été sanctionnées pour des erreurs moins graves. Cela s’appelle, le deux poids deux mesures. Parmi ceux-ci, le ministre de l’Éducation nationale, Kénékouo Barthélémy TOGO, qui en homme d’expérience et fin connaisseur de son secteur, malgré la crise, se battait comme un beau diable pour remettre notre éducation sur les pieds. Dans le lot, on retrouve également Ousmane KONE, ministre de l’Urbanisme et de l’habitat, débarqué pour faute de résultat lors des dernières élections locales à Sikasso. Au même moment, deux autres ministres de la même région, Mme N’DIAYE Ramatoulaye DIALLO de la Culture et Nango DEMBELE qui a permuté de l’Élevage et l’Agriculture, restent peinards.

Les départs qui interrogent :
Conformément à l’adage qui dit qu’on ne change pas une équipe qui gagne, le départ de certains ministres du gouvernement est sujet à interrogation. Il s’agit des ministres de l’Agriculture, Kassoum DENON ; de l’Emploi et la formation professionnelle, Mahamane BABY, et même de l’Économie numérique, Me Mountaga TALL.
Pour le premier, les Maliens n’ignorent pas sa performance lors de la dernière campagne agricole 2015-2016 : une production céréalière record de 8 849 551 tonnes sur une prévision de 8 798 408 tonnes toutes céréales confondues et une production de coton graine estimée à 645 000 tonnes sur une prévision de l’ordre de 650 000 tonnes. Ce bilan élogieux d’une année de production record a été apprécié par les membres du Comité exécutif national de l’agriculture, avec à sa tête le chef du gouvernement.
Il en est de même pour le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, Mahamane BABY, qui a tant donné au niveau de ce département pour la création d’emplois, de 2013 à aujourd’hui. Selon les statistiques de l’Observatoire national de l’emploi et de la formation (ONEF), sur les 200 000 emplois promis par les autorités, 148 732 ont pu être créés de septembre 2013 à juin 2016, soit un taux de réalisation de 74,4 %.
Quant à Me TALL, en grand avocat, d’une rare éloquence, avec lui, la parole du gouvernement a toujours été portée à satisfaction. Quels sont alors les vrais motifs de ces départs ? Certes, il s’agit d’une mission à laquelle ils ont été appelés, mais leur départ doit pouvoir être expliqué et justifié devant l’opinion pour qui d’ailleurs ils travaillent.

Quel apport de la société civile dans le Gouvernement ?
Dans le nouveau Gouvernement AIM, l’appel a été lancé à deux poids non négligeables de la société civile : la présidente de la CAFO (Coordination des associations et organisations féminines) nommée à la Promotion de la femme et le N° 2 de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), à l’Emploi et à la formation professionnelle.
Même si la nomination du second fait polémique, au sein de son propre camp, l’UNTM, il reste certain que jusqu’à mardi dernier, date de la publication de la liste du nouveau gouvernement, il était le secrétaire général adjoint de la première centrale syndicale des travailleurs du Mali. Le choix de ce syndicaliste chevronné, logé dans la plus haute sphère d’une centrale syndicale, en pleine tempête de revendications syndicales tous azimuts, semble affligeant.
Idem pour son désormais homologue de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme TRAORE Oumou TOURE. Elle, en tant que présidente d’une CAFO en pleine décadence, reste coupable des mêmes errements. Fer de lance de la société civile, sa place n’était pas autour de la table de délibération du Conseil des ministres, mais sur l’estrade pour dénoncer les dérives, les abus des pouvoirs publics.
En choisissant la voie contraire quelle influence pourront-ils avoir ces deux ministres sur les masses qu’ils ont commandées ?

Oumou TOURE/Oumou BA : quelle logique ?
En faisant appel à la présidente d’une organisation de la société civile, soit-elle puissante, pour remplacer la présidente des femmes du Parti au pouvoir et de celles de la Majorité présidentielle, on peut imaginer que le président a fait un choix contestable. Un choix qui n’est pas de nature à calmer les tensions dans son propre camp (RPM). Le président doute-t-il du poids des femmes de son camp ? S’agit-il d’une stratégie d’élargissement de la base en considérant que les femmes du RPM sont déjà dans son escarcelle ? En tout cas, selon plusieurs sources concordantes, la déception est aujourd’hui à son comble au niveau du bureau des femmes du RPM qui a mal à apprécier cette décision, qu’il prend comme une gifle.

