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Manu Dibango : Le génie du saxo quitte la scène

L’un des artistes les plus célèbres du continent et de tous les temps s’en est allé en cette matinée du mardi 24 mars 2020 à Paris en France, des suites de la pandémie du Covid-19. Il s’agit du Camerounais Manu Dibango, auteur d’une cinquantaine d’albums et qui a joué sur presque toutes les scènes du monde. Son ouverture d’esprit lui a permis de travailler avec toutes les générations d’artistes musiciens d’Afrique, mais aussi d’autres continents, comme l’Amérique, l’Europe et l’Asie. Le célèbre saxophoniste ne s’est jamais laissé dépasser par les courants musicaux à la mode de toutes les périodes, il est resté profondément attaché aux cultures africaines. Le Camerounais est à la base de la création, à l’aube des années 1970, de la «world music» avec le titre «Soul Makossa». Manu Dibango est un personnage-clé de la fin du XXè siècle. Que son œuvre soit inégale, c’est une évidence. Parce qu’il ne cherche pas le sans-faute et le succès à tous les coups, déclarait-il il y a une trentaine d’années dans la célèbre émission de Jean-Pierre Charbonnier sur Radio France internationale. Manu Dibango est au moins autant journaliste, anthropologue ou philosophe, que musicien. «Il m’avait promis de venir à Yanfolila pour la prochaine édition du Festival international du Wassouloun», a confié au téléphone Oumou Sangaré dont la dernière rencontre avec Manu Dibango remonte seulement à février à Paris. «Il n’avait rien, il était tout souriant», témoigne notre interlocutrice.

Manu Dibango, ou Emmanuel N’Djoké Dibango, à l’état-civil, naquît le 12 décembre 1933 à Douala au Cameroun.
Après des études primaires au Cameroun, il arrive en France en 1949. A partir de 1956, il écume, musicien et parfois chef d’orchestre, les boîtes de nuit et autres night club de la Belgique. Il flirte avec la véritable musique africaine. Jusque-là, il jouait essentiellement de la musique pour les Occidentaux, cha cha, tango, variété en tout genre… C’est le grand Joseph Kabasélé et l’African Jazz qui lui font découvrir la musique africaine. Fort de ce bon départ discographique, Manu fait un enregistrement solo. «African soul» mélange jazz, rumba et rythmes latino. Même si le résultat est honorable, Manu ne réussit pas à le faire produire.
À l’occasion de la 8è Coupe d’Afrique des Nations (Yaoundé 72), le saxophoniste compose un hymne dont la face B du 45 tours n’est autre que le plus gros tube africain de tous les temps, «Soul Makossa». Ce tube devient un succès aux USA et sera plagié par Michael Jackson vingt ans plus tard. Si ses voyages l’amènent le plus souvent à Paris, New York ou Yaoundé, c’est à Abidjan, capitale de la Côte d’Ivoire que Manu Dibango pose ses valises en 1975. Il dirige le nouvel orchestre de la Radio-télévision ivoirienne et y restera quatre ans. En 1978, il enregistre l’album «Home Made» avec des musiciens ghanéens et nigérians. Ses contacts avec ces derniers se font au fur et à mesure des allers et retours entre Abidjan et Lagos. Manu y côtoie aussi Fela, le roi de l’Afrobeat. En 1985, il arrange et fait jouer les meilleurs musiciens africains de la place de Paris pour apporter une contribution à l’Éthiopie avec l’opération «Tam-Tam pour l’Éthiopie». En 1986, il sort un nouveau disque intitulé «Afrijazzy». Le continent noir est une inépuisable source d’inspiration pour lui et le jazz, une passion très ancienne.
Démontrant une fois de plus sa grande adaptation à tous les courants musicaux, le plus grand saxophoniste africain publie, en 90, un album original intitulé «Polysonic». Sans perdre de vue ses racines, il joue les sorciers de la musique en concoctant un mélange sonore entre jazz, rap et traditionnel.
À l’occasion de son soixantième anniversaire, Manu Dibango sort un disque «Wakafrica ou l’Afrique en route». Projet ambitieux de réunification musicale de l’Afrique, il propose de revisiter le patrimoine de la chanson en invitant les ténors Youssou N’Dour, King Sunny Ade, Salif Keita, Angélique Kidjo, Ray Lema pour ne citer que ces noms. Il se produit ensuite, au Casino de Paris en mai pour une série de concerts.
À l’occasion de ses 80 ans, le vétéran camerounais multiplie les événements : après avoir fêté en avance cet anniversaire en mai par un concert à la mairie de Paris, il s’embarque dans une tournée d’une trentaine de dates qui fait escale dans des festivals de renom (Africajarc, Festival du bout du monde…). Pour ses 60 ans de carrière et ses 85 ans, le saxophoniste imagine un nouveau projet baptisé «Safari symphonique». Une représentation a ainsi eu lieu en juillet 2019 au festival Jazz à Vienne, avec l’Orchestre national de Lyon.

Dors en paix Manu !
Youssouf DOUMBIA

Source: Journal L’Essor-Mali

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