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Médiation CMA-Plateforme: ce qui disqualifie la Minusma

L’invitation de la médiation nigérienne au cœur de la chicane entre la Plateforme et la Coordination des mouvements armés (CMA) autour de la gestion de Kidal et en raison des questions de personnes qui se cristallisent sur le général GAMOU, est incontestablement la preuve de la perte de crédit de la MINUSMA, au moins aux yeux d’une partie.

Visite du Représentant Spécial du Secrétaire General des Nations Unies M. Mahamat Annadif Saleh aux troupes du contingent Togolais de la MINUSMA à Mopti et Douentza, le 1er juin 2016.

Visite du Représentant Spécial du Secrétaire General des Nations Unies M. Mahamat Annadif Saleh aux troupes du contingent Togolais de la MINUSMA à Mopti et Douentza, le 1er juin 2016.

Désormais, c’est de Niamey qu’est attendu le salut. Le Premier ministre nigérien offre ses bons offices pour que les relations très tendues entre la Plateforme et la CMA ne débouchent pas directement sur une reprise des combats qui mettrait sérieusement en mal la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, mais également le ‘’Pacte’’ d’Anéfis, considéré par la coalition des mouvements armés comme ‘’le seul gage pour une paix véritable et pour la stabilité’’. Autant dire que l’enjeu est de taille. Et le médiateur qui a invité chez lui les deux mouvements armés, ainsi que des représentants de la société civile, en est pleinement conscient pour prendre autant sa tâche au sérieux.

La légitimité
Ce déplacement de la médiation à Niamey relève-t-il d’une partie de plaisir ? Assurément pas. L’explication qui s’impose et qui est la plus généralement partagée, est liée à la perte de crédit de la MINUSMA aux yeux de la Plateforme. En effet, par les tâches prioritaires que lui confère la Résolution du 27 juin 2016, dans le cadre de son mandat, il y a : ‘’user de ses bons offices et de mesures de confiance, et d’encouragement aux niveaux national et local pour appuyer an dialogue axé sur la réconciliation et la cohésion sociale avec toutes les parties prenantes et entre elles, encourager les initiatives visant à atténuer les tensions intercommunautaires, en ayant à l’esprit la responsabilité première des autorités maliennes, et encourager et soutenir la pleine mise en œuvre de l’Accord par te Gouvernement malien et les groupes armés des Coalitions Plateforme et Coordination, notamment en favorisant la participation de la société civile, y compris des associations de femmes et de jeunes’’
L’Etat malien n’étant pas le meilleur arbitre possible pouvant ramener la paix entre la CMA et la Plateforme, pour des raisons évidentes, la Mission onusienne était donc dans son beau rôle de le faire. Ce qui cadrerait parfaitement avec son nouveau mandat. Mais c’est sur un pays voisin que les mouvements armés ont choisi de jeter leur dévolu.

La rançon de la partialité
Ainsi la MINUSMA paie cash le prix de sa partialité en faveur de la Coordination des mouvements armés dans l’affaire d’Anéfis. En effet, quand la Plateforme a chassé cette dernière de la ville en question, la réaction fulgurante de la MINUSMA n’a pas tardé. Dans son communiqué en date du 17 août 2015, elle condamne les affrontements, mais la vraie condamnation était la prise de la ville à la CMA par la Plateforme : ‘’la MINUSMA réitère sa ferme condamnation des affrontements armés qui opposent la Plateforme et la Coordination des Mouvements de l’Azawad depuis le 15 août dernier, y compris la prise d’Anefis aujourd’hui par des éléments de la Plateforme. Ces actes constituent une violation flagrante du cessez-le-feu et de l’Accord de Paix’’.
Mais une simple condamnation ne suffisait pas. Il fallait que la Mission onusienne trouve un argument massue pour pouvoir voler au secours de son protégé de MNLA à l’origine de tous les désordres, à travers la CMA. Elle dit alors dans le communiqué : ‘’la MINUSMA est déterminée à assumer ses responsabilités en ce qui concerne la protection des populations civiles. Dans ce cadre, et pour parer à toute éventualité d’une extension des combats qui pourraient affecter la population de la ville de Kidal, la MINUSMA annonce les mesures suivantes :
Une zone de sécurité de 20 km autour de la ville de Kidal entrera en vigueur à partir de demain mardi 18 août à 8h00, et le restera jusqu’à nouvel ordre’’.
Tout mouvement à l’intérieur de cette zone de sécurité par des éléments de la Plateforme, ou affiliés à la Plateforme, seront considérés comme constituant un danger imminent pour la sécurité de la population de la ville de Kidal’’.

La faute de trop
La Plateforme n’est pas dupe pour comprendre qu’il s’agissait d’un alibi pour l’empêcher de poursuivre la CMA jusqu’à Kidal. Ce d’autant plus qu’elle en avait émis l’intention après les affrontements de Tabankort, dont elle est sortie victorieuse.
Il faut rappeler que là également, la MINUSMA avait établi une zone temporaire de sécurité située sur l’axe Anéfis-Almoustarat de 10 km de part et d’autre de l’axe. Une décision prise à l’issue d’un accord entre la Mission onusienne et Mohamed Ag NAJIM, le 24 janvier 2015, à Kidal, et qui a donné lieu à de violentes manifestations à Gao.
La preuve est qu’il s’agissait d’un alibi que le mandat sur lequel s’appuie la MINUSMA, ne tenait pas dans le cas d’espèce. En effet, il est dit dans la Résolution 2164 du Conseil de sécurité qu’elle doit ‘’appuyer l’application du cessez-le-feu et des mesures de confiance sur le terrain, conformément aux dispositions de l’Accord préliminaire de Ouagadougou’’. Cela ne signifie nullement qu’elle devait prendre fait et cause pour une partie contre une autre ; montrer ses muscles ramollis devant les djihadistes à la Plateforme.
La MINUSMA, à travers ce paragraphe de son communiqué : ‘’en cas de violation de cette zone de sécurité par des éléments de la Plateforme, ou affiliés à la Plateforme, la MINUSMA agira en conséquence conformément à son mandat’’, lève définitivement toute équivoque sur sa partialité. Ce qui naturellement ne pouvait que rester qu’en travers de la gorge de la Plateforme. Dès lors, sauf action du Saint-Esprit, l’on voit mal ce mouvement confier son sort à la MINUSMA. Parce qu’il serait scellé d’office.
Le choix du Niger pour la médiation est donc des plus objectifs. En même temps, il s’agit d’une sanction de la Mission onusienne qui s’est rendue coupable de partis pris, à maintes occasions.
Après tout l’essentiel est que la crise actuelle soit désamorcée.

Par Bertin DAKOUO

 

Source: info-matin

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