La Maison de la presse de Bamako a servi de cadre, ce 20 juillet 2019, au lancement du Mouvement pour le rassemblement du peuple (MRP). C’était dans le cadre d’une conférence-débat sur le thème du dialogue politique inclusif. Dirigé par Me Amadou Tiéoulé DIARRA, ce mouvement (MRP) créé en 2017, qui a pour slogan « Détermination, travail, réussite », insiste sur la nécessité de dialoguer. Il a été créé pendant la crise et ambitionne, selon ses responsables, d’apporter sa contribution à la résolution de cette crise.
À l’entame de son exposé, Me Amadou Tiéoulé DIARRA a indiqué qu’il est préférable de mettre ensemble pour trouver une solution à cette crise qui secoue notre pays, depuis 2012. Selon Me DIARRA, le dialogue est nécessaire pour une sortie de crise au Mali. Dans le cadre d’une démocratie participative, a-t-il fait savoir, l’élection est déterminante, mais pas suffisante pour régler tous les problèmes. Car, dit-il, beaucoup de questions restent en dehors du processus électoral, dans la mesure où de nombreux citoyens ne vont pas aux urnes. De ce fait, beaucoup de questions d’intérêt national ne peuvent pas se régler sans le cadre d’un dialogue inclusif. C’est pourquoi Me DIARRA invite les états-majors politiques à se retrouver rapidement pour harmoniser leur position par rapport à ce dialogue.
Cependant, le dialogue, selon le conférencier, ce n’est pas la seule affaire des politiques. À ce titre, la société civile, les secteurs économiques et sociaux, les autorités traditionnelles, etc. doivent être pleinement impliqués à l’initiative.
Il ressort de ses explications que la question de la réconciliation nationale a toujours été une préoccupation nationale, depuis l’ère démocratique sans que les différents régimes qui se sont succédé ne parviennent à cette fin. « Mais on va dialoguer pour produire des valeurs et chaque génération a l’obligation de construire ses propres valeurs sociétales », a-t-il dit.
Pour ce faire, la question de dialogue, dit-il, ne doit pas être posée dans un schéma de ‘’pour ou de contre’’, ou une tribune où il faut exprimer son état dame. C’est dans cette option que le dialogue doit aboutir à des valeurs de compromis partagées par tous.
« Il faut aller à ce dialogue sur le même pied d’égalité. Car nous ne sommes dans l’exemple du Rwanda où un camp avait triomphé et avait imposé sa vision aux autres », a-t-il expliqué.
Il s’est dit convaincu que sans le dialogue, les blocages vont persister et nous allons rester dans la crise qui est dangereuse. En dépit des oppositions divergentes, il est possible, selon le conférencier, d’avoir un agenda national patriotique qui ne remet pas en cause les différences politiques et idéologies.
« Il appartient aux acteurs du dialogue politique de trouver ce consensus qui nous sort du gouffre », a-t-il clamé. Le problème qu’il y a aujourd’hui, de l’avis de Me DIARRA, c’est que les Maliens ne sont pas capables de s’élever au-dessus du contentieux pour aller au dialogue.
Pour le président du MRP, le choix des personnalités ne constitue pas un problème, car il appartiendra à chaque participant de venir donner son avis en toute indépendance sur l’ordre du jour. De toutes les façons, dit-il, on était obligé de choisir des personnalités pour conduire ce dialogue.
À la question de savoir si son mouvement avait des liens avec le capitaine Sanogo, Me DIARRA tranche : « Je n’ai pas soutenu le coup d’Etat en 2012. Beaucoup ont soutenu le coup d’Etat par ce qu’il n’avait pas trouvé leur compte sous le régime ATT. Les Maliens aiment les raccourcis, dès que tu dis que tu soutiens le dialogue politique, on te taxe d’être un soutien du régime. Nous, nous travaillons en toute indépendance. Le caractère de souveraineté dudit dialogue dépend dans acteurs eux-mêmes. »
Par Abdoulaye OUATTARA