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Mali : Macron va-t-il renforcer le sentiment anti-français ?

Au Mali, se joue depuis quelques années déjà une des plus importantes opérations françaises en Afrique post-indépendances. Bénéficiant jusqu’à tout récemment d’un pouvoir favorable (celui d’Ibrahim Boubacar Keita) à sa politique, la France doit composer contre toute attente à une hostilité des populations quelques mois après le début des opérations.

Depuis l’année dernière, la donne semble avoir une fois encore changé. Avec le putsch du colonel Assimi Goïta, c’est une nouvelle épine que la France a dans le pied. Un nouveau pouvoir non attendu qui dès le départ a suscité la méfiance de Paris. Mais l’allié IBK était trop décrié pour lui manifester un soutien direct.
Coincé, Macron fait une première bourdeLa première bourde du président Macron viendra de l’analyse qu’il fait de la situation après ce que beaucoup considèrent comme le deuxième coup d’état de Goïta, cette année, après avoir refusé de voir évincé ses proches du pouvoir. Macron qui avait précédemment adoubé la prise du pouvoir par la force du fils du président Déby, a maladroitement critiqué celui de Goïta. « Y’a t’il des coups d’état acceptables ? » se sont demandés des maliens sur la toile.

La France marche sur des œufsLa situation en Afrique inquiète les politiciens français, avec à leur tête le président Macron. En effet, le sentiment anti-français s’est considérablement accru ses dernières années. Sur fond de démocratisation de l’information via le net, la France ne peut plus contrôler les informations favorables ou non qui sont diffusées sur le continent. L’entrée en jeu de concurrents comme la Chine ou la Russie apporte son lot de guéguerre de l’information où tous les coups sont permis.
Les coups bas de la France après les indépendances en Afrique, les assassinats de présidents et d’opposants qui s’en sont suivis, nuisent aux projets français aussi nobles soient-ils. Et pour finir, le racisme ambiant en France que les autorités peinent à juguler ne jouent pas non plus en faveur d’un discours crédible de Paris. Mais hormis le discours officiel, le Sahel représente un secteur plus que stratégique pour la France, et pas que sur le plan sécuritaire européen comme le veut le discours officiel. Un simple exemple, l’uranium nigérien situé près du Mali et qui alimente le secteur vital du nucléaire. Quiconque bloquerait l’accès à l’uranium, bloquerait l’électricité en France, sans parler du secteur militaire.

La frayeur de l’arrivée des russesL’arrivée des russes n’est pas non plus de nature à rassurer Paris. Les russes ayant cette fâcheuse habitude de soutenir ceux que Paris rejettent et de réussir, en tout cas, dans le cas syrien à déjouer les pronostics. Bachar el-Assad en sait quelque chose. En Centrafrique, le président Touadéra a eu, avec les russes, un solide appui, une douche froide pour les rebelles dirigés par l’ancien président Bozizé. Ce dernier avait par ailleurs été directement menacé par l’ambassadeur russe.
Paris a tôt fait d’avertir les nouveaux hommes forts du Mali d’une perte de soutien français, mais aussi de la communauté internationale en cas de signature avec les russes. Mais est-ce une bonne stratégie ? Qu’y a t’il de pire qu’un pouvoir hostile à la France ? Un peuple hostile.

Le risque de renforcement du sentiment anti-Français est plus que jamais présent. Un petit tour sur les réseaux sociaux, les groupes et forums de discussion WhatsApp et autres pour comprendre l’ampleur du phénomène. Et lorsque le président français critique ouvertement un pouvoir malien, qu’il juge indirectement illégitime, il satisfait sa base en France en montrant l’image d’un président fort, qui ne se laisse pas intimider, mais oublie que son message est également diffusé en Afrique. Perçu comme un donneur de leçon, il suscite depuis quelques heures des commentaires violents y compris sur les pages des médias français.

« Donc maintenant Emmanuel Macron est devenu le président de la République du Mali? C’est arrivé là-bas koi? » affirme par exemple l’internaute Mab Sky en commentaire sur un article de RFI. « Moi je comprends pas une chose pourquoi est-ce la France s’entête à apporter son aide au Mali pendant que ces derniers n’en veulent plus… » affirme Modeste Kaou. Un florilège de réactions contre les propos jugés excessifs du leader de l’Hexagone. En pensant bien faire, va-t-il renforcer l’aile dure des anti-français en Afrique ?

Source : La tribune.fr

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