Avant même d’être religieux, le djihadisme au Sahel est en premier lieu du grand banditisme. En effet, la zone est une plaque tournante de trafics en tout genre, et le djihadisme est surtout utilisé comme couverture pour des activités illégales. Derrière le terrorisme se cache la criminalité ordinaire, qui se sert de l’Islam pour justifier ses attaques, pillages et exactions.
Ces dernières années, le Sahel, autrefois prisée par les touristes pour la beauté de ses paysages et l’hospitalité de ses populations, a connu une hausse des violences plus rapide qu’aucune autre région du monde. Au Mali, au Niger et au Burkina Faso, le nombre de victimes d’attaques terroristes n’a eu cesse d’augmenter.
Pour expliquer ce phénomène, les liens entre grand banditisme et djihadisme sont systématiquement évoqués. Les groupes terroristes s’appuient sur des bandes criminelles pour s’implanter et s’approprier de nouvelles zones. Les uns acheminent et revendent sous la protection des autres en contrepartie d’un financement de leurs actions.
Bien qu’il existe quelques fanatiques qui ont un projet macabre empreint de religiosité, le terrorisme est surtout utilisé comme prétextepour les activités illégales fortement lucratives, telles que les meurtres, les prises d’otages, le trafic de drogues ou l’exploitation de l’immigration clandestine. Ainsi, les revendications idéologiques des « djihadistes » servent à excuser le caractère illicite de leurs actes et l’emploi de la barbarie.
Un accent particulier est mis sur le rôle de la religion dans les raisons qui poussent nos jeunes à rejoindre les groupes armés djihadistes. Pourtant, la majorité explique avoir rejoint ces groupes pour des raisons financières, pour se protéger ou pour protéger leur communauté.
Pour une personne pauvre et sans perspective d’avenir, rejoindre un groupe armé terroriste, c’est s’assurer parfois de funestes revenus. Sous la bannière d’une idéologie extrémiste, ils disposent d’une justification rêvée pour tuer, voler, piller, confisquer, attaquer, taxer, contrôler et s’approprier des terres dans le seul but de s’enrichir.
Cette situation met en lumière les limites de nos politiques axées sur la lutte contre l’intégrisme religieux. Il importe donc de penser différemment le terrorisme islamiste, comme un « djihadisme de prétexte ». Comme tout opérateur économique, les groupes armés terroristes s’adaptent au contexte local. Ils profitent d’une pauvreté récurrente, de la porosité des frontières, de tensions communautaires, et enfin du manque de gouvernance de nos États.
Pour dissuader ces criminels d’utiliser nos pays comme points de trafic, nos dirigeants doivent renforcer les lois nationales et promouvoir la coopération. On ne peut nier que les solutions militaires ont leur place actuellement et surtout en l’absence d’un Etat fort et uni. En outre l’intervention de pays alliés dont la France a largement réduit les profits issus des trafics, mais une meilleure justice sociale, de bonne gouvernance, le développement économique et social par des politiques locales, permettrait une baisse significative de l’influence de ces groupes et éviterait le sacrifice de toute notre jeunesse.
Boubacar Samba