La journaliste Gizem Adal, qui accompagnait le président turc lors de sa visite au Mali, a menacé des réfugiés turcs, ex-membres du collège Horizon.
Non content d’exporter son aversion inextinguible envers ses opposants, le président turc Recep Tayyip Erdogan aime s’entourer de journalistes dévoués qui prennent souvent des allures de militants. Le dernier exemple en date a eu lieu au Mali. Comme de coutume, Erdogan était accompagné de journalistes qui officient dans les médias liés au pouvoir comme A HABER. Gizem Adal, chargée de suivre le voyage présidentiel pour cette chaîne, s’est ainsi lancée dans une chasse à l’homme sur le territoire malien en menaçant des Turcs qui travaillaient dans le collège Horizon et qui ont le statut de réfugiés.
« Vous ne pourrez pas échapper à la Turquie ! »
Adal a pris l’initiative de les filmer avec son téléphone portable malgré le refus de ces derniers et a lancé à leur encontre : « Fuyez ! Fuyez ! Jusqu’où allez-vous fuir ! Vous ne pourrez pas échapper à la Turquie ! ». Cette apostrophe, qui convenait davantage à la bouche d’une véritable militante AKP qu’à celle d’une journaliste, était accompagnée dans le reportage diffusé de termes diffamatoires comme « les terroristes de FETÖ », en référence à l’acronyme créé par le pouvoir pour désigner le Hizmet, le mouvement initié par Fethullah Gülen. Depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016, qu’Erdogan impute au mouvement Gülen, la répression s’est abattue sur ses sympathisants en Turquie où les rafles, arrestations et emprisonnements sont devenus quotidiens. Ankara n’hésite pas non plus à procéder à des enlèvements comme en Thaïlande ou en Birmanie.
La pression sur les pays africains a également atteint des proportions inédites notamment depuis le lancement de la Fondation Maarif chargée de confisquer les écoles créées par le Hizmet. Contactées, les personnes concernées ont assuré qu’elles allaient lancer les procédures nécessaires pour menaces, atteinte au droit à l’image, violation de la vie privée et diffamation. Installés au Mali depuis 2002, les enseignants des écoles Horizon et leurs familles n’ont jamais eu de problème avec les autorités maliennes. « Aucun d’entre nous n’a jamais commis une quelconque infraction, c’est affolant que des sbires du président turc arrivent jusqu’à nous menacer au Mali et troubler notre vie paisible », s’est indigné l’un d’entre eux, sous couvert d’anonymat.
Ebruca Africa
La rédaction