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Mali : deux oppositions et « demi » qui fragilisent le gouvernement

Un bras de fer « risqué » entre le gouvernement et certains religieux est en cours au Mali. L’imam Mahmoud Dicko a réuni plus de 65 000 fidèles au stade du 26 mars le 10 fevrier dernier, pour dénoncer la mauvaise gouvernance dans le pays. Selon certains analystes, ces tensions entre le pouvoir et des leaders religieux musulmans constitue un risque pour la vie de la Nation.

L’opposition est calme ces derniers temps, mais en réalité elle ne cache pas son soutien aux leaders religieux, comme le prouve la présence massive de certains de ses leaders, comme Soumaila Cisse, au meeting des religieux, le 10 février passé au stade du 26 mars.

Ces derniers s’activent et constituent désormais une deuxième opposition au gouvernement malien et au Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga. Mais le PM malien est fragilisé jusque dans son propre camp, la majorité présidentielle, dont une partie lui reproche d’avoir attiré dans son parti une dizaine de députés membres du Rassemblement pour le Mali, le RPM d’Ibrahim Boubacar Keita.

Me Demba Traoré, chargé de communication du groupe parlementaire Vigilance républicaine et Démocratie (VRD), pense que les religieux ont le droit de faire l’état des lieux de la Nation. Ils sont dans leur rôle. « Les maux qu’ils dénoncent aujourd’hui sont clairs. Même la majorité doit les respecter pour la cause qu’ils défendent. Il appartient à tout citoyen malien de faire en sorte que les populations se sentent mieux », soutient le député, bras droit de Soumaila Cisse, chef de file de l’opposition.

Relations abîmées

Le torchon brûle désormais. La connexion entre politiciens et leaders religieux ne date pas d’aujourd’hui. Elle existe depuis longtemps, mais, de nos jours, les relations se sont détériorées avec le pouvoir en place. « Cette connexion de rapports avait un écho peu favorable. Mais ces leaders religieux sont devenus une opposition affichée. C’est un parti pris flagrant », explique l’analyste Baba Dakono. « Il faut une séparation stricte entre politiques et religieux dans la vie de la Nation. Une connexion entre les deux camps est risquée ». Il décrie la situation actuelle, qui prend de l’ampleur, entre les deux camps. « Les religieux étaient toujours des arbitres, pour désamorcer les tensions. Plus tard, ils sont devenus des acteurs prenant position lors des crises ». Selon lui, la faute incombe aux politiciens, qui ont pendant longtemps donné l’impression aux leaders religieux qu’ils étaient incontournables dans la médiation au sein de la machine de l’État.

Assertion rejetée par Me Demba Traoré. « Lorsque les religieux ont soutenu ces mêmes politiques de la majorité en 2013, personne n’a parlé d’immixtion politique », dit-il. Selon lui, « C’est une mission dévolue à tous. Personne ne doit fermer les yeux sur de telles situations et laisser le Mali basculer. Je les respecte pour leur prise de position ».

Le député de la majorité Zoumana N’tji ironise sur le meeting de prière organisé le week-end dernier et au cours duquel la mauvaise gouvernance a été dénoncée.  « Comme il dit qu’il prie pour le Mali, j’espère qu’il va continuer à le faire », dit-il, parlant de l’imam Mahmoud Dicko.

Une prise de position différemment appréciée

Sur la demande d’application de la peine de mort au Mali, l’Honorable Zoumana N’tji appelle les religieux à respecter la laïcité de l’État malien et le Code pénal. « Je pense que c’est au juge de décider de qui doit être condamné et de qui ne doit pas l’être, pas à un leader religieux. Les religieux ne doivent pas profiter de l’assassinat d’un imam pour demander l’application de la peine de mort. C’est une prise de position risquée », dénonce le député.

L’opposition affiche son soutien aux leaders religieux dans un combat qu’elle trouve noble. Le député Me Demba Traoré pense que les problèmes posés par les religieux sont réels. « On a besoin d’une gouvernance vertueuse, assainie, d’une gouvernance responsable face aux drame que nous subissons dans le pays. Les dirigeants doivent changer de stratégie », soutient-il.

Baba Dakono estime que les religieux vont aller plus loin. « Leur prochaine demande sera l’application de la charia. S’ils ne l’ont pas fait, ils le feront », pense-t-il. Mais il est sceptique en ce qui concerne la création d’un parti politique à caractère musulman au Mali. « Ils n’iront pas jusqu’à créer un parti politique. C’est plutôt pour influencer l’élection ou l’infiltration des acteurs religieux dans la sphère politique. Il y a même déjà eu des tentatives dans ce sens. Nous avons vu un théologien candidat à une élection présidentielle au Mali. Ils peuvent aussi prétendre à des postes ministériels ou de députés à l’Assemblée nationale ».

Réconcilier  les parties

« Le régime en place n’écoute personne. Il est le seul qui peut calmer les tensions existantes en reconnaissant la vérité. Mais toute personne qui le dénonce démocratiquement est vue comme une ennemie du pouvoir », déplore Me Demba Traoré.

Aucune dissension ne sert actuellement le Mali, qui fait face à de grands défis sécuritaires. Musulmans, Chrétiens, acteurs politiques, tous doivent se donner la main pour sortir le pays de l’ornière. Cette division affaiblit l’État, surtout quand les anciens médiateurs, comme des leaders religieux, deviennent des acteurs de la crise et tournent le dos au gouvernement.

Source: nordsudjournal

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