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Mali : faire bon cœur contre Ramadan forcé

Depuis trois semaines, les musulmans observent le jeûne au Mali. Ce mois est propice à toutes sortes de postures, y compris celle de des « musulmans occasionnels », selon Oumar Togo.

 

L’occasion fait le larron. Le ramadan « fait » des jeûneurs qui, faute de choix, entrent dans le moule du jeûne, se métamorphosent complètement en adoptant un comportement strictement religieux. Même sur les réseaux sociaux, leur langage d’ordinaire un rien trivial disparaît pour laisser place à des paroles vertueuses, parce que c’est le mois de ramadan.

Ils veulent n’afficher que de bonnes manières, oubliant qu’un bon musulman, c’est celui qui est pieux tout le temps ou qui essaie de devenir encore meilleur qu’il ne l’est.

Ramadan forcé

Ici, beaucoup sont musulmans par peur du regard des autres. Surtout par la peur du rejet familial. Dans certaines familles, le jeûne est une exigence pour tout jeune ayant l’âge et la bonne santé. Nombreux sont donc ceux qui, contre le Ramadan forcé, font bon cœur. Ousmane Diarra, un étudiant arabisant, confie : « Je jeûne parce que mon père m’y oblige et par peur de mes amis qui me prennent la tête avec cette histoire de mois béni, tandis qu’eux-mêmes ne prient que pendant ce mois. Des hypocrites ! ».

Aussi, l’entraide fonctionne-t-elle à plein régime pendant ce mois. On pense tout à coup aux démunis. Chacun se souvient subitement du mendiant de son entourage. Sur les ondes des radios, même les marabouts font des promotions à hauteur de 500% pour leurs produits dont ils disent qu’ils peuvent faire des miracles.

Après le Ramadan, le naturel revient…

Hélas, après le Ramadan, mois de piété, de pardon, de remise en question et de partage, le jour de la fête, l’ambiance reprend ses droits dans les bars, les hôtels et les boîtes de nuit. Chassez le naturel, il revient au galop…

« Les parents savent que leurs enfants ont des drôles de manières de fêter. Comment imaginez-vous qu’après ces jours bénis, après toutes ces abstentions, ils se permettent d’aller remplir les bars ? », s’interroge Kissima Séméga, imam de la mosquée de Kalaban-coro Kouloubleni-est, quartier périphérique de Bamako. 

Je crois que certains jeunes musulmans n’ont pas compris leur religion ou bien ne font que ce qui leur plaît. Il faut que nos bonnes actions continuent, même après ce mois de Ramadan. Comme le dit le rappeur King KJ : « Allah k’anw bè changé » (Que Dieu fasse en sorte qu’on change tous ).

Oumar TOGO

benbere.org

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