Gouvernement AIM : l’amour pour le 3e âge ?
Ce n’est pas trop dire que d’affirmer que ce régime préfère la vieille génération à la jeune. Pire, servir son pays de nos jours a tendance à devenir un cercle vicieux : aucune nouvelle tête n’émerge, ceux qui sont dedans y restent. La parfaite incarnation de ce constat est le nouveau ministre de la Défense et des anciens combattants, Tiénan COULIBALY. Ayant servi sous Moussa TRAORE et dépoussiéré pendant la Transition par le Premier ministre Cheick Modibo DIARRA, Tiéna COULIBALY, ambassadeur du Mali auprès des Nations unies, jusqu’à sa nomination au sein du nouveau gouvernement, ne veut plus chômer. Et pour cause ? À la faveur de ce nouveau gouvernement, il revient tout souriant occuper le portefeuille de ministre de la Défense et des anciens combattants, comme si les compétences manquaient parmi les 18 millions de Maliens. Le hic ici, c’est que ce financier de parcours appréciable, n’est connu d’aucune expérience, ni dans l’administration encore moins en matière de sécurité et de défense. Au regard des enjeux sécuritaires de l’heure, c’est un pari risqué.

Un faible pour le Coulibaly ?
C’est du moins la question que le commun des Maliens se pose avec le retour de Tiéman Hubert COULIBALY dans le gouvernement et au poste de ministre de l’Administration territoriale. Ce ministre remercié, il y a moins d’une année pour faute grave, revient au galop. Ayant perdu une première bataille à la Défense, on confie de nouveau à Tiéma Hubert Coulibaly le commandement d’un autre combat qui s’annonce : celui de l’organisation des futures échéances électorales. Pour encore faire perdre son pays ? En tout cas, il s’agit d’un choix périlleux en cette période cruciale de sortie de crise de notre pays où les défis sont autant nombreux que cruciaux au sein de ce département stratégique.

Quelle configuration politique ?
S’il n’y a point de doute sur la lisibilité de la Majorité présidentielle à l’Assemblée nationale, cette lecture reste compliquée au niveau du Gouvernement. On y retrouve tout de même, le RPM et l’ADEMA en force. Dans la composition du Gouvernement le RPM, première force politique, qui se taille la part du lion avec une dizaine de ministres : Baber GANO aux Transports ; Hamadoun KONATE à la Solidarité ; Mohamed El Moctar à la Réconciliation nationale ; Alassane Ag Mohamed Moussa au ministère de la Décentralisation et de la fiscalité locale ; Abdrahamane SYLLA des Maliens de l’extérieur ; Nango DEMBELE à l’Agriculture, Harouna Modibo TOURE à l’Économie numérique ; Malick Alfousseiny aux commandes de l’Énergie et l’eau ; N’DIAYE Ramatoulaye DIALLO à la Culture ; Mohamed Ag ERLAF à l’Éducation nationale.
Il est suivi de l’ADEMA/PASJ avec quatre ministres : Abdel Kader KONATE au Commerce ; Adama Tiémoko DIARRA à l’Aménagement du territoire ; Tiémoko SANGARE aux Mines et Me Kassoum TAPO, ministre des Droits de l’homme et de la réforme de l’État.
Concernant les autres alliés de la Majorité présidentielle, ils sont le MPR avec le portefeuille de la Défense ; le MODEC qui détient celui de l’Investissement ; la CODEM qui dirige le ministère des Sports, l’UDD à l’Administration territoriale et le PS Yelekoura à la Jeunesse.
L’autre moitié du gouvernement est composée de représentants de la société civile ou des sympathisants du Parti au pouvoir. À la lecture de cette grille, la question qui taraude les esprits est de savoir si réellement la Majorité gouverne.

Rassemblés par Bertin DAKOUO ET Sidi DAO

 

Source: info-matin

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