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Mali – Ce qui nous attend en 2022 (part1)

2022 commence sur fond d’incertitudes et de crispations politiques autour de la transition. Alors qu’à l’issue des Assises nationales de la refondation les autorités avaient proposé dans un premier temps un chronogramme allant jusqu’en 2026, une partie de la classe politique et des mouvements de la société civile s’y était opposés, de même que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Même si la porte du dialogue reste ouverte, le bras de fer a commencé et pourrait s’étaler sur les prochains mois.

 

Transition : jusqu’où peut aller Assimi Goïta? (part1)

La riposte du gouvernement de transition n’aura pas tardé. Après les sanctions économiques et financières adoptées contre le Mali par la CEDEAO lors de son sommet  extraordinaire du 9 janvier 2022 pour un chronogramme « inacceptable », les autorités ont décidé le même jour de rappeler les ambassadeurs maliens accrédités dans les États membres de la CEDEAO et la fermeture des frontières terrestres et aériennes avec les États concernés.

« La CEDEAO et l’UEMOA se sont assumées, nous en ferons autant », a clamé le Président de la transition, le colonel Assimi Goïta, dans son adresse à la Nation le 10 janvier, tout en restant « ouvert au dialogue  avec la CEDEAO pour trouver un consensus entre les intérêts supérieurs du peuple malien et le respect des principes fondamentaux de l’organisation ». Le Président de la transition ne semble pour l’heure pas céder aux sirènes de certains de ses soutiens les plus durs, qui veulent voir le Mali quitter ses institutions. Toutefois, le Conseil des ministres extraordinaire qui a précédé cette adresse à la Nation du Chef de l’État a décidé de l’élaboration d’un plan de riposte et appelé l’ensemble de la population et la diaspora à une mobilisation générale sur toute l’étendue du territoire national le 14 janvier 2022.

Jusqu’à quand ?

La mobilisation populaire pourrait être la vedette de cette nouvelle année, comme elle l’a été en 2020 avec les manifestations du M5. Les autorités de la transition vont s’évertuer à montrer qu’en dépit des difficultés et souffrances elles bénéficient d’un certain soutien populaire, ce dans le but de faire flancher la CEDEAO et la communauté internationale ou de mieux négocier. Mais il va falloir gérer l’intérieur également, où un front d’opposition s’est mis en place. Le Cadre d’échange des partis et regroupements politiques, le PARENA, la Plateforme unis pour le Mali (PUMA), qui regroupe plus d’une quarantaine d’associations et mouvements, ainsi que des formations comme, entre autres, l’ACRT – Faso Kawele et le Collectif pour le développement de la République (CDR), en font partie.

Le 5 janvier, ce regroupement a donné le ton de ce à quoi on pourrait s’attendre tout au long de cette année en signant une déclaration commune et en annonçant des rencontres à venir pour « préparer l’offensive ». « Au-delà du 27 février 2022 nous ne reconnaitrons plus ces autorités de transition », a martelé Issa Kaou Djim, ancien soutien inconditionnel d’Assimi Goïta, ce qui augure de manifestations qui pourraient intervenir d’ici cette échéance.

Ce front a d’ailleurs déjà invité toutes « les forces démocratiques et patriotiques, tous les mouvements, toutes les associations et toutes les personnalités soucieuses de la stabilité du Mali » à se retrouver pour « apporter les réponses appropriés aux velléités dictatoriales des autorités militaires et civiles de la transition ».

Pour le politologue Bréhima Mamadou Koné, ce regroupement pourrait, sur la durée, tirer profit d’un renversement des rapports de force au plan national si les sanctions de la CEDEAO perduraient. « J’ai bien conscience des inquiétudes quant aux conséquences de ces mesures, mais je tiens à vous assurer que des dispositions sont prises pour faire face à ce défi et que les actions d’approvisionnement se poursuivront »,  a affirmé le Président de la transition. Il faut noter que les sanctions de la CEDEAO ne concernent pas les produits de première nécessité, médicaux ou encore pétroliers. Mais, en dépit de cela, le politologue Bréhima Mamadou Koné craint que le Mali ne puisse tenir plus au bout de 6 mois si les sanctions sont maintenues, ce qui pourrait favoriser et nourrir des ressentiments. « Au Mali, beaucoup ne comprennent pas les enjeux. À chaque fois qu’il y a une marche de contestation, ce sont tous ceux qui sont frustrés qui viennent. Ce qui fait qu’on se retrouve avec un conglomérat d’acteurs avec des revendications différentes et pour diverses raisons ».

« Même parmi ceux qui soutenaient la transition beaucoup ne sont pas d’accord aujourd’hui pour une prolongation de 5 ans. Plusieurs partis politiques vont se désolidariser des autorités de la transition pour se rallier au nouveau front », prédit celui pour lequel la seule option salvatrice pour le colonel Assimi Goïta serait d’aller aux négociations et de fixer un calendrier électoral consensuel avec l’ensemble des acteurs internes et externes.

Mohamed Kenouvi

Source : Journal du Mali

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