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Moussa Mara lors du premier numéro du grand débat économique : «Lutter contre la corruption n’est pas une affaire simple au Mali»

La salle de conférence de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali a abrité jeudi 23 juillet le lancement  de «Le Grand débat économique ». Une émission radiophonique dont le premier numéro avait pour thème «Comment la croissance peut-elle favoriser la relance économique au Mali ?». Elle recevait l’ancien Premier ministre Moussa Mara et le Pr. Abdoulaye Niang, chercheur, directeur du Centre de recherche et d’études stratégiques «Sènè».

moussa mara ancien premier ministre yelema

Pour ce tout premier numéro de «Le Grand débat économique», qui est une initiative d’un groupe de journalistes réunis au sein de l’association dénommée Forum de la presse au Mali, M. Issa Fakaba, journaliste et animateur de ce débat, recevait sur son plateau Moussa Mara, expert-comptable, ancien Premier ministre du Mali, et Pr. Abdoulaye Niang, chercheur, directeur du Centre de recherche et d’études stratégiques «Sènè».

 

Avant de donner la parole à ses invités, le présentateur a laissé entendre que cette initiative vise à mettre les universitaires, les ténors des grandes organisations du secteur économique et financier du pays sur le gril autour d’un thème d’actualité dans le but de combler le vide en termes de débats contradictoires dans le milieu des intellectuels maliens.

 

Après avoir salué les initiateurs de ce débat, les invités étaient unanimes à reconnaître que l’économie n’a été jamais un sujet de débat au Mali contrairement à beaucoup de pays, où le choix des dirigeants s’opère en fonction de leurs projets économiques.

 

Au sujet du taux de croissance de 7,2% en 2014, les perspectives de 5% pour 2015 et la pauvreté presque galopante de la population, les débateurs ont eu des points de vue divergents. Selon l’expert-comptable, une croissance de 7,2 est une bonne chose mais «elle ne se mange pas », parce qu’elle peut être obtenue dans un secteur qui n’est pas inclusif, comme les réseaux téléphoniques, alors que ceux-ci appartiennent à quelques personnes et non aux millions de Maliens. «Nous devons diversifier nos sources de croissance pour que si un secteur est en panne, l’autre puisse le soutenir afin d’en avoir une croissance plus robuste pour ne plus être trop dépendant des aléas climatiques», a-t-il affirmé.

 

Au-delà de cette explication sectorielle de la productivité, Moussa Mara pense que la croissance démographique peut masquer les performances économiques. Et que le surcroît de production peut être capté par le surcroît démographique. «Les ressources supplémentaires que la croissance génère, si ces ressources sont orientées pour faire face à l’impact de la démographie, alors elles n’iront pas à l’amélioration des conditions de vie. Ce qui fait que le citoyen lambda ne va pas voir que sa vie s’améliore», a-t-il expliqué. Cet avis n’est pas partagé par M. Niang. Pour le chercheur, une croissance de 7,2 est antinomique avec la pauvreté galopante de la population. C’est d’autant plus paradoxal que selon lui, «ceux-là qui ont produit cette performance, dont la redistribution n’est pas perceptible par la population, doivent être poursuivis pour crime contre l’humanité». Pr. Niang dit ne pas comprendre que le pays soit riche alors que la population s’appauvrit au même moment.

 

Suivant ses propos, la démographie ne peut pas être un poids pour l’économie. «Les causes de cette situation se situent au niveau de la gouvernance. Au Mali, si tu es homme d’affaires, chercheur, société civile, tu n’es pas endossé à un clan politique, tu n’iras nulle part», a déclaré le chercheur.

 

Moussa Mara reconnaît que la gouvernance a bien sa responsabilité d’autant que le problème de mal gouvernance est visible à l’œil nu, a-t-il déclaré. Cependant, reconnaît-il, «Lutter contre la corruption n’est pas une affaire simple au Mali. Quand j’étais Premier ministre, nous avons commis des audits qui ont décelé des détournements de fonds et nous avons envoyé des rapports à la justice. Mais le Premier ministre ne peut pas mettre quelqu’un en prison. Dans un Etat de droit, on envoie le dossier à la justice… Tout le monde connaît les insuffisances et les faiblesses de notre justice, la réalité est complexe. La justice est vraiment de l’injustice au Mali».

 

En somme, ce premier numéro de «Le Grand débat économique» aura tenu toute ses promesses. Et à en croire son animateur, Issa Fakaba Sissoko, il s’inscrira dans la continuité.

 

Oumar B. Sidibé

 

source : L’Indicateur du Renouveau

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