Longtemps considéré comme un mythe dans le Cercle de Kolondiéba, Oumar Mariko, Président du parti SADI, a fini par s’écrouler comme un château de carte lors des dernières législatives , dans sa circonscription électorale. « Baobab indéracinable » pour lequel il se prenait, l’imposture du député sortant de Kolondiéba, a été découverte dans sa plus franche laideur et l’homme a été littéralement détrôné par une population locale assoiffée d’alternance et qui s’était visiblement lassée de ses discours sans impact.

Le mythe d’invincibilité qui entourait le désormais ex-honorable Oumar Mariko, a été brisé de la plus fracassante des manières au regard du fait qu’il se fût cru pour l’homme politique le plus populaire à la légitimité inébranlable. Mariko a su longtemps captiver les masses ouvrières avec des discours proches de leur classe sociale. Durant ces dernières décennies, il a réussi à se hisser au rang du « leader des prolétaires » dans un pays indéfectiblement englué dans la mal-gouvernance, avec une majorité populaire constamment appauvrie et opprimée.
Mariko en a su bien tirer profit pour faire grimper sa popularité dans un pays à plus de 75 % de la population analphabète et où certains semblaient même l’avoir vu comme un « messie ». Durant toutes ces années, il s’est présenté sur pas mal de fronts sociaux dont chacun, en réalité, désignait pour lui, une aubaine populiste et démagogique pour se rapprocher davantage des masses laborieuses et à qui il ne manquait pas souvent de promettre des conditions meilleures lorsque celles-ci le porteront au pouvoir. Pourtant, au sein du réseau Kayira (radio de propagande d’Oumar Mariko) qui existe depuis près de 30 ans, les travailleurs n’ont jusqu’ici jamais eu de statut social et exercent dans les conditions des plus misérables.
A Kolondiéba, dans son fief électoral, le double jeu de Mariko n’a pu passer. Une bonne partie de son traditionnel bastion, s’est manifestement opposé à sa réélection dû au fait que rien n’eût été concrètement fait, en 13 ans de mandat parlementaire, pour retracer les sillons d’un vrai développement dans leur localité, en lieu et place de grands discours idéologiques sans impact. Aucune véritable pression n’a été exercée sur un quelconque outil de l’Exécutif pour contraindre celui-ci à asseoir des infrastructures viables à Kolondiéba. Mariko, lui-même, pour mobiliser l’électorat local, s’est bien souvent gardé de financer des services sociaux de base sur fonds propres, prétextant que cela ne relèverait pas de sa fonction parlementaire mais plutôt de celle du Gouvernement. Ça, les populations de Kolondiéba ne l’ont jamais compris !
Moulaye Diop