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Mise en œuvre de l’APR: le pavé dans la mare

Le Centre Carter, l’Observateur indépendant de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix de 2015, a rendu public son rapport de fin de l’année 2019, ce mardi 21 janvier 2020. C’était au cours d’une conférence de presse animée par la conseillère spéciale du Centre Carter, l’Ambassadrice Bisa WILLIAMS, qui avait à ses côtés, son adjoint, Jean N’Tole KAZADI, en présence de plusieurs autres invités.

 

Dans son rapport de fin d’année 2019, le Centre Carter épingle la stagnation globale du processus de mise en œuvre et appelle à des mesures fortes en vue de consolider la paix au Mali.

Parmi les raisons de l’absence de progrès, l’Observateur indépendant cite le manque de leadership et de confiance mutuelle entre les parties, ainsi que la faiblesse des efforts de médiation par la communauté internationale.

Le rapport indique qu’en 2019 les populations ont à peine bénéficié de la mise en œuvre de l’Accord. Une aggravation de la violence, marquée à la fois par des affrontements intercommunautaires et des actes terroristes, a entraîné des centaines de morts.

L’incapacité des parties signataires à mettre en place l’armée reconstituée prévue par l’Accord, et à apporter des réponses aux griefs socio-politiques de longue date, ont contribué à l’aggravation de la crise au Mali et dans la région.

Le rapport critique l’exclusion de la société civile, y compris les femmes, les jeunes, et les chefs traditionnels, du processus de mise en œuvre. Il relève que le faible travail des parties à promouvoir l’appropriation de l’Accord a alimenté le scepticisme du public vis-à-vis du processus de mise en œuvre.

Quatre ans et demi après la signature de l’Accord, plus des deux tiers des engagements en matière et de sécurité attendent encore d’être réalisés. Les dispositions économiques de l’Accord, comme celles relatives à la justice, n’ont que faiblement retenu l’attention des parties prenantes. Le Comité de suivi (CSA), principal organe chargé de superviser le processus de mise en œuvre, n’a pas tenu de réunion pendant tout le dernier trimestre de l’année.

Le rapport souligne que la communauté internationale s’est souvent concentrée de manière disproportionnée sur la situation sécuritaire, quasiment au détriment des fondements politiques, économiques et judiciaires de l’Accord.

Les pratiques hésitantes des parties signataires ont été, selon le rapport, un autre facteur entravant les progrès. Les parties ont entamé des discussions sur pratiquement tous les points à partir de positions diamétralement opposées, nécessitant des négociations extrêmement longues pour surmonter des différences même mineures. Des luttes intestines entre les ministères sur leurs rôles respectifs et un manque de prise de décision ont également entravé les progrès.

Le rapport note aussi que presque toutes les dispositions importantes de l’Accord peuvent être mises en œuvre par le biais d’une législation sans modifications constitutionnelles.

Le rapport conclut par une série de recommandations visant à redonner de l’élan à la mise en œuvre et à la confiance du public dans l’Accord.

Le Centre Carter invite le Gouvernement à faire connaître son plan de décentralisation ; rendre robuste le rôle des nouvelles commissions.

Il invite la communauté internationale à jouer un rôle plus important dans la recherche de solutions aux blocages.

Aussi, le Gouvernement et les Mouvements devraient expliquer conjointement les raisons de leur engagement continu envers l’Accord.

Pour le Centre Carter, auteur du présent rapport, la question de la présence des forces armées et des services gouvernementaux à Kidal devrait être résolue rapidement. De même, le CSA devrait organiser des réunions de haut niveau entre le Gouvernement, les Mouvements signataires, et la Société civile concernant l’inclusion des civils dans le processus de mise en œuvre et sur les questions d’accès à la justice et l’assistance humanitaire.

Le Centre Carter a été désigné comme l’Observateur indépendant à la fin de 2017.

Selon l’Article 63 de l’Accord pour la paix et la réconciliation, le travail de l’Observateur indépendant consiste à identifier de manière impartiale les blocages dans le processus de mise en œuvre et à recommander des mesures pour améliorer la mise en œuvre.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info-Matin

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