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Les nouveaux logements sociaux « IBK bougou » ou « ATT bougou » ont-ils réellement quelque chose de social?

Depuis le président AOK jusqu’à IBK en passant par ATT, offrir un toit à tous les maliens a été salué unanimement car cela a permis à beaucoup de maliens de la souche et de la diaspora d’avoir « un petit chez soit ». Qualifiés à l’origine de logements sociaux car offerts aux plus démunis à des prix abordables et à des conditions de payement abordables, hélas ces soi-disant logements sociaux n’ont plus rien de social.

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Compte tenu du niveau de vie faible du malien en général et des fonctionnaires en particulier, cette initiative a été bien accueillie. C’est ainsi qu’à chaque attribution de logements sociaux, c’est l’effervescence dans les villes et campagnes car tout le pays était concerné. Pour ceux qui ont eu la chance d’en bénéficier, c’est un véritable ouf de soulagement. Fini l’enfer des locations : la cohabitation avec d’autres locataires, les toilettes toujours pleines, les coupures d’eau et d’électricité pour factures non payées, des caniveaux débordants d’ordures,… Les salaires étant petits ou inexistants, cette initiative est un véritable élan de solidarité.

Malheureusement tel n’est plus le cas. Nous devons corriger les erreurs du passé pour ne pas léser les véritables cas sociaux, que  la commission mise en place dans ce cadre ne subisse aucune pression, qu’elle donne la priorité à ceux qui ont déjà postulé plus d’une fois. De nos jours ce sont les plus nantis qui en bénéficient, non pas pour y habiter, mais pour en faire cadeau à une petite amie, un beau parent, pour acheter le silence de quelqu’un après un comportement indécent.

A l’annonce du dépôt des dossiers, un quota est attribué à chaque « bras long », et les véritables cas sociaux n’auront plus qu’un petit nombre à se partager. Et là aussi les nouvelles conditions d’attribution, draconiennes il faut le dire, arrivent à bout de leur ambition, celle d’avoir « un petit chez soi ». Du 11 au 31 mai, les postulants pour les 1552 logements sociaux de NTabacoro ont déposé leurs dossiers à l’Office malien de l’habitat avec un apport personnel et une caution qui varient en fonction du type de logements.

Pour les F3 : l’apport personnel est de 234.OOOF, et 132.660F de caution ; pour les F4 : l’apport personnel est de 2.O5O.OOOF et 282.000F de caution ; pour les F5 : l’apport personnel est de 2.4OO.OOOF et 375.000F de caution. Si l’on prend le cas du F3, le moins cher, la contribution personnelle du soumissionnaire est de 336.660F, somme à laquelle il faut ajouter les dépenses pour avoir les documents. N’est-ce pas là le prix d’un terrain en banlieue ? C’est dire donc qu’il faut être riche pour être considéré comme un cas social. Quel paradoxe. Un chef de famille malien a au moins cinq personnes à sa charge.

C’est dire qu’il aura du mal à résoudre l’équation qui lui est posée. A moins qu’il n’utilise le système D, et c’est là où on assiste à  toutes les dérives : vol, corruption, mensonge, absentéisme et retard au travail. Et que dire donc du cas des veuves, des orphelins, des travailleurs subalternes, des compressés, des aides ménagères…Cette belle initiative a perdu ainsi son caractère social.

Pourtant le ministre du logement Dramane Dembelé tente de rassurer en promettant une distribution équitable aux postulants qui répondent aux critères fixés par la commission d’attribution qui fera son travail en toute indépendance, que le terrain est cédé gratuitement aux bénéficiaires, que la viabilisation du site est aussi faite par l’Etat.  Au Mali comme partout dans le monde, les femmes sont les plus nombreuses et les plus vulnérables. Elles disent que c’est grâce à elles que IBK est à Koulouba, je veux dire à Sébénicoro. Elles sont pourtant les plus discriminées dans cette affaire. Où est alors la promesse du président d’offrir des logements sociaux aux cas sociaux ?

Ce qu’il faut retenir, c’est qu’au bout de quelques années, beaucoup de ces maisons seront dans un état de délabrement tel qu’on se demanderait si elles sont habitées. Beaucoup de bénéficiaires seront à bout de souffle et ne pourront plus faire face au payement mensuel. Ils seront tentés de s’en débarrasser soit en la vendant ou en trouvant un locataire car ils se sont pour la plupart endettés pour avoir leur apport personnel. Quelle déception.
 

Séran SACKO

Source: L’Informateur

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