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Mon opinion : IBK : Leçons de pouvoir

Dans la société traditionnelle malienne, lorsqu’un enfant/jeune se montrait réfractaire aux conseils de prudence, de tenue et de retenue, la famille le congédiait avec cet avertissement qui avait valeur de malédiction : « trace ton chemin, le monde se chargera de t’éduquer » ! Pour des raisons évidemment différentes, je n’ai pu m’empêcher de faire le parallèle avec IBK en regardant la vidéo de sa déclaration de candidature à sa propre succession.

Une petite mine, une voix comme à l’accoutumée indéchiffrable pour servir un texte d’une saisissante pauvreté. Abandonné de tous, religieux, alliés militaires de la junte, partis politiques significatifs, le président sortant s’est replié sur ce qui restera la singularité de son mandat : la famille, le domicile privé. Une impression, voire une conviction tenace chez les Maliens voulait que le président IBK ne soit guère au fait de son impopularité, qu’il reste habité par le sentiment que tout va bien au Mali ! Une image vaut mille mots. L’homme que nous avons vu à la télé dimanche soir n’ignore rien de la désaffection de l’écrasante majorité de nos compatriotes revenus de leurs illusions. Comme lui-même ne s’en laisse pas conter sur la faible représentativité du soutien de partis ou dirigeants en perte de vitesse, de particules sans militants ou associations de circonstance. Le faux bond du candidat à la cérémonie du Palais des Sports est un cinglant désaveu à ces hommes et femmes qui, sans peur du ridicule, nous annoncent une victoire au 1er tour.

Pourtant son propre parcours devait l’instruire sur les vicissitudes du pouvoir et les conseils d’amis lui rappeler les vertus de tempérance, d’humilité, de travail et de probité qui font des citoyens libres d’un pays des « obligés » du Roi. Ces valeurs ont été au mieux assimilés à de la couardise et à la médiocrité. Qu’avait-il à craindre avec 77% des voix et fort du soutien du Chérif de Nioro, du Président du Haut Conseil islamique, de la junte de Kati ? André THERIVE complété par Maurice de Talleyrand disait que la « trahison (en politique) est une question de date » ! On peut faire le constat aujourd’hui que tous les piliers de la victoire de 2013 se sont sentis floués et ont quitté le navire. S’agissant des religieux qui manquent à l’appel dans le camp présidentiel on aura fort opportunément relevé qu’aucune sourate ne nous fut servie sous forme de tirade ni à l’entrée ni à la sortie de la déclaration de candidature de IBK.

Quand il a parlé des acquis de son mandat, tous les regards se sont subitement croisés dans le salon comme si chacun demandait à l’autre s’il en connaissait davantage que lui. Le froncement de sourcils était encore plus marqué quand IBK a affirmé que tout au long de sa carrière politique il s’est « interdit toute forme d’animosité et d’intolérance à l’égard de ses adversaires politiques ». Soumaïla  Cissé accusé d’être « imposteur » et Tiebilé Dramé « le petit Monsieur » peuvent attester  de l’exquise courtoise du Président sortant.

Le meilleur c’est lorsque IBK a martelé que les Maliens sont revenus des promesses mirobolantes ! Moussa Traoré, AOK et ATT n’étant pas en course pour 2018, cette mise en garde devait s’adresser à lui-même  qui en 2013 a promis le Ciel et la Lune aux Maliens pour le résultat que l’on sait. Ça a tout l’air d’un aveu qui doit faire réfléchir les autres candidats.

Sa superbe remisée au placard, son timbre à la limite de la complainte ont conféré au Président sortant un air étrangement humain qui a priori devrait le rendre sympathique. Mais le résultat n’est pas garanti car chez lui ça sonne faux !

Sory I Cissoko

 

Source:  L’Aube

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