Un petit mendiant, déclaré mort des suites d’une noyade mercredi dans le fleuve Sénégal par son tuteur, décès ensuite confirmé par le père dudit défunt venu pour la circonstance du Sénégal, a été inhumé et les sacrifices faits. Trois jours après le cérémonial, pendant que le père du défunt n’avait pas encore quitté Kayes,  un coup de fil lui parvient de son pays pour lui annoncer l’arrivée dans sa famille du petit déclaré mort et enterré. Cette information est confirmée après vérification. Alors qui est celui qui a été enterré ?

Le petit Moussa Ba, âgé d’une quinzaine d’années vivait en adoption chez son maître coranique, El hadj Sy, notable de Kayes Ndi, près de la grande mosquée afin qu’il lui apprenne le saint coran et la religion. Moussa n’est pas le seul talibé  du maître, il jouissait d’une position privilégiée en raison des relations de son père avec le maître. Depuis une semaine, le petit est porté disparu. La capitale de la cité des rails et ses environs ont été passés au peine fin, mais nulle trace du petit. Des communiqués ont été radiodiffusés, rien à faire. Mercredi, un petit qui se baignait dans le fleuve Sénégal s’est noyé. Sur la berge, ses chaussures de couleur bleue, son boubou de même couleur et son pantalon bouffon de couleur blanche ont été découverts mais pas lui-même, en tout cas de son vivant. La nouvelle de la noyade d’un enfant non identifié avait été diffusée sur les radios de la place. Le corps repêché par les secouristes avait été déposé à la morgue de l’hôpital régional. El hadj Sy ayant appris la nouvelle, a dépêché son fils aîné à la morgue pour vérifier si c’est bien le talibé qui s’est noyé.

De retour, il lui confirme que c’est bien Moussa Ba, l’élève coranique. La nouvelle  a abattu El hadj Sy car, le petit n’est pas un talibé comme les autres, mais puisque le vin est tiré, il faut le boire. Il a informé son ami, le père du défunt qui a fait le voyage de  Kayes, en provenance du Sénégal pour participer aux cérémonies funéraires. Mais avant l’inhumation, le maître coranique a tenu à ce que le père du talibé confirme de visu que c’est bien son fils. Il ne pouvait pas d’ailleurs en être autrement d’autant plus qu’il est présent. Après l’avoir observé, M. Ba a confirmé que c’est bien son fils. Il a même ajouté que les traces de fouet visibles dans son dos sont celles qu’il lui a administrées il y a des années. Sur ce, les obsèques ont été faits et le petit inhumé. Pour les sacrifices, son père a fait égorger un bœuf. Contre toute attente, pendant que les sacrifices du troisième jour étaient en cours, M. Ba reçoit un coup de téléphone de sa famille depuis le Sénégal. Son interlocuteur lui apprend que Moussa vient d’arriver en famille.

Comment un cadavre enterré pouvait-il se retrouver au Sénégal ? S’étonne t-il. Il dut faire illico le voyage pour aller voir de ses yeux le petit en personne et se persuader que c’est bien lui. Ce dernier s’était caché à son maître pour aller de l’autre côté de la frontière. Incroyable, mais vrai. Le maître coranique est informé de la nouvelle. Moussa Ba n’est pas mort. Des recherches sont en cours pour identifier celui que l’on prenait pour Moussa Ba et retrouver ses parents.