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MALI, IBK Pourquoi tant de Violence ? La démocratie sous couvert des armes?

La démocratie n’est pas la guerre. Chez les anciens Grecs, la démocratie est d’abord un concept, puis un modèle politique qui a ses vertus comme ses vices. Or, en Afrique, d’abord quand nous imitons, nous imitons mal, et nous réinjectons les maux sur nos peuples. Cette façon de voir ou de faire les choses politiques est désastreuse. Les armes contre les citoyens, contre le peuple, contre la démocratie est une négation de l’art politique. Socrate ne prenait pas les armes contre ses concitoyens, mais il faisait la guerre contre l’ignorance. Il suit donc logique d’avancer que toutes les fois où des individus prennent des armes pour s’emparer du pouvoir démocratique ou quand des autorités donnent l’ordre  aux forces publiques de faire feu sur les enfants du peuple, ils sont tout bonnement des barbares et incompétents pour diriger démocratiquement un Etat. En réprimant sauvagement la marche pacifique du 02 Juin de la Coalition pour l’Alternance, le gouvernement d’IBK au Mali a franchi le Rubicon. L’usage disproportionné de la force a porté gravement atteinte aux droits et libertés des citoyens de manifester, et à la souveraineté du peuple malien. Mais cette répression n’est-elle pas prévisible ?

Sciemment orchestrée pour briser l’élan de la Coalition pour l’Alternance ? N’illustre-t-elle pas la grande peur d’IBK pour les élections présidentielles qui s’annoncent ?

Par essence, il nous semble que la fonction des armes est de servir quand il y a une guerre avec un ennemi extérieur, comme par exemple contre les terroristes djihadistes. Mais quand ce sont des autorités qui braquent les armes contre leurs concitoyens, il ya péril grave dans la République. Socrate dans La République interdisait la guerre entre grecs, c’est-à-dire les conflits civiques, conflits internes. Pour Aristote, l’origine de la stasis  (Conflits civiques, discordes) trouve ses fondements dans l’inefficience de la justice, et donc des lois (nomoï) qui n’ont pas permis d’asseoir l’égalité proportionnelle, d’où inéluctablement cette lutte quasi-éternelle entre pauvres et riches.

 

Au sens large, la stasis définit les tensions ou les discordes civiles, dont leurs exacerbations, ou leurs extrémismes peuvent conduire à la guerre civile. Au Mali, ainsi que nous le savons, depuis les marches de la plateforme Antè Abana qui a permis de rassembler quasiment tous les patriotes maliens, le camp du pouvoir a vu et compris sa limite, l’érection d’une nouvelle force politique capable de l’évincer quelles que soient les manœuvres sournoises du pouvoir. Depuis lors, IBK ne dort plus, est hanté pas sa future déconfiture. Le recours à la force, à la violence par les moyens de l’Etat est derechef l’excellente preuve que son régime agonise. IBK n’a plus d’arguments pour convaincre les maliens. Il a commis la grave erreur en ces dernières encablures des Présidentielles d’opter pour la répression par les armes.

 

Cette répression de la marche du 02 juin de la Coalition pour l’Alternance en 2018 au Mali, est la preuve évidente qu’en Afrique, le pouvoir démocratique est constamment contesté,  et le recours aux armes, c’est-à-dire aux appareils répressifs de l’Etat apparaît comme ultime solution pour les dirigeants qui ne veulent pas l’Alternance, ou qui veulent conserver le pouvoir même contre les Lois Constitutionnelles. N’importe quel Président zigoto, qui n’est pas en bons termes avec le peuple, se croît en droit de prendre des armes pour piétiner la Constitution. Autant alors ne plus parler de démocratie, mais laisser la place aux armes de décider qui est plus légitime à défaut de compétence pour diriger l’Etat.

 

De plus en plus et c’est fort regrettable, la démocratie en Afrique est en train de se transformer, de se déformer en un malsain processus militaro-legitimus, dont le principe est : puisque que j’ai la majorité, je peux me permettre de refuser l’Alternance, et d’instrumentaliser la force publique à mes fins propres ; pour d’autres à qui on a refusé le pouvoir, l’usage des armes devient aussi l’unique solution : il faut faire la guerre, ou les maquis pour venir diriger un jour l’Etat. De la Centrafrique, au Tchad, en Guinée, en Côte-d’Ivoire, au Mali avec Sanogo, etc., les armes sont redevenues le sésame de la Caverne du pouvoir. Au Mali, tout porte à croire que l’épisode Sanogo n’a pas servi de leçon aux hommes politiques.

 

Le Président IBK, est on ne peut plus très aveuglé par le pouvoir. Il est maintenant prêt à en découdre avec n’importe quel opposant. Il est en train de suivre les traces de son homologue nigérien, qui a plus de chance de ne pas faire des morts lors des manifs réprimées par la force publique, en dehors du tragique décès de l’étudiant Mallah  Bagalé.

Au total, il apparaît clairement qu’il est très difficile de mettre en quarantaine, voire d’éradiquer ce nouveau type d’accession au pouvoir en Afrique : quand ce n’est pas l’armée qui renverse un président démocratiquement élu, c’est un Président qui utilise l’arme pour parvenir à ses fins, et ailleurs ce sont des rebelles qui s’estiment plus compétents pour gouverner.

 

Si on se met en surplomb comme le sage sur les événements politiques en Afrique, notamment au Sahel, on peut bien comprendre aujourd’hui les velléités expansionnistes des terroristes islamistes en Afrique. Depuis des décennies, les Etats africains échouent à bien gouverner démocratiquement, à respecter l’alternance démocratique. Tout aujourd’hui est prétexte à un renversement de pouvoir. Pathologiquement, il y a sans conteste griserie, addiction pour le pouvoir. L’illimitation, l’insatiabilité, la cupidité, l’insouciance de l’intérêt général par les hommes politiques sont les maîtres mots de la déchéance des institutions démocratiques. C’est un truisme de le dire : on ne gouverne pas en Afrique, on vient pour jouir du pouvoir.

 

Or la politique, ou l’activité de gouverner un Etat, n’est pas un lit de relaxation. Pour Max Weber, la politique c’est prioritairement, un métier (« beruf »), c’est-à-dire, une « vocation ». De sorte que si on vient au pouvoir par les armes, ou dans le cas du Président IBK et des autres qui veulent conserver le pouvoir en instrumentalisant l’arme à leur seul avantage, il est fort clair que pour le peuple souverain, de tels individus ne viennent pas pour gouverner, mais dominer, régenter, sévir et profiter des biens du pouvoir. Si mathématiquement comme dans une fonction de suite géométrie, on laisse constamment se répéter cette pratique politique _ quasiment pré politique -, on ne peut pas être performant politiquement, c’est-dire agir en vrais professionnels de la politique.

 

Notre thèse est que l’Afrique moderne a besoin d’une nouvelle classe d’hommes politiques, qui va d’abord faire tabula rasa que ces anciennes mentalités rapaces, pour une éthique politique pragmatique et progressiste.

Nous sommes toujours optimistes, qu’un jour et fatalement, le peuple va se venger de tous ces malfaiteurs et criminels de l’ETAT. La révolution au Maghreb, qui fut riche en enseignements, ne peut pas ne pas se produire en Afrique noire : car la nouvelle génération d’Internet, de Facebook, et des autres réseaux veut une nouvelle Afrique : pas des rebelles, des putschistes, des islamistes, des vieillots, etc., mais des vrais surhommes politiques capables de réussi la grande politique pour le bonheur du peuple. Si on veut civiliser la démocratie en Afrique, il faudra en finir avec tous ces maux précités. En finir d’un mot avec la démocratie sous couvert des armes.

Ensemble osons.

Seidina Oumar Maïga

 

Source: figaromali

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