Ces derniers jours au Mali ont été rythmés par plusieurs actes terroristes. Alors que le retour à l’ordre constitutionnel s’apprête à être signé par l’élection des membres de l’Assemblée nationale, les Maliens craignent que les groupuscules djihadistes n’attendent que le bon moment pour agir de nouveau.
Dans la soirée de lundi 16 décembre, deux obus ont été tirés sur un camp militaire dans lequel sont stationnés des soldats français et de l’ONU à Kidal, au nord du Mali.
Les actes terroristes bousculent le cours des élections législatives
Cet incident n’aurait fait aucun blessés, ni dégâts, le tir d’obus ayant survolé le camp. Quelques jours plus tôt, un attentat à la voiture piégée perpétré par des djihadistes contre une banque de Kidal a fait deux morts parmi les casques bleus sénégalais déployés dans la ville. Sept autres soldats ont été blessés au cours de cette attaque.
Encore plus tôt, le 10 décembre dernier, le gouvernement français annonçait que les forces françaises avaient tué 19 islamistes dans la région de Tombouctou, précisant que les opérations se poursuivaient dans la région.
Ces derniers événements, survenus à quelques jours d’intervalle, et alors que les Maliens étaient appelés, dimanche 15 décembre, à élire les députés de leur Parlement, rappellent à la population que le danger djihadiste n’a pas disparu, malgré une année d’intervention française et onusienne.
Des cellules islamistes reconstituées
Après le temps de la fuite, est venu le temps de la reconstruction. Les nombreux observateurs l’affirment, les différents mouvements djihadistes ont bénéficié de temps pour se reconstruire. Il est cependant difficile, dans l’état actuel des choses, de déterminer ce que représente cette menace aujourd’hui.
« Ceux d’entre eux issus de la communauté touarègue de l’ADRAR, qui ont oscillé entre AQMI, Ansar Dine et même le MNLA semblent toujours présents dans la région de Kidal », estime ainsi Francis Simonis, spécialiste de la région et membre du Centre d’études des mondes africains. « Les djihadistes du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) sont eux aussi présents dans la région de Kidal où ils bénéficient parfois du soutien de la population dans les villages », ajoute-t-il encore.
Seuls les membres d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) auraient bel et bien quitté le territoire malien pour « se reconstituer en Libye », indique encore Francis Simonis.
Le véritable problème que rencontrent les autorités demeure la reconnaissance de ces éléments terroristes. En effet, ils sont nombreux à être revenus dans « la vie civile » et à s’être fondus dans la population.
La population craint un retour des djihadistes
Si le danger reste centralisé au nord du Mali, où l’instabilité demeure en raison des volontés indépendantistes des Touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), l’inquiétude gagne également le sud du pays.
A Mopti, ou encore Konna, villes qui ont subi l’invasion islamiste avant d’être libérées par l’opération Serval, le souvenir des djihadistes est encore brûlant, comme le révèle les témoignages des habitants sur place.
« Quand on voit ce qui se passe à Kidal, on se dit que le Mali reste sous la menace », s’inquiète ainsi une habitante, dans des propos retranscris par Le Monde. Pour un autre, la crise se reproduira forcément, « pas de la même façon, mais ça se répétera toujours », indique encore un autre habitant. « Les autorités n’ont jamais fait ce qu’il fallait là-haut », ajoute-t-il en faisant référence à la crise qui secoue le Nord-Mali.