Alors que son processus d’adoption n’était pas encore enclenché selon des organisations de la société civile, l’avant projet de loi sur le genre suscite déjà la polémique et son adoption semble pour le moment remise en cause. Les réticences du Haut Conseil Islamique du Mali (HCI) ont eu raison de la volonté du gouvernement de transition qui a décidé de surseoir à l’adoption de cet avant projet. Une décision dont s’est réjouit le HCI lors d’une conférence de presse le 2 janvier 2021. Mais pour faire évoluer la situation des femmes, il faudrait plus qu’une loi, une volonté et un consensus sans faille.

« Il fallait d’abord mieux expliquer le contenu. Par exemple il y a une allusion à certaines dispositions qui seraient sur l’homosexualité, alors qu’il n’en est rien. Il faut se rencontrer et discuter point par point au lieu de traduire comme on veut », estime madame Diawara Bintou Coulibaly, présidente de l’Association pour le Progrès et la Défense des Droits des Femmes (APDF).

Si des rencontres autour de la loi sont nécessaires pour permettre à ceux qui ont écrit la loi d’expliquer le contenu des dispositions, il faut aussi rappeler, que le Mali est tenu par des engagements internationaux, ajoute madame Diawara.

«  Parce que le Mali a aussi des engagements internationaux auxquels il a volontairement souscrits et qu’il doit respecter ».

Malgré tout, il était convenu d’avoir « des points d’entente », à travers la mise  en place d’une « commission et de relever les points de désaccord avec les règles de la religion musulmane ». «  A notre grande surprise, le contenu de la loi a été contesté sans cette discussion préalable », déplore madame Diawara.

Réticence incomprise

C’est même une démarche « insidieuse, juste pour s’opposer au nom de prétendues coutumes », dénonce pour sa part une militante des droits de la femme, qui préfère garder l’anonymat. Sinon, l’adoption de la loi  n’était même pas à l’ordre du jour. « Le processus d’adoption n’était pas enclenché et l’avant projet était entrain d’être lu et relu par le groupe mis en place pour sa rédaction ».

Pourtant cette loi est faîte pour protéger celles qui n’ont ni les moyens ni la capacité de défendre leurs droits et qui subissent, explique t-elle.  Il y a des réalités non traitées dans ce pays que cette loi veut prendre en charge, des situations qui concernent aussi les hommes. Qu’il s’agisse par exemple de viol ou de harcèlement. Egalement,  la punition de l’infanticide et le droit de provoquer l’interruption de la grossesse en cas de viol, justement pour éviter ces infanticides.

Les réalités coutumières existent, mais les engagements internationaux s’imposent, insiste la présidente de l’APDF. Et c’est de façon consciente que nos représentants se sont engagés, alors qu’ils pouvaient émettre des réserves.

« Les organisations de la société civile ne sont  que les exécutants  de ce que nos représentants eux-mêmes ont adopté ». « Il n y a rien de l’occident »,  se défend la militante. « Des réalités que nous vivons au quotidien ».  Elle reste convaincue qu’une application stricte de la loi, permettra de réduire considérablement le phénomène et qu’il n ya que la volonté politique pour le faire, «  malheureusement le rapport de est défavorable » aux autorités,  conclut elle.