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Moscou : Le colonel Sadio Camara fustige la France

A Moscou, capitale de la Russie, dans le cadre de la 10ème conférence pour la sécurité internationale, le ministre malien de la Défense et des Anciens Combattants, le colonel Sadio Camara, a salué les autorités russes pour la fiabilité de leur partenariat avec le Mali dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Il a profité de l’occasion pour jeter des pierres dans le jardin de la France qui, après 9 ans d’échec, n’arrive pas à digérer la diversification du partenariat par les autorités maliennes.

A l’entame de ses propos, le colonel Sadio Camara a déploré que la sous-région ouest-africaine vive de nos jours une forte pression sécuritaire liée à l’expansion des groupes terroristes, à la criminalité transnationale organisée et aux tentations sécessionnistes de certains groupes, sur fond de crises de coexistence communautaire. Selon lui, la sous-région ouest-africaine et sahélienne est « confrontée à de grands défis qui s’entremêlent et se développent sur trois dimensions : internationale, régionale et locale.

Sur le plan international, notre sous-région subit négativement les effets des incertitudes liées à la mutation en cours de l’ordre international, qui résulte du constat de la défaillance, voire de l’échec du système de gouvernance mondiale, issu de la deuxième guerre mondiale et réadapté après la fin de la guerre froide. Les rapports de force qui ont permis la consolidation de cet ordre apparaissent aujourd’hui dépassés ».

« Ingérences aux relents colonialistes »

Le respect mutuel. Voilà ce que réclament les autorités de la transition depuis leur installation. C’est cette volonté qui est d’ailleurs à la base de nombreuses crises entre le Mali et la communauté internationale, notamment la France. A Moscou, le colonel Sadio Camara a dénoncé la gestion de certains sujets en Afrique par certaines puissances. « Les répercussions de cette tendance sont déjà visibles dans le monde, y compris en Afrique, continent relégué comme d’habitude au rang d’objet de convoitise. La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, la gestion brutale et égoïste des phénomènes migratoires, le traitement encore plus égocentrique des défis climatiques et environnementaux mondiaux, dans un contexte de crise énergétique, indiquent clairement la teneur des règles qui seront mises en place dans ce monde en recomposition », a-t-il laissé entendre. Ce qui dérange le ministre de la Défense et des Anciens Combattants du Mali, c’est le « ton infantilisant et autoritaire des injonctions faites aux pays africains, visant à influencer leur gouvernance interne et canaliser les aspirations démocratiques légitimes de leurs peuples ». Le colonel Camara d’ajouter : «Des postures universalistes sont utilisées pour justifier les ingérences aux relents colonialistes qui ont accablé l’Afrique depuis plusieurs siècles. On veut nous convaincre que nous devons devenir stériles pour éviter de rajouter à la misère du monde ».

En début 2022, le Mali a été sanctionné par la Cedeao et la communauté internationale. Les autorités de la transition ont accusé certaines puissances en conflit avec le Mali d’être derrière ces sanctions. Le ministre Sadio Camara a profité de cette rencontre de Moscou pour dénoncer les ingérences de certaines puissances. Mais, ces ingérences sont, selon lui, les échecs des solutions africaines. « Malgré la multiplication des coalitions permanentes ou circonstancielles, cette incapacité à trouver des solutions africaines aux problèmes africains s’est soldée par une ingérence continue d’acteurs extérieurs bilatéraux ou multinationaux, qui imposent leurs agendas au détriment des intérêts des peuples africains », a-t-il laissé entendre.

Pour le colonel Sadio Camara, les populations sont de plus en plus exigeantes envers les dirigeants aux services des puissances. « Au niveau local, les populations l’ont bien compris, et n’hésitent plus à se faire entendre avec force. Malgré les gains apparents de la période démocratique dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest, l’instabilité politique qui en a résulté est une manifestation de la réaction au décalage entre les peuples et les pouvoirs en place. Les citoyens expriment leur frustration de voir leurs immenses richesses naturelles exploitées au bénéfice d’autres acteurs. Ils expriment leur colère et s’indignent quand leurs dirigeants sont convoqués, sermonnés, humiliés en public pour n’avoir pas assez défendu chez eux les intérêts des supposées puissances amies », dit-il.

