En réponse à l’appel de l’opposition, le peuple malien était, massivement, dans les rues samedi dernier. Partis de la Place de la Liberté, les marcheurs ont battu le pavé pendant près de 20 minutes pour se rendre au Monument de l’Indépendance. Là, des déclarations ont été faites par les leaders de l’opposition aux dizaines de milliers de personnes venues crier leur ras-le-bol au pouvoir.
Etaient présents la quasi-totalité des partis politiques de l’opposition républicaine et démocratique, à savoir AFP, ANCD-Mali, FARE An Ka Wuli, FCD, PARENA, Parti Lumière, PDES, PIDS, PSP et URD. Etaient également présents plusieurs membres de la Société Civile dont: les opérateurs économiques, les transporteurs, les syndicats, tous sont sortis, affirment-ils, pour dénoncer la mauvaise gouvernance dans lequel le pays est plongé depuis deux ans et demi. «Non à la mauvaise gestion du Nord ; non à la mauvaise gouvernance ; non à la corruption généralisée ; non à la dilapidation de nos maigres ressources ; non à l’arrogance et au mépris ; nous exigeons le retour d’ATT » tels étaient entre autres, les messages que l’on pouvait lire sur les pancartes et affiches brandies par les marcheurs. Ces slogans ont aussi été scandés par Tiéblé Dramé et Djiguiba Keita tout au long du parcours.
Prenant la parole pour sa déclaration de fin de marche, Soumaïla Cissé, le Chef de file de l’Opposition situe la marche dans son contexte. Notre Mali, indique-t-il, est en terribles souffrances sociales, en persistantes déviances affairistes, en misères économiques grandissantes et en méfiances inquiétantes de la communauté internationale et des investisseurs.
« Plus de 30 mois d’immobilisme, voire de recul ont anéanti l’espoir, le bonheur et l’honneur tant promis. Nous avons invité les Maliennes et les Maliens de tous bords, ce matin à « la Marche pour le Mali », pour faire entendre le cri de désespoir de notre peuple, le cri du peuple est notre cri à tous », a déclaré, le président de l’URD dans un tonnerre d’applaudissement.
Poursuivant sur la même lancée et adulé par un public acquis à sa cause, Soumaïla Cissé décline en dix (10) points les exigences des marcheurs au Gouvernement: Des Assises Nationales pour la Refondation de l’État ; le retour du Président ATT pour une vraie réconciliation nationale; la fin de la dilapidation des ressources publiques; l’emploi pour les jeunes; une meilleure dotation des FAMAS pour la défense de l’intégrité du territoire et la sécurisation des personnes et de leurs biens ; une gestion transparente des ressources allouées aux FAMA; un allègement de la souffrance quotidienne des ménages; la fin de la gestion patrimoniale de l’État; une meilleure présence de l’État et de ses démembrements (Éducation, Santé, Administration…) sur toute l’étendue du territoire national; le retour au dialogue pour contenir un malaise social grandissant.
Cette marche qui sonne comme un avertissement pour le régime IBK – « enfermé dans l’autisme » selon Tiéblé Dramé – a été un succès.
C’est du moins, ce que des observateurs avisés de la scène politique nous ont confié. Un peu comme un carton jaune à ne pas négliger au risque de la voir se transformer en carton rouge.
Mamadou TOGOLA
Source: Canard Déchainé