L’entrée en production de Goulamina est attendue en 2024, ce qui en fera la première mine de lithium du Mali. Si le projet de transformation devrait permettre à ses propriétaires de générer des revenus au-delà de la simple exportation du minerai, l’État malien n’est pour le moment pas impliqué.
La compagnie minière australienne Leo Lithium mènera une étude de faisabilité pour une installation de transformation de lithium en Europe, alimentée par la production de Goulamina, une mine de lithium qu’elle construit actuellement au Mali. Selon un communiqué publié le 29 mai, ce projet commun avec le copropriétaire de Goulamina, le chinois Ganfeng Lithium, permettra de produire de l’hydroxyde de lithium, matériau utilisé dans les batteries lithium-ion.
Producteur de batteries et aussi spécialisé dans la production de matériaux de batteries lithium-ion, Ganfeng s’occupera des aspects techniques du projet, notamment du choix de la technologie de transformation, de l’ingénierie et de la conception de l’usine. Quant à Leo, elle s’occupera de la recherche du site approprié en Europe ou dans « une région située à une distance raisonnable de l’Afrique de l’Ouest », des discussions avec les partenaires potentiels et de l’analyse économique.
Au cours de la première phase d’exploitation de Goulamina, notons que 100 % de la production de la mine malienne sera cédée à Ganfeng qui a financé les travaux de construction. Pour la phase 2 qui devrait permettre de produire 500 000 tonnes de spodumène par an, Ganfeng a le droit d’acheter jusqu’à 350 000 tonnes, laissant 150 000 tonnes à Leo Lithium que ce dernier pourra vendre à d’autres acheteurs.
Une fois l’installation de transformation envisagée par les deux partenaires en service, Ganfeng continuera de traiter en Chine une partie du lithium obtenu à Goulamina (150 000 tonnes), réservant le reste (soit 200 000 tonnes) à l’usine commune avec Leo Lithium. La compagnie australienne fera également traiter sa part de la production de Goulamina dans la future usine, dès son entrée en service.
Quid de la transformation locale ?
Selon un rapport de la Banque africaine de développement, le continent africain ne devrait capter que 55 milliards de dollars d’ici 2025, sur un marché global des batteries et des véhicules électriques estimé à 8800 milliards de dollars. Malgré le fait que plusieurs minéraux essentiels à ce marché sont produits sur le continent, l’industrie de la transformation locale est encore très peu développée. Pour le moment, le Mali n’a d’ailleurs pas manifesté sa volonté de transformer son lithium.
Une telle éventualité n’est cependant pas à écarter à long terme, vu l’émergence de projets de transformation dans d’autres pays producteurs de minéraux stratégiques comme le Zimbabwe, le seul en Afrique à produire du lithium, ou encore en RDC et en Zambie, les deux principaux producteurs africains de cuivre. Il faudra néanmoins surmonter certains obstacles pour y arriver.
Dans un récent rapport consacré à la faisabilité d’une industrie africaine de batteries électriques, Ecofin Pro estime en effet que les pays africains doivent notamment développer une chaine d’approvisionnement « solide et sûre » pour les matières premières, tout en réussissant à mobiliser d’importants financements pour construire les usines, dans un contexte de rude concurrence avec les leaders chinois du marché.
Emiliano Tossou
agenceecofin