Les partisans d’une transition longue confiée aux militaires arguent du temps et de l’autorité nécessaires pour créer les conditions d’un redressement dans un pays au bord du gouffre. Les autres invoquent au contraire le risque d’une instabilité encore accrue dans un Sahel déjà gagné par l’insécurité djihadiste, et le mauvais exemple régional donné par une junte maintenue durablement au pouvoir. La junte a initialement parlé d’une transition de trois ans sous la conduite d’un militaire. Elle s’est heurtée au refus net de la Cedeao.

Un scénario pas gagné d’avance

Ce cadre posé, il n’est pas dit que le contenu plaise à toute la communauté internationale, à commencer par les voisins du Mali au sein de la Communauté des États ouest-africains (Cedeao), qui réclament un retour des civils dans un an maximum, au terme d’une transition dirigée par des civils. Il faut rappeler que la Cedeao a donné à la junte jusqu’à mardi pour désigner un président et un Premier ministre civils. Elle a imposé au Mali un embargo sur les flux commerciaux et financiers.

Parallèlement, les membres de la junte devront surmonter des dissensions de plus en plus patentes, moins d’un mois après un putsch favorablement accueilli par des Maliens exaspérés devant la persistance des attaques djihadistes et des violences intercommunautaires et l’impuissance étatique dans tous les domaines. Dans les différentes salles où se sont répartis les délégués, la « charte » proposée a suscité des débats passionnés et parfois tendus.

Point important : la junte n’a pas dit à qui il reviendrait d’en rédiger la version finale, ni même quand elle serait rendue publique. Différents participants ont dit sous le couvert de l’anonymat s’attendre à ce que les colonels tranchent eux-mêmes sur la base d’une synthèse des débats des derniers jours. Le document ne serait publié qu’après la fin des travaux, prévue samedi, dans un délai non précisé, ont-ils dit. Des responsables de la junte devraient aller à la rencontre de chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao qui se réuniront mardi dans la capitale ghanéenne, a dit à l’AFP un collaborateur de l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, qui a mené une longue médiation dans la crise malienne.