« Embouteillage sécuritaire » pour zéro résultat

Les forces françaises, la Minusma…sont déployées au Mali pour lutter contre le terrorisme et assurer la sécurité des personnes et leurs biens. 9 ans après, l’insécurité s’agrandit. Le ministre Camara s’est prononcé sur la question à Moscou. Pour lui, l’intervention militaire internationale déclenchée en réaction à cette invasion s’est soldée par un ‘’échec’’, même si le ministre de la Défense reconnait que l’opération française Serval de 2013 a réussi en quelques semaines à briser la dynamique terroriste. « La multiplication des missions qui lui ont succédé, avec la force française Barkhane, la Minusma, la force conjointe du G5 Sahel, les missions européennes Eutm, EucaP Sahel et la Task Force Takuba, censées soutenir l’État malien et les forces de défense et de sécurité du Mali, ont créé un embouteillage sécuritaire dont l’une des conséquences a été de maintenir une sorte de statu quo malgré la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Les populations maliennes n’ont pas tiré les bénéfices de ce déploiement massif », a-t-il déclaré.

Partenariat fiable et sincère avec Moscou

La diversification des partenaires du Mali dans la lutte contre le terrorisme. C’est la décision prise par les autorités de la transition. « Face à ce diagnostic inquiétant, devant le risque de voir la Nation malienne se désintégrer, les autorités de la Transition issue de l’insurrection populaire de 2020 ont décidé de réorienter leur stratégie en diversifiant leurs partenariats, pour briser la dépendance sécuritaire dans laquelle le Mali était entretenue », a martelé le colonel Sadio Camara, qui ajoute qu’aucune puissance ne peut prétendre à une quelconque exclusivité de la coopération malienne. « Le Mali veut nouer des partenariats gagnant-gagnant avec tous ceux qui ont la capacité et surtout la volonté de coopérer avec lui dans le respect de sa souveraineté et la préservation des intérêts mutuels », dit-il.

Dans cette option, le Mali a noué de partenariat avec la Russie. Partenariat qui, selon le colonel Sadio Camara, a été fiable et sincère. «Fortes du soutien technique et matériel de la Russie, qui ne dissimule aucune arrière-pensée coloniale, les autorités de la Transition ont impulsé une dynamique totalement nouvelle, s’appuyant sur des succès militaires qui ont surpris beaucoup d’observateurs, pour créer les conditions du retour progressif de l’administration et des services sociaux de base au plus près des citoyens », a-t-il indiqué. Selon le ministre malien de la Défense et des Anciens Combattants, le premier semestre de l’année 2022 a ainsi vu une avancée spectaculaire sur le plan sécuritaire. Cette avancée est, selon lui, le résultat d’un partenariat gagnant-gagnant avec la Russie. « Le bilan du partenariat renforcé russo-malien est éloquent. Malgré l’embargo, le Mali a acquis, en quelques mois, davantage de moyens militaires que pendant les 30 dernières années, grâce aux sacrifices économiques consentis par le peuple, et à la coopération avec des pays comme la Russie, la Chine, et d’autres », a-t-il laissé entendre.

A le croire, « les groupes terroristes, qui réussissaient hier à décimer des garnisons entières, sont désormais en débandade sur tout le territoire. Leurs sanctuaires sont détruits, leurs bases logistiques sont démantelées, leurs chefs sont neutralisés ».

De nos jours, près de 100.000 réfugiés et personnes déplacées sont retournés dans leurs villages. « La liberté de circulation des personnes et des biens redevient une réalité, l’agriculture reprend, l’activité commerciale se développe, l’administration se rédeploie », affirme le ministre de la Défense du Mali.

Il est important de préciser que le ministre Sadio Camara a insisté aussi sur les jeux troubles de la France, incapable de digérer la diversification des partenariats, contre les autorités maliennes.

Boureima Guindo

Source: LE PAYS

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