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Les Etats-Unis et la guerre au Yémen

Le Yémen est loin de l’Europe et l’on a tendance à considérer que les bombardements lancés depuis quelques jours par l’aviation saoudienne relèvent de simples mesures anti-terroristes destinées à protéger les frontières du Royaume contre un soulèvement dit Houthi dont on ne sait pas grand chose.

soldat militaire armee yemen

Mais  ces bombardements, dont les victimes civiles se comptent aujourd’hui par dizaines, n’ont été possibles qu’avec un appui américain très important, sous forme d’un soutien logistique et avec l’utilisation d’appareils fournis par les USA.

De plus, l’Arabie saoudite a mobilisé environ 150.000 hommes et de l’artillerie lourde sur sa frontière avec le Yemen. Elle appelle à la formation d’une coalition internationale incluant notamment l’Egypte et peut-être la Turquie (Cf notre article: Turquie et Arabie saoudite réunies contre l’Iranhttp://www.europesolidaire.eu/article.php?article_id=1708&r_id=. Tout laisse penser que contre les rebelles Houthis et les tribus soutenant l’ancien dictateur yéménite Ali Abdullah Saleh ayant pris le contrôle des provinces occidentales, c’est toute l’emprise au Yémen de son alliée l’Amérique que l’ Arabie saoudienne souhaite rétablir.

Les Etats-Unis veulent en effet réinstaller l’ancien président Abd Rabbuh Mansur Hadi qui leur était dévoué et a fui devant les Houthis. Ils veulent aussi récupérer l’usage de la base aérienne d’Al Anad à parti de laquelle ils avaient lancé depuis 2009 des attaques de drones à l’intérieur du Yémen, lesquelles auraient fait plus de 1000 morts. Or cette base venait d’être occupée par les Houthis.

Les Houthis

Mais qui sont les Houthis? Egalement connus sous le nom deJeunes Croyants, il s’agit d’une organisation insurrectionnelle chiite issue du Nord-ouest du Yémen. En conflit avec le gouvernement de la République du Yémen dans le cadre de la Guerre du Yémen (depuis 2001) ils se sont emparés depuis leurs bastions montagnards du nord-ouest d’une grande partie de l’ouest du pays, notamment de l’ancien Yémen du Nord. Le point important est que le mouvement est soutenu par l’Iran chiite et le Hezbollah (organisation chiite du Liban) dans le cadre d’un conflit chiite-sunnite qui s’est développé au Yémen depuis 2014.

Les Houthis se plaignent d’avoir été marginalisés par le gouvernement sur le plan politique, économique et religieux à la suite de la réunification du Yémen de 1990. Ils demandent le rétablissement du statut d’autonomie dont ils bénéficiaient avant 1962. Récemment, ils ont pris les armes dans ce but et accumulé les succès. Bien évidemment, le soutien de l’Iran et du Hezbollah chiites inscrit leur action dans les conflits entre chiites et sunnites qui se développent dans tout le Moyen Orient. Il ne peut laisser indifférente l’Arabie saoudite sunnite.

Les intérêts américains

Cependant, ce n’est pas prendre parti dans des querelles religieuses qui intéresse en priorité les Américains au Yémen, mais préserver leurs intérêts. Ceux-ci sont connus depuis longtemps. Ils sont liés au pétrole. Le détroit de Bab el-Mandeb qui au delà du canal de Suez, connecte la Méditerranée et l’océan Indien est situé entre le Yémen sur la péninsule arabique et l’Erythrée-Djibouti à la corne de l’Afrique. Tout le pétrole transitant par voie maritime du Golfe persique vers l’Europe et l’Amérique y passe. Maintenir la route ouverte est indispensable, tant pour les pays du Golfe exportateurs de pétrole que pour leurs alliés américains.

A plusieurs occasions dans le passé, des affrontements entre l’US Nagy et des bâtiments censés venus d’Iran avaient eu lieu. L’installation durable, à la pointe sud-ouest du Yémen, de rebelles