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Mali : Un symptôme nommé Ras Bath

On s’agite beaucoup autour du cas de l’animateur Ras Bath  à Bamako.

youssouf mohamed bathily rasbat

Cela prend même des proportions assez hallucinantes.

Comme d’habitude, le débat public se déroule sur de fausses questions…

Ras Bath n’est qu’un symptôme d’un mal plus profond, généré par les choix de société du Mali.

Ce mal, c’est celui de l’exclusion. Le système Malien  sécurise les insiders au détriment des outsiders. Travail, logement sociaux, financement de projets, mieux vaut être dans la place que de frapper à la porte.

Ajouter à cela, les « déguerpis » de Bamako et les jeunes sans emplois, et vous obtenez Ras Bath, et encore, Ras Bath est gentil à coté de ce que ça pourrait être.

Comment peut-on imaginer que des gens se laissent exclure, économiquement, socialement ou psychologiquement, sans réagir et sans protester ?

En période de crise économique, la réaction est encore plus violente. Ras Bath n’est que la partie médiatiquement émergée de l’iceberg d’une détresse sociale.

Il n’a donc aucun mal à fédérer autour de son arrestation, avec un discours où il brocarde les symboles des « dominants » et prend pour cible un groupe, le gouvernement, qui donne l’image d’être des insiders parmi les insiders.

La posture de Ras Bath et de ses supporters, c’est un crachat des exclus à la figure de ceux qu’ils sont considèrent comme des « nantis » et qu’ils exècrent parce qu’ils occupent une place qui leur est refusée.

Il n’y a pas la moindre profondeur intellectuelle et encore moins de capacité à représenter une alternative au pouvoir en place. 

Ras Bath est avant tout un type en mal de reconnaissance. Rappelez-vous, au début de sa carrière, il est un bon petit animateur, qui fait dans l’anti-colonialisme. Et puis la reconnaissance attendue n’étant pas venue, il a basculé de l’autre coté, où les affaires marchent beaucoup mieux.

Cela n’aurait pas été Ras Bath, cela aurait été un autre qui aurait servi de porte-voix aux exclus que notre pays fabrique et entretient. Se concentrer sur la personne de Ras Bath, c’est comme regarder le doigt du sage qui montre la lune.

Le vrai problème, c’est la fermeture de la société Malienne, le refus d’intégrer. Pas seulement les pauvres, mais aussi les jeunes, les diplômés, les opposants politiques.

Le Mali ne fait plus assez société, et c’est ça qui génère des frustrations. Ras Bath n’est que l’expression de cette frustration, le porte-drapeau de ceux qui estiment (à juste titre ou pas) qu’on ne leur donne pas la place à laquelle ils estiment avoir droit.

 

Le vrai traitement du problème est de les empêcher d’avoir de l’audience. Pour cela, il faut comprendre les ressorts profonds de leur succès.

 

Le Collectif BI-TON a déja alerté les autorités sur le défi de l’emploi des jeunes. Malheureusement, il n’a pas été entendu

Il est important de bien se rendre compte que « Ras Bath » n’est ni un problème, ni même quelque chose qu’il faut combattre. C’est juste l’expression d’une société qui ne marche plus, d’un ascenseur social en panne, d’une élite de plus en plus coupée des réalités. Si on remet la société Malienne en marche, Ras Bath  disparaitra sans même que l’on s’en rende compte!

Tant que l’on ne règle pas tous ces problèmes, on aura d’autres Ras Bath qui vont émerger et les dénoncer ou les interdire ne servira qu’à augmenter leur audimat!
Moi par exemple, je me suis senti obligé de visualiser encore quelques vidéos de Ras Bath avant de pouvoir écrire cette tribune… et j’ai vraiment eu l’impression que Ras Bath ne mérite pas toute cette pub!

 

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