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Limogeage de Tiéman Hubert Coulibaly ! Rancœur, coup de com, saupoudrage, famille…tout y passe.

«C’est qui Tiéman Hubert Coulibaly ? C’est le ministre gonflé, imbu de sa personne ?». C’est en ces termes que se renseignait un étudiant sur le membre du gouvernement qui venait d’être remercié. Cela en dit long, sûrement, sur l’image combien négative de l’homme. Malgré un physique agréable, faut-il dire.

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Surprise ?
Oui, le départ du désormais ex-ministre de la Défense a été une surprise pour de nombreux Maliens. L’explication est simple. D’abord, le dernier gouvernement, le 5ème du genre, date de seulement du 3 septembre. Ensuite, sa fonction l’avait rapproché du fils présidentiel qui eut même droit aux honneurs militaires. Qui n’auront pas suffi finalement à  le préserver des sautes d’humeur de Koulouba. N’aura pas suffi également la couverture tacite de son père, considéré jusque-là comme un  héros par de nombreux citoyens toujours avides de ses propos sincères,  courageux et combien patriotiques. Lui n’aura pas vécu pour rien.
Les raisons possibles d’un limogeage
La brève occupation de Boni par des jihadistes est présentée comme étant la cause officielle du désaveu porté sur Tiéman Hubert Coulibaly. Mais, nous pensons que cela a pu être simplement la goutte d’eau qui aura débordé le vase, voire un ‘’coup de com’’ ou un prétexte pour se débarrasser de l’homme. Mais, commençons par les motivations les plus simplistes.
Le discours du père aura-t-il causé la perte du fils ?
Tout le monde sait que l’ancien patron des patrons et non moins président du Conseil économique, social et culturel (CESC), Moussa Balla Coulibaly, n’a pas sa langue dans sa poche. Ainsi, on se souvient qu’à plusieurs reprises, lors d’interventions médiatiques, il a mis l’accent, voire mis à nu, le paradoxe qui consiste à disposer d’une compagnie de parachutistes sans avoir l’aviation nécessaire au transport et au déploiement de ceux-ci. Cependant, dans son réquisitoire, il n’a jamais manqué une occasion pour faire son mea culpa : «Nous sommes tous responsables, moi-même y compris, puisque mon fils est ministre de la Défense…». Sachant que Moussa Balla Coulibaly est un homme très écouté, ses interventions ont pu agacer en haut et provoquer l’ire des plus hautes autorités qui se disent peut-être qu’on ne saurait être «dans et dehors». Autrement dit, quand on est avec le régime, on doit se garder de le critiquer, de montrer ses tares. Même si ces critiques sont vérifiées, constructives et patriotiques.
Est-ce par mesure de sécurité ?
Ces derniers jours et mois ont été tendus dans notre pays. La situation est quasi explosive, avec l’opération de libération des voies publiques déclenchée par Ami Kane. Difficile dans ces conditions de dormir sereinement lorsqu’on n’est pas sûr d’avoir le contrôle absolu des forces armées dirigées par quelqu’un dont le père se montre de plus en plus critique vis-à-vis du régime. Alors, autant faire chapeauter la Grande Muette par un ‘’membre de la famille.’’ Un tel profil convient à l’ex-ministre de l’Administration territoriale, précédemment catapulté 2ème  force du gouvernement en terme de préséance. Avec Abdoulaye Idrissa Maïga comme ministre de la Défense, Karim Keïta, comme président de la Commission Défense- Sécurité à l’Assemblée nationale ; Boubou Cissé, premier des ministres en tant que détenteur du cordon des bourses, l’argentier, la famille peut désormais dormir tranquillement. Sauf raison divine.
Tout pour contenter les groupes armés ?
Si le départ de Tiéman Hubert pourrait ne pas être lié directement aux groupes armés, l’arrivée de Ag Erlaf à l’Administration territoriale, la promotion de ce denier, a tout à voir avec la Cma, le Mnla (ami de la France, en particulier). En effet, ce groupe rebelle ne vise que le démantèlement du Nord. Aussi, avec un des ‘’leurs’’ à la tête du département chargé de cette tâche, l’auteur des controversées Autorités intérimaires, la Cma a désormais un boulevard devant lui pour parvenir à ses fins. Quant au régime, à deux ans de la prochaine présidentielle, il a besoin de tout ce qui peut contribuer à colmater les brèches, à favoriser un climat apaisé, ne serait-ce que le temps d’obtenir un second mandat pour ‘’Président Fondateur du Gonduana’’. Il faut dire que désormais, avec un Ag Erlaf à l’Administration territoriale et à la Décentralisation, tous ceux qui sont hostiles au prétendu ‘’Azawad’’, devraient avoir des soucis à se faire. Le rêve étant sur le point de devenir réalité.
Coup de com ?
Ça pourrait l’être. En effet, les frustrations se sont accumulées ces temps-ci, à tel point qu’il importe pour le régime de donner au moins l’impression d’agir. La foule est parfois naïve et a souvent besoin rassurée, fut-il brièvement ; ‘’l’espoir fait vivre’’, dit-on.
Que du saupoudrage ?
En limogeant Tiéman Hubert, le régime ne fait que farder une réalité bien plus sombre. Il n’est en rien responsable des problèmes de fond de l’armée qui se résument essentiellement à la France peu soucieuse de voir une armée malienne requinquée à même de chasser les rebelles de Kidal. Mais, puisque les Maliens n’ont pas élu Hollande, mais bien IBK, alors les torts sont vite situés. Chasser Tiéman Hubert, c’est comme ‘’recouvrir de la poussière une plaie puante’’.
Tout se paye cash
Tiéman Hubert Coulibaly avait bien besoin d’une petite leçon d’humilité. En effet, mis au devant de la scène par le FDR, Tiéman Hubert a vite tourné le dos à ses amis d’hier qu’il ne manquait pas de qualifier, à ses heures perdues, d’«esprits chagrins». Par ailleurs, malgré le dénuement des forces armées, il a toujours essayé de faire croire que l’armée ne s’est jamais mieux portée. C’est peut-être de bonne guerre en tant que membre d’une équipe – solidarité gouvernementale oblige – mais quand même… Si l’on se réfère aussi aux propos de ce jeune étudiant (en début de texte), c’est que la modestie, l’humilité n’étaient sûrement pas le fort de Tiéman Hubert Coulibaly. Comme quoi, tout se paye cash, en général, sur cette terre : notre humilité comme notre arrogance, nos vérités comme nos mensonges, nos réussites comme nos échecs…

La Rédaction

 

Source:  Le Point

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