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Mali Sans Esclaves – Esclavage : ce qu’en disent les religions

Contrairement au christianisme, la religion musulmane reste ambiguë sur l’abolition de l’esclavage, ce qui explique la persistance de cette pratique chez certaines communautés au Mali.

Un jour, dans ma famille, un vieux est venu nous trouver en train de faire nos ablutions pour la prière de Zuhr. Lorsque nous lui avons demandé de diriger la prière,  il a répondu : « Non, je suis un jon. Je ne ne peux pas faire prier des nobles. Ce n’est pas permis. » Des propos qui m’ont choqué, mais renvoyant à un débat loin d’être réglé sur les religions et la pratique de l’esclavage.

L’histoire de l’esclavage et celle des religions ont presque toujours été liées et ont cheminé ensemble. Les trois religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam), même si elles ne l’ont jamais autorisée, ont cependant été tolérantes à l’égard de la pratique de l’esclavage.

Les deux grandes religions du pays, l’islam et le christianisme (moins de 5 % de la population malienne, à majorité musulmane, se réclame de la religion chrétienne), ont en effet eu dans l’histoire des rapports plus ou moins ambigus avec l’esclavage.

L’église catholique a mis du temps à condamner formellement l’esclavage. Au sein de l’Eglise, Charles Lavigerie fut le premier Cardinal à mener la lutte contre l’esclavage après ses différentes missions en Algérie. Pour que cette lutte puisse aboutir, il a fallu attendre jusqu’en 1839 pour que le pape Grégoire XVI le condamne de façon formelle.

Le Pape demande pardon

« L’église catholique a joué un très grand rôle pour l’amélioration des conditions de vie des esclaves, car si dans l’ancien testament l’esclavage était reconnu comme une institution, dans le nouveau testament les conditions des esclaves se sont beaucoup améliorées…»explique l’abbé Toussaint Ouologuem, professeur de Bible au grand séminaire Saint-Augustin de Samaya (Kati).

Sous le pontificat du pape Jean-Paul II, en 1992, l’église catholique est allée jusqu’à demander pardon pour avoir encouragé et soutenu l’esclavage des Africains. En dehors de la période coloniale, nous n’avons pas trouvé des traces de l’esclavage dans la communauté chrétienne malienne.

Le Coran, dans la sourate 16, « Les abeilles », verset 71, dit : « Dieu a favorisé certains d’entre vous plus que d’autres dans la répartition de ses dons. Que ceux qui ont été favorisés ne reversent pas ce qui leur a été accordé à leurs esclaves au point que ceux-ci deviennent leurs égaux. Nieront-ils les bienfaits d’Allah ? »

L’esclavage était reconnu par la religion musulmane et revenait à de nombreuses reprises dans les versets du Coran. Le fait que le pays soit devenu une République laïque a permis de réduire le débat sur l’abolition de l’esclavage dans la religion musulmane. Pourtant, l’article 2 de la Constitution malienne prône l’égalité et  condamne les actes assimilables à la pratique de l’esclavage.

Les fidèles divisés

Des mécanismes juridiques sont également mis en place pour lutter contre la pratique, mais des failles existent et certains passent par les mailles du filet pour pratiquer l’esclavage. A côté de la non existence de textes qui condamnent explicitement l’esclavage dans la religion, les musulmans ont des avis partagés sur la pratique. « Je suis  musulman pratiquant, et j’aime beaucoup ma religion. Je pense que l’esclavage est toujours permis dans notre religion, donc vouloir s’opposer à cette pratique est une décision contraire à la parole divine », défend Amadou Sy, membre du comité d’entretien d’une mosquée.

Cet avis n’est pas partagé par tous, car il y a une autre partie qui défend bec et ongles qu’un musulman ne doit plus avoir d’esclave, car le prophète avant sa mort a décidé d’affranchir tous ses esclaves.

« L’esclavage n’a pas été abolie par la religion musulmane, mais le prophète avant sa mort a affranchi l’ensemble de ses esclaves. Je pense que les conditions que l’islam exige du maître vis-à-vis de son esclave doivent nous faire comprendre qu’il est préférable d’arrêter la pratique », explique Amadou Bayo, imam adjoint de la mosquée de Komoguel 2, à Mopti.

Source: Benbere

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