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NEW YORK: le G5 Sahel en mode marketing

Face aux défis, les pays du G5 Sahel et leurs partenaires (UA, UE, ONU et France) se montrent imaginatifs. Peinant à mobiliser les sous nécessaires à l’opérationnalisation de la force conjointe en charge d’épauler Barkhane dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, ils recourent aux techniques qui ont fait leurs preuves dans le monde économique. Ainsi, c’est une campagne de marketing grandeur nature qui vient de commencer avec la rencontre d’hier soir à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies. Derrière la manœuvre, il y a une volonté de séduction du plus grand nombre de partenaires potentiels. Mais en particulier, on cible les Etats-Unis de Donald Trump, dont la froide hostilité à l’initiative parrainée par Emmanuel Macron, risque bien de plomber cette dernière. Or, il n’est pas évident que le locataire de la maison blanche ait fondamentalement fait évoluer sa perception du « machin » antiterroriste au Sahel.

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Toutefois, indépendamment de la lutte contre les extrémistes et les horreurs qu’ils propagent dans la bande sahélienne, c’est un astucieux rapport de force qui se joue autour de cette idée du G5 Sahel. Celui-ci oppose en filigrane Emmanuel Macron et Donald Trump. Le premier, dans une logique diplomatique ostentatoire, s’était empressé, au lendemain de son élection, de promettre monts et merveilles aux pays du G5 Sahel. A l’époque, dans la bulle de son élection fulgurante, il pensait qu’il suffisait de claquer le doigt pour que le monde entier se mette en rang derrière. Or, les Etats-Unis, plutôt jaloux de leur statut de première puissance du monde, sont réputés pour ne pas se laisser embobiner par une approche aussi arrogante. Ce, même si l’actuel locataire de la maison blanche semble bien s’entendre avec le successeur de François Hollande. Conséquence, après des nobles ambitions et un baptême de feu plutôt prometteur en début juillet, la force conjointe sahélienne connait désormais un enfantement plus douloureux. En grande partie parce que l’oncle Sam ne consent pas à y mettre ses dollars juste pour les beaux discours d’Emmanuel Macron.

Or, il n’est pas certain que l’opération de charme qui a commencé hier et qui devrait se poursuivre ce mardi via un atelier prévu à Berlin, puisse y changer grand-chose. Certes, l’Union européenne et moindrement les Nations unies, semblent avoir compris le bien-fondé de la force antiterroriste au Sahel. Il faut dire que la première est potentiellement menacée par l’insécurité qui sévit au sud de la Méditerranée. Les Nations unies, quant à elles, pensent aux casques bleus déployés notamment au Mali et dont le financement est de plus en plus difficile à trouver. Ce qui n’est pas le cas des Etats-Unis dont la diplomatie est davantage orientée vers la menace nord-coréenne ou vers les enjeux géopolitiques au Moyen-Orient et en Syrie. Au-delà, la campagne de séduction des pays du Sahel coïncide avec une campagne tout aussi acharnée des Etats-Unis en faveur de la rationalisation des dépenses onusiennes. Un doux euphémisme dont l’objectif est d’aligner la contribution américaine sur les intérêts stratégiques poursuivis par Trump et son administration. Le Sahel n’en faisant pas partie, il ne sera pas évident d’obtenir la compassion des Etats-Unis.

Boubacar Sanso Barry

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