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Mali : Les autorités successives ont manqué de vision pour le Nord

Depuis l’indépendance, le 22 septembre 1960, notre pays vit une crise récurrente au nord. Le moins que l’on puisse dire c’est que les solutions qui sont jusque-là proposées n’ont toujours pas été les bonnes (en attendant le futur Accord d’Alger). Question ? Pourquoi tout ça ne marche pas ?

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Quand la première rébellion a éclaté après en 1963, l’unique solution que l’Etat a trouvée fut la répression. On a envoyé un certain Zoubeyba mater les rebelles. Certains furent tués, d’autres prirent la route de la Libye, de l’Algérie, de l’Arabie saoudite et même de l’Irak, les autres abdiquèrent et se résignèrent à remettre leur refus de reconnaissance de l’Etat malien à plus tard.

 

Ce n’était que partie remise. Ensuite, on enverra un certain Diby Silas Diarra qui se mit lui aussi à employer la manière forte à Kidal. Tous les moyens étaient bons pour étouffer toutes velléités sécessionnistes dans l’œuf. Diby fit tellement de victimes à Kidal qu’on nommera une partie de la ville située en hauteur « Diby Koulouni », la colline de Diby.

 

En réalité, les rebelles n’avaient reculé que pour mieux sauter quelques années plus tard. Ils se préparaient. Eux et/ou leurs fils. Et en 1990, la rébellion reprendra de plus bel. A partir de Ménaka, on a créé dans le pays (principalement au Nord) un désordre tel que l’Etat a été obligé de s’asseoir, avec les fils de ceux qu’ils avaient combattu en 1963, en Algérie pour signer un accord à Tamanrasset. C’était sous la IIe République. Encore une fois, on n’avait pas résolu la question du Nord. On avait juste mis les soucis à plus tard à travers un document qui n’allait être respecté par aucun des protagonistes.

 

Après les fameux accords de Tamanrasset, le pays connut un répit. La situation se calma et les populations commençaient à vaquer à leurs occupations… à coût de milliards. Des projets furent initiés et financés en faveur de la partie septentrionale de notre pays et de ses habitants. Pour la première fois, des ex-combattants furent intégrés dans les Forces armées, l’administration, etc. Ceux qui avaient choisi autre chose ont vu leurs projets financés. Les autres grands projets ont été confiés exclusivement à des ressortissants du Nord.

 

Vous avez dit boîte de Pandore ?

Sans qu’on le sache (ou peut être que certains le savaient et faisaient sciemment), on venait d’ouvrir la boîte de Pandore. Désormais, tous les acteurs de la question étaient conscients que le Nord était une source de revenu, un puits de pétrole intarissable. Au et au vu de tous, ceux qui avaient voix au chapitre sur la question s’enrichissait à vue d’œil. Et personne ne se demandait pourquoi.

 

L’essentiel pour tous, c’était que le Nord soit calme et qu’on n’entende plus parler de rébellion. Erreur, au début des années 2000, les Bahanga et Fagaga se signalèrent à leur tour. On créera de toutes pièces des communes pour la circonstance (701 à 703 communes). Encore une fois, on venait de déplacer le problème. La solution était loin d’être trouvée.

 

En 2006, une nouvelle rébellion éclatera avec les tristement célèbres Ag Bibi et autres Iyad Ag Ghali. On se transporta à Alger pour signer les Accords qui portent le nom de cette ville. Cet accord était le pire de tous. Il a démilitarisé une grande partie du Nord de notre pays, avec la complicité de l’Algérie qui avait un autre enjeu dans la question. Il s’agissait, pour ce pays d’avoir un œil sur cette zone et d’y « exporter » ses rebelles du GSPC.

 

Depuis, le septentrion de notre pays n’a jamais été calme. Il est devenu un no man’s land dans lequel s’est implanté toutes sortes de trafics et où sont venus s’installer les terroristes les plus dangereux de la planète. Ce n’est qu’avec la récente rébellion qu’on s’est rendu compte effectivement de ce qu’on venait de faire.

 

Et survint la crise libyenne

Il se dit que le président Alpha Oumar Konaré avait un deal avec Mouammar Kadhafi et que cet accord avait été renouvelé par le président Amadou Toumani Touré. Il consistait pour le Guide de la Révolution libyenne de retenir chez lui les Touaregs les plus belliqueux afin que ces derniers ne reviennent pas combattre sur nos terres. Kadhafi les utilisait et les entretenait. C’était avant que Nicolas Sarkozy ne décide que le Guide devait mourir.

 

Quand le Guide libyen fut assassiné par la coalition France, ONU, Otan, USA, avec la complicité de ces mêmes Touaregs, notre pays a commencé à vivre la pire crise de son histoire. Sa garde prétorienne n’avait plus où aller. Il se dit d’ailleurs qu’on les avait promis une terre au Mali. En tout cas, ils débarquèrent avec armes et bagages et revendiquèrent ouvertement leur territoire.

 

Encore une fois, on n’avait aucune solution. Après surgirent le MNLA, Ançar Eddine et autres Aqmi. Dans un premier temps, on a essayé de nier l’évidence. Ensuite on fit – encore une fois – recours aux milices d’auto-défense, à la fabrication et à l’entretien de faux mythes tels que le prénommé Gamou, avant de se résigner et comprendre qu’il faut revenir à la table des négociations.

 

Par rapport à ces négociations également, on n’est ni rassuré, ni rassurant. Car, déjà la présence de groupes non armés récemment à Alger n’est pas faite pour éclaircir l’horizon. Pendant que ces derniers apposaient leurs signatures sur un document, le président de la République disait son aversion pour les milices d’auto-défense. Que veut-on finalement ?

 

Moussa Touré

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