Le Bureau de recrutements des Forces armées maliennes (FAMA) n’a pas dû avoir assez d’espace sur sa table pour recevoir les 60 000 Maliens pressés de rejoindre les rangs de l’armée nationale. En réponse à une campagne massive de recrutement lancée en janvier dernier, les candidats espèrent être retenus parmi les 5 000 nouvelles recrues que l’armée compte intégrer dans ses effectifs.
Une renaissance par le gonflement des effectifs
L’armée malienne a été inefficace et mal préparée face à la crise de 2012, née de la partition du pays et qui a fait le lit de la prolifération des groupes terroristes stoppés dans leur avancée par l’intervention française dans le pays. Le président de l’époque, Amadou Toumani Touré, accusé de n’avoir pas doté l’armée de moyens pour contrer les rebelles et les terroristes l’a payé d’un renversement de son régime. Depuis cet épisode, le Mali veut reconstruire une armée sous-équipée, mal entraînée et souvent mal préparée à affronter les colonnes de jihadistes qui sèment la terreur dans le nord Mali et même au-delà.
L’opération de recrutement s’effectue dans le cadre de la loi d’orientation et de programmation. Celle-ci prévoit de tirer du budget 2017, quelque 265 milliards de Fcfa pour rebâtir le secteur de la Défense, tandis que 51 milliards seront alloués au secteur de la sécurité. L’objectif est d’accomplir la renaissance d’une armée nationale malienne en la rééquipant pour remplacer son arsenal obsolète.
En renforcement des 13 000 militaires qui constituent l’armée malienne, les 5 000 recrues vont permettre de grossir les rangs des FAMA. Cinq mille autres recrues supplémentaires sont prévues d’ici 2019. Mais est-ce vraiment un gonflement des effectifs dont l’armée malienne a besoin ? Rien n’est moins sûr. L’élargissement des rangs de l’armée ne ferait qu’accroître le ratio soldat par habitant dans ce pays qui compte plus de 16 millions de personnes.
Les insuffisances de la stratégie de restructuration des Forces armées
C’est d’équipements, de renseignements humains et collaboration avec les pays voisins sur les frontières poreuses que l’armée malienne a besoin pour contrer la menace terroriste. Dans le premier cas, des efforts sont en train d’être réalisés pour le remplacement des véhicules et d’une partie de l’équipement.
Dans le deuxième cas, les autorités maliennes traînent les pieds. Pire, un rapport très critique de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) dénonce «la riposte de l’armée malienne face à l’insécurité grandissante [qui] s’accompagne de graves violations des droits humains. Notamment de nombreuses arrestations, des détentions arbitraires, et des actes de torture perpétrés dans le cadre d’opérations anti-terroristes». La communauté peule serait particulièrement visée.
«Pour rétablir le lien de confiance entre les populations civiles et l’État, crucial dans la lutte contre le terrorisme, il est urgent d’encadrer davantage la réponse militaire afin de mettre fin à ces exactions et de tout mettre en œuvre pour permettre le retour des services publics de base», plaide la FIDH. Reste à savoir si l’appel sera entendu.