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Lutte contre le Covid-19 : L’armée des inventeurs

Ils sont nombreux à proposer des solutions géniales qui permettent de pallier les insuffisances de notre pays en matière de prévention contre la pandémie. Certains fabriquent des solutions hydroalcooliques, d’autres des portiques de désinfection et des dispositifs intelligents de lavage des mains au savon

 

On sait que même les pays développés ont du mal à satisfaire les besoins en consommables de prévention et de lutte contre le coronavirus, notamment en termes de bavettes ou masques. Que dire alors des pays du continent africain dont les moyens sont limités ? Il est clairement établi que la prévention contre la pandémie du coronavirus passe par la disponibilité des équipements de protection individuelle (EPI) et du matériel médical et d’hygiène.
Ces moyens de protection ne sont pas fournis en nombre suffisant sur le continent africain et particulièrement dans notre pays, où les spéculations sur les prix sont monnaie courante. Pour faciliter l’accès aux masques, le président Ibrahim Boubacar Keïta a lancé le programme « Un Malien, un masque » avec une commande de 20 millions de bavettes. Un premier lot a été livré et partagé entre les électeurs lors du second tour des législatives, le personnel de santé et les éléments des forces de sécurité. Mais tout cela n’est pas suffisant, notre pays a recours à des initiatives locales pour la fabrication des masques et des gels hydroalcooliques.

Nos reporters ont fait un peu le tour des créateurs au niveau national qui apporte leur modeste pierre à l’édifice, notamment à la prévention contre le coronavirus dans notre pays. Le regroupement « Rassembleur, secouriste et réformateur  (RA-SE-RE) » est constitué d’étudiants en pharmacie et en médecine. Ceux-ci préparent des solutions hydroalcooliques par accompagner le personnel soignant. Ils mettent gracieusement ces substances à la disposition des médecins, infirmiers et autres petites mains, dédiés à la prise en charge des patients.
Le RA-SE-RE a récemment fourni au Centre de santé de référence (Csref) de la Commune VI, 60 litres de solution hydroalcoolique. Ces jeunes volontaires des Facultés de médecine et d’odonto-stomatologie (FMOS) et de pharmacie (FAPH) estiment sacrifier à un devoir de génération.
Selon le chef d’équipe de la préparation de la solution hydroalcoolique, Madiba Sissoko, étudiant en pharmacie, ses camarades et lui ont eu l’idée de fabriquer les gels grâce à l’initiative de l’OMS via un protocole de fabrication des solutions hydroalcooliques largement vulgarisé. « Nous avons reçu ce protocole et l’avons appliqué à la lettre pour notre préparation », raconte le futur pharmacien. Cette initiative de l’organisation onusienne vise à aider les pays à mieux se protéger contre le Covid-19, qualifié, à juste titre, d’ennemi invisible par le président américain Donald Trump.
L’équipe de Madiba Sissoko prépare 60 litres de solution hydroalcoolique mais estime fonctionner en sous capacité parce que pouvant aller jusqu’à 100 litres. Pour trouver le fonds nécessaire à la préparation de ces produits, les jeunes philanthropes se cotisent. « Avec le soutien des autorités et des bonnes volontés, nous pourrons fabriquer une grande quantité en vue d’approvisionner les services publics, les commissariats et les camps militaires », souligne le chef d’équipe, avant de rendre hommage aux enseignants et au doyen de la Faculté de pharmacie qui les soutiennent.

SOLUTIONS NUMÉRIQUES- Depuis que la pandémie du Covid-19 sévit dans notre pays, RobotsMali a vite compris que le stock d’EPI sera rapidement épuisé. « Nous comptons sur nos propres ressources. Nous avons formé un groupe de technologues qui maîtrisent les imprimantes 3D, l’électronique, la robotique, les logiciels et les technologies de fabrication, avec le soutien de technologues d’autres pays, nous avons réfléchi sur ce que nous pourrions faire pour aider notre pays », explique Seydou Katikon, responsable administratif à RobotsMali.
C’est ainsi que ce groupe de technologues a fabriqué des écrans faciaux, des blouses, des masques jetables et non jetables, des robots de désinfection et même un respirateur. « Si les respirateurs et autres équipements médicaux essentiels tombent en panne, nous avons la capacité de créer des pièces de rechange », rassure Seydou Katikon, poursuivant qu’actuellement ils ont épuisé toutes leurs matières premières depuis la fermeture des voies aériennes et terrestres.
Quant aux masques non jetables, le technologue de RobotsMali explique qu’après usage du masque, il suffit de le désinfecter et de changer le mouchoir à l’intérieur afin de pouvoir s’en resservir. Ces mouchoirs sont disponibles en pharmacies. Pour lui, les cotons hygiéniques sont également utilisables. Le centre RobotsMali attend la réponse d’une correspondance adressée au ministère de l’Education nationale, de la Recherche scientifique et de l’Enseignement supérieur dans le but d’obtenir un financement pour redémarrer la production de ces masques réutilisables, offerts au personnel soignant dans les zones rurales.

À l’hôpital « Golden Life » qui utilise le même dispositif de protection individuel, son efficacité est reconnue, selon lui. Pour sa part Donifab, (un laboratoire de fabrication) de l’incubateur Donilab, a conçu une panoplie de solutions numériques, notamment un portique désinfectant, un respirateur artificiel et un dispositif intelligent de lavage des mains.
Le portail du bâtiment qui abrite Donifab, dispose d’un portique désinfectant. Avant de le franchir, un gardien nous prévient de la surprise qui nous attend. Ce portique quand il est branché, détecte automatiquement votre présence à l’entrée et vous asperge de désinfectant, explique le vigile. Quant au respirateur artificiel, il est indispensable pour les malades qui développent une forme grave du coronavirus avec une détresse respiratoire. À en croire Fousseyni Dembélé, ingénieur informatique de Donifab, cet appareil aide à assurer la ventilation des poumons de façon artificielle. « Nous avons créé un prototype de respirateur artificiel, qui pourra répondre au besoin des patients en détresse respiratoire. Notre solution, à bas coût, a été validée par des spécialistes », précise le génie de 24 ans.
Concernant le dispositif intelligent de lavage des mains, il est doté d’un capteur ultrason, du savon liquide, de l’eau simple et de l’air chaud pour se sécher les mains. L’objectif, selon ses inventeurs, est de réduire fortement les expositions aux microbes et bactéries pendant l’usage des bornes de lavage des mains.
Une fois que le système détecte la présence de vos mains, il vous donne du savon liquide en premier lieu. Ensuite, après 30 secondes (le temps qu’il faut pour frotter vos mains, le système vous donne de l’eau simple pour les rincer avant de déclencher le séchoir pour les sécher. M. Dembélé indique que le dispositif intelligent de lavage des mains au savon pourrait servir notamment à l’entrée des familles, des hôpitaux, des marchés, des banques et des pharmacies.

Mohamed D. DIAWARA

Source : L’ESSOR

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