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Lutte contre Boko Haram: l’armée nigériane doit s’adapter aux tactiques de guérilla

Les soldats nigérians qui combattent Boko Haram dans le nord-est du Nigeria doivent s’adapter aux tactiques de guérilla du groupe jihadiste, ont estimé des responsables militaires en marge d’un sommet sur la sécurité en Afrique cette semaine.

La guerre conventionnelle menée par l’armée nigériane ne suffit plus, face à des combattants qui se fondent parmi la population locale et disséminent des engins explosifs improvisés dans la région sahélienne du lac Tchad, selon Sean McClure, attaché de défense à l’ambassade américaine à Abuja.

“Nous n’avons pas encore observé ce type de cycle d’adaptation” au sein de l’armée nigériane, a déclaré le lieutenant-colonel McClure à l’AFP, lors du sommet qui se tient en périphérie de la capitale fédérale. “Ils essaient de déterminer comment s’y prendre”.

“Leur approche du combat, à mon avis, reste sous le prisme de la guerre conventionnelle”, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis, qui ont renforcé leur présence militaire en Afrique ces dernières années, espèrent partager l’expérience acquise au Moyen-Orient avec les pays du Sahel vivant sous la menace des groupes jihadistes, qu’il s’agisse de Boko Haram au Nigeria ou d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Mali et au Niger.

Le Nigeria, le pays le plus peuplé du continent africain avec plus de 180 millions d’habitants, entre dans sa neuvième année de conflit avec les jihadistes qui veulent établir un califat dans le Nord-Est.

Selon le chef d’état-major de l’armée nigériane, Tukur Buratai, il ne fait “aucun doute que les terroristes de Boko Haram ont été vaincus”.

Pourtant, les insurgés ont multiplié ces derniers mois les attaques sanglantes visant l’armée comme les civils, comme lors du week-end de Pâques, quand au moins 20 personnes ont été tuées à Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno.

Ils ont également montré leur capacité à mener des opérations d’envergure en enlevant plus de 100 jeunes filles dans un internat à Dapchi, une localité isolée de l’Etat voisin de Yobe, mi-février.

L’émergence d’une faction dissidente alliée à l’Etat islamique (EI) – l’Etat Islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) – dont la stratégie consiste à nouer des liens forts avec les communautés locales, constitue en outre une menace sérieuse.

“Cela commence à devenir un très grave problème”, a commenté M. McClure.

– ‘Agression’ –

A Gwagwalada, en périphérie d’Abuja, les forces spéciales nigérianes se sont livrées cette semaine à des exercices de combat sous les yeux de hauts gradés militaires africains et américains.

Sous le soleil brûlant de la mi-journée, les soldats sont descendus en rappel depuis des hélicoptères, tandis que l’infanterie avançait prudemment dans la savane pour libérer de faux otages.

Mais pour défendre une zone presque aussi grande que la Belgique contre des tactiques de guérilla bien réelles, le Nigeria doit lui aussi pouvoir s’appuyer sur le soutien de la population locale.

M. Buratai a reconnu durant le sommet mardi que gagner la confiance des gens dans le nord-est du Nigeria avait été un “grand défi”.

Des organisations de défense des droits humains ont accusé à plusieurs reprises l’armée nigériane de tortures, d’arrestations et d’exécutions arbitraires, alimentant les rancoeurs dans cette région pauvre, longtemps abandonnée par les pouvoirs publics.

“Les gens ont vécu les opérations militaires comme une agression, donc cela a provoqué de l’acrimonie”, a déclaré le général. “Nous avons beaucoup fait depuis lors et la perception a changé”.

Le gouvernement du président Muhammadu Buhari a créé une commission spéciale pour enquêter sur les allégations de violations des droits de l’homme, mais toute réforme de l’armée prendra du temps, si elle intervient un jour.

“Il sera très difficile pour l’armée nigériane de changer plus de 50 ans de mauvaise réputation”, estime Yan St-Pierre, du cabinet de conseil Modern Security Consulting Group (MOSECOM), basé à Berlin.

“Les gens sont coincés entre le marteau et l’enclume”, conclut-il. “Nombreux sont ceux qui ne se sentent à l’aise ni avec l’armée ni avec Boko Haram”.

Tv5 Monde

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