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MALI : Quand l’équation de la paix se complique

La paix que l’on espère encore au nord et relativement au centre du Mali est sur le point de fuir le sud du pays.

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Après la transition politique dirigée par le professeur Dioncounda Traoré, l’on pensait que le Mali était bien parti pour tourner définitivement la page de la plus grave crise politico-sécuritaire de son existence. Les messages de fermeté et d’optimisme du nouveau locataire du palais présidentiel avaient convaincu nos compatriotes que l’actuel chef de l’Etat était « l’homme de la situation ». Mais, au fil du temps, Ibrahim Boubacar Keita a perdu les pédales, son régime se trompant cruellement d’ennemis et se nourrissant d’illusions. L’une des conséquences de cette perte des repères présidentielles est la division des Maliens sur des questions existentielles, alors que l’unité nationale est plus que jamais requise. Les autorités sont-elles conscientes des risques que court le Mali avec des citoyens divisés?

La question mérite d’être posée en ce sens que le gouvernement ne veut pas couper la poire en deux concernant certains de ses projets, au nom de la cohésion sociale.

La radicalisation des positions des uns et des autres enfonce le Mali dans le gouffre. Une descente aux enfers qui rend plus difficile l’équation de la paix et dont les gouvernants auraient mieux fait d’éviter.

Le dialogue est l’un des talons d’Achille de la gouvernance actuelle. Le régime IBK éprouve toutes les peines du monde à communiquer efficacement avec les Maliens. Le très controversé projet de reforme constitutionnelle en est une preuve irréfutable. Usant du subterfuge qu’est devenu le boiteux Accord pour la paix et la réconciliation, le gouvernement voulait faire passer comme une lettre à la poste une nouvelle constitution, sans au préalable, l’aval de la grande majorité des Maliens. Les contestations et les mouvements de colère autour de ce projet ne faiblissent pas. En témoignent les démonstrations de force à l’intérieur et à l’extérieur du pays, depuis plusieurs semaines. L’opposition politique a vite été rejointe dans son combat contre la « constitution venue de l’étranger » par d’éminents membres de la société civile et des citoyens lambdas épris de paix et de justice.

Chaos

L’objectif est d’obtenir du président de la République le retrait « pur et simple » de son projet de révision. Comme réponse du berger à la bergère, le camp présidentiel ou celui du « oui » à la nouvelle constitution essaie de se signaler sur le terrain à travers des meetings et autres conférences de presse. Il y a donc deux forces en présence dont les positions deviennent de plus en plus irréconciliables. Pendant ce temps, l’Etat, au lieu de calmer le jeu, semble s’entêter à l’exécution de son projet. Ce qui ouvre la voie à plus de tensions sociopolitiques au sud du pays.

Au nord, l’on est très loin de la paix souhaitée. L’accord pour la paix et la réconciliation sur laquelle le gouvernement veut s’appuyer pour faire adopter une nouvelle constitution a accouché d’une « insécurité résiduelle ». Cette dernière, qui inquiète plus d’un, a non seulement rendu la vie insupportable aux paisibles populations du septentrion mais elle coupe également le sommeil aux habitants du centre. Les narcotrafiquants et autres djihadistes continuent de dicter leurs lois sur les pauvres résidents de ces localités, tout en attaquant, systématiquement, les positions des forces maliennes et étrangères. Et pour ne rien arranger, des groupes armés signataires du deal de paix en 2015 se combattent, intempestivement, alors qu’ils sont supposés s’atteler à la mise en œuvre de l’Accord de paix et permettre ainsi l’esseulement des terroristes. Les combats meurtriers du 11 juillet dernier entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme ont confirmé que les rivalités entre les deux camps ont de beaux jours devant elles. Une situation face à laquelle le Comité de suivi de l’Accord (CSA), qui vient de tenir sa 19e session à Bamako, s’est montré impuissant.

La situation au nord du pays serait mieux, si les autorités géraient ce dossier avec plus de clairvoyance. Au lieu de faire leur autocritique et de rectifier le tir, les dirigeants affichent leur satisfecit. Dans un entretien récent chez nos confrères de RFI, Me Baber Gano, ministre des Transports et non moins secrétaire général du parti présidentiel, a estimé que tout se passe bien avec l’Accord de paix. « Les accords d’Alger marchent très bien. Les accords d’Alger ont permis au gouvernement malien de déployer les forces conjointes dans les normes. Aujourd’hui, l’opérationnalisation du MOC est une réalité. Les autorités intérimaires ont pu être installées dans les régions du Nord. Il n y a pas une autre alternative que de rester derrière cet accord pour que la paix et la réconciliation puissent être une réalité », s’est félicité le poulain d’IBK. Des propos qui confirment le déphasage entre la réalité sur le terrain et les messages que véhicule l’Etat sur le nord.

Ogopémo Ouologuem

(correspondant aux USA)

 

Source: lesechos

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