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Manifestation du 05 juin : Un saut dans l’inconnu

Le mouvement de soutien à l’Imam Dicko, entouré de certains groupements de partis politiques et de la société civile, appelle à une manifestation ce vendredi 5 juin pour « demander le départ du Président de la République ». Dès son annonce, la marche du 5 juin cristallise désormais les débats sur la scène nationale. Comme on pouvait s’y attendre, elle polarise également la société malienne (classe politique, société civile et leaders d’opinions).

 

A ce stade, trois positions principales se dégagent: les partisans de la marche, les « non-partants » et les indécis. Les premiers semblent être les plus nombreux et ils ne sont pas forcément que des partisans de la Cmas. Les organisateurs ont réussi dans leurs communications à rallier tous les déçus du régime et tous ceux qui sont, au quotidien, victimes de la mauvaise gouvernance. En plus des partisans déjà nombreux de l’Imam Dicko qui jouit d’une popularité indéniable et d’une capacité de mobilisation hors norme, les partisans du Chérif de Nioro seront vraisemblablement aussi de la partie.

Dans le groupe des « non partants », c’est-à-dire les détracteurs de la manifestation, on retrouve naturellement les partisans du régime et les soutiens du Président. On y retrouve également les membres des partis signataires de l’Accord. Politiques qui, autrefois dans l’opposition, étaient abonnés présents à toute manifestation de ce genre! Il y a aussi des leaders religieux qui ne seront pas de la partie et certains ont déjà affiché clairement ce choix.

Dans ce groupe, il y a également des personnes qui ne sont pas des partisans du régime, mais qui estiment que cette marche n’est pas appropriée au regard de la maladie du corona virus. Il y a ceux aussi qui s’inquiètent de l’environnement sécuritaire et d’un risque d’une instabilité politique.

Enfin, il y a le groupe des indécis. Ces deniers pour une raison ou une autre ne se sont pas et ne veulent se prononcer sur cet événement qui est pourtant sur toutes les lèvres dans le pays. Ils savent surtout que c’est une question délicate: et ils ne veulent surtout pas être perçus comme partisans de Dicko encore moins ceux du régime! Une autre frange importante de ce courant pense simplement que c’est une question entre politiciens pour des agendas purement politiciens.

QUELS SONT LES RAPPORTS DE FORCE ?

Si à Bamako les partisans de l’imam et ses alliés sont très nombreux et que la manifestation serait une véritable démonstration de force; le régime lui, sort affaibli par plusieurs scandales et crises, dispose encore de l’appareil d’Etat ainsi que le soutien de la communauté internationale. Comme autre atout, le pouvoir peut compter également sur ses nouveaux alliés, les opposants ayant signé l’accord politique.

Le régime profitera également des petites divisions internes de l’opposition qui n’est pour autant un bloc homogène.

Les partisans de Dicko gardent plus que jamais l’avantage populaire qui pourrait faire basculer les rapports de force sur la scène politique! Beaucoup de partis politiques frustrés par les législatives et candidats malheureux iront également grossir les rangs de la tendance de l’Imam.

À QUOI S’ATTENDRE ?

Il est très difficile de donner à l’avance les conséquences de la marche, mais on peut d’ores et déjà dire que le départ ou la démission du Président de la République ne serait pas envisageable pour l’instant. Il n’est pas à écarter aussi que le 5 juin soit le début d’une série de manifestations qui auraient comme finalité l’objectif du départ.

Faut rappeler que depuis son élection, le Président a été plusieurs fois défié par la rue de la capitale, le régime a toujours trouvé les moyens de désamorcer l’escalade. Cette fois le contexte est certes différent mais les ingrédients sont les mêmes et les acteurs pareils.

Parallèlement, comme dans toute crise politique, il y a déjà des mécanismes déclenchés pour une issue par le dialogue entre antagonistes.

Enfin, une chose est sûre: cette marche, si elle se tient comme prévu, pourrait recomposer l’échiquier politique national et propulser l’Imam Dicko à la tête de l’opposition extra-parlementaire. Depuis l’enlèvement de Soumaïla Cissé, l’opposition manque d’une personnalité forte capable de s’imposer et faire plier le régime sur certains sujets! Dicko incarnerait désormais ce visage dans les jours à venir. Il a été bien avant une personnalité très importante mais cette fois-ci, il sera au-devant en première ligne! Les religieux qui servaient autrefois de réservoirs de mobilisation sont en passe d’être les maîtres du jeu et dictent le rythme aux politiques. Est-ce déjà là une stratégie du « plan Dicko »?

Seul l’avenir nous édifiera davantage!

Mohamed Ag ASSORY

 Le Démocrate

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