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Lutte contre le terrorisme : Cinq dirigeants terroristes africains sur la liste noire de Washington

Les États-Unis ont placé vendredi ces hommes identifiés comme des leaders de groupes djihadistes en Afrique sur leur liste de terroristes mondiaux, selon un communiqué du secrétaire d’état Antony Blinken

 

Ces cinq hommes sont Bonomade Machude Omar, qui dirige les départements militaires et des affaires étrangères pour l’état islamique au Mozambique, Sidan Ag Hitta, un commandant responsable de la Région de Kidal dans notre pays au sein du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Gsim ou Jnim), Salem Ould Breihmatt, un haut dirigeant du Jnim et Emir d’Arbinda et Serma dans la Région de Mopti. Ce dernier est aussi chargé de la supervision du Jnim au Burkina Faso. Les deux autres sont Ali Mohamed Rage, porte-parole des Shebab et enfin Abdikadir Mohamed Abdikadir, un facilitateur des Shebab.

Avec cette mise sur la liste, «tous les biens et intérêts au nom de ces individus doivent être bloqués et signalés au bureau du contrôle des avoirs étrangers du département au Trésor», indique le secrétaire d’état. Avant de prévenir que «toute institution financière étrangère qui faciliterait sciemment une transaction financière significative ou fournirait des services financiers significatifs aux personnes désignées pourrait s’exposer à des sanctions».

à travers cet acte, «les états-Unis veulent perturber les méthodes de financement de l’EI-Mozambique, du Jnim et des Shebab pour limiter leurs capacités à mener davantage des attaques contre les civils», poursuit Antony Blinken.

Dr Aly Tounkara, directeur du Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel (CE3S) livre son analyse sur le fait que les états-Unis, régulièrement, mettent des terroristes et même des états sur ce qui peut être qualifié comme leur «liste noire». Selon le spécialiste, les attentats du 11 septembre 2001 constituent un tournant important pour les états-Unis dans la lutte contre les terroristes. D’après Dr Tounkara, à partir de cette date, les états-Unis et leurs alliés se sont enlisés dans des guerres sans fin en Afghanistan et en Irak.

Le chercheur a aussi fait le lien avec le Printemps arabe en Tunisie, en Égypte et même en Syrie. Suite à cela, dira-t-il, les états-Unis ont placé un certain nombre de leaders terroristes sur leur liste noire. Aussi, il a souligné que de 2014 à 2017 avec la naissance de l’état islamique au Moyen-Orient et progressivement en Afrique, beaucoup de têtes de Al-Zarqaoui en passant par Sahraoui et même les terroristes à l’origine de l’assassinat des militaires américains au Niger ont été systématiquement mis sur la liste noire des états-Unis. Dr Aly Tounkara estime que cette liste est symbolique, car prouvant à quel point certaines valeurs sont cardinales pour ce pays. Il s’agit de la sacralité de la vie humaine, de la liberté d’expression, de la liberté de croire ou pas, etc.

Le spécialiste pense aussi qu’il y a des leçons à tirer de cette situation. Pour lui, cela prouve à suffisance que beaucoup de luttes sont menées contre les terroristes mais les rideaux ne tombent pas. également, il croit que cette situation constitue une victoire pour les terroristes qui se considèrent comme puissants puisqu’ils arrivent à ébranler et effrayer des grandes puissances militaires comme les états-Unis. Une autre conséquence qu’il a signalée est que certaines personnalités sur cette liste ne sont pas forcément considérées par leurs pays comme des terroristes même si les états-Unis les considèrent comme tels.

Toute chose qui, selon lui, pourrait créer une brouille diplomatique entre les états. Il a rappelé que les frères musulmans en égypte ou Ennahda en Tunisie sont des partis politiques d’obédience musulmane. Et à un moment donné, certains de leurs ténors ont vu leurs noms sur la liste noire des états-Unis. Toute chose qui a rendu les rapports tendus entre leurs pays et les états-Unis. Dr Aly Tounkara a souligné la difficulté sur le non consensus autour de qui est terroriste et qui ne l’est pas. Sur ce point, il a rappelé le cas palestinien où beaucoup de ténors du Hamas sont sur la liste noire des états-Unis alors qu’ils sont célébrés par les Palestiniens comme des héros et de vrais patriotes.

Le directeur du CE3S a fait savoir que cela joue sur les actions engagées contre les groupes radicaux violents car de nombreuses personnalités sur cette liste ne sont pas étiquetées comme terroristes dans leurs pays. Toute chose qui pourrait provoquer des blocages dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Le cas illustratif qu’il a cité est celui de la Palestine où beaucoup de ténors du Hamas étant sur la liste noire des états-Unis sont au cœur des processus de négociations en vue de trouver un terrain d’entente avec Israël.

Il pense que leur présence sur cette liste alors qu’ils sont des acteurs incontournables pour le retour de leurs pays à une paix durable, pourrait handicaper les efforts consentis. Enfin, Dr Tounkara a fait savoir qu’au Moyen-Orient, au Proche-Orient et même dans les pays maghrébins, beaucoup de voix contestent les critères préétablis par les états-Unis pour cette liste. Le spécialiste a également confié que ces critères sont considérés par beaucoup d’analystes comme peu objectifs, subjectifs et unilatéraux.

Dieudonné DIAMA

Source : L’ESSOR

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