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Micro-barrages hydro-agricoles : au profit des femmes rurales

Ces aménagements leur permettent de produire toute l’année sans risque de pénurie d’eau qui handicape l’exploitation des parcelles

 

Les femmes ont un rôle déterminant dans l’agriculture, en milieu rural. Grâce à diverses autres activités productives, elles contribuent au développement économique, à la réduction de la pauvreté dans les zones rurales et l’atteinte de la sécurité alimentaire. Le maraîchage est l’une des principales activités génératrices de revenus qui permet aux femmes rurales d’assurer leur autonomisation financière. Car, il leur procure des revenus stables et propres. Le fait de disposer de rétributions propres concourt à leur autonomisation financière.

Mais, les femmes rurales manquent de plus en plus de moyens et ressources matériels nécessaires à l’accomplissement de cette activité génératrice de revenus. Les contraintes à l’origine de cette situation sont, entre autres, l’absence de retenue d’eau et de points d’eau dans certaines zones de production. Ces difficultés, dont souffrent les populations rurales, entravent alors la promotion et l’épanouissement de la femme rurale. Elles ont été provoquées par les effets néfastes du changement climatique, rendant imprévisibles les cours des rivières locales, les mares qui constituent les principales sources d’eau traditionnelles.

Cette pénurie a eu pour conséquences l’exode rural massif des jeunes. Les femmes rurales ont, elles, vu leurs revenus diminués par manque d’activités génératrices de revenus. Faute d’alternative, elles se tournent de plus en plus vers l’exploitation anarchique des ressources forestières notamment la coupe de bois pour la production de charbon et du bois de chauffe.

Pour pallier cette situation et contribuer à l’autonomisation de ces femmes rurales, des initiatives ont été prises dans ce sens. En la matière, plusieurs organisations non gouvernementales (ONG), dont Carrefour développement (Car.D), qui intervient au niveau du village de Diallakoro (Cercle de Kolokani, Région de Koulikoro) et l’Association de soutien aux initiatives communautaires (Asic) dans le village de M’Pella (Cercle de Kolokani) appuient respectivement la réalisation de micro-barrages.

PRODUIRE DURANT LES 12 MOIS- L’objectif visé est de renforcer la résilience des populations face aux effets néfastes du changement climatique. Il s’agit également de contribuer à l’amélioration de la résilience et de l’adaptation des couches vulnérables, notamment les femmes rurales, au changement climatique.

Pour y arriver, Car.D a bénéficié d’un financement de Mali Folkecenter Nyetaa pour la réalisation de micro-barrages et l’exécution de projets de mise en œuvre d’activités autour de ces points d’eau. Outre la réalisation du micro-barrage de Diallakoro, Car.D en a réalisé à Ben, Ngoloblenbougou, Kolon, Yisigila, Dangorofouga, Gouagnébougou, Sanakoroni et Somanbougou. Tous accompagnés d’aménagements d’espaces hydro-agricoles.
Un micro-barrage est un aménagement construit en pierres, en terre ou en béton, définit le directeur exécutif Carrefour développement, rencontré à son bureau. Pour Diabirou Maïga, environnementaliste, il est destiné en partie à créer une réserve d’eau, à la retenir le temps suffisant pour qu’elle puisse lentement s’infiltrer et alimenter la nappe phréatique. Il sert également, selon lui, de source d’eau pour les activités agricoles notamment le maraîchage, la pisciculture, la culture du riz de contre saison, l’abreuvement des animaux, etc.

Construire un micro barrage pour les populations rurales contribue, de l’avis de Diabirou Maïga, à augmenter les revenus des ménages à travers la diversification des activités génératrices de revenus et à améliorer l’état nutritionnel et sanitaire des ménages. Pour lui, la réalisation de cet ouvrage hydro-agricole dans les villages aide à maintenir les jeunes au village, à promouvoir l’autonomisation des femmes et à renforcer la résilience des communautés face aux effets sinistres du changement climatique. «La réalisation des micro-barrages permet avant tout aux femmes de générer des revenus non seulement pour assurer les dépenses au niveau des ménages dans lesquelles elles occupent une place importante mais également leurs propres dépenses telles que l’achat des parures, des trousseaux de mariages et autres évènements culturelles», explique le spécialiste en environnement.

NETTE AMÉLIORATION DE LA QUALITÉ DES REPAS- Selon notre environnementaliste, lorsque les femmes exploitent et gèrent bien les micro-barrages, elles peuvent produire durant les 12 mois de l’année. Cela leur permet, insiste l’expert, de faire des économies pour assurer les dépenses familiales et subvenir à leurs besoins sans recourir au soutien des hommes.

Ces affirmations sont soutenues par les attributaires. Pour qui l’impact positif des micro-barrages sur le quotidien des populations bénéficiaires surtout les femmes et les jeunes, est reconnu et salué par tous. Native de Diallakoro, Diakossan Diarra trouve que la construction du micro barrage a été bénéfique pour les jeunes et les femmes de son village. «Auparavant, argumente-t-elle, la plupart d’entre nous partaient en exode après les travaux champêtres. Ceux qui restaient s’adonnaient à la coupe abusive du bois, qui a des effets néfastes sur l’environnement». Depuis l’arrivée du micro-barrage, beaucoup de jeunes sont restés pour tester l’expérience, ajoute-t-il, précisant qu’aujourd’hui les femmes arrivent à se prendre en charge financièrement grâce au maraîchage et autres activités qu’elles mènent quotidiennement autour des points d’eau.

Abondant dans le même sens, Seba Sacko, maraîchère, confirme que les femmes n’avaient pas d’autres activités après les travaux champêtres. Grâce à ces nouvelles activités qui prospèrent autour du barrage, la qualité de leurs repas a connu une nette amélioration. «Nous pouvons acheter les condiments que nous voulons, payer les frais de scolarité, assurer les soins de nos enfants et constituer des trousseaux de mariages pour nos filles», se réjouit la jardinière.

Les micro-barrages renforcent la nappe phréatique, stockent l’eau qui est utilisée pour les travaux d’usage et productifs durant toute l’année. Les femmes en profitent le plus notamment financièrement à travers des activités génératrices de revenus tels que le maraîchage et la pisciculture. «Auparavant, l’eau ne restait qu’un mois maximum dans les rivières. Actuellement, nous couvrons tous nos besoins d’eau, pour l’abreuvement du cheptel, la confection des briques et la production agricole. Les puits ne tarissent plus», témoigne Saga Coulibaly du village de M’Pella.

Anne-Marie KEÏTA

Source : L’ESSOR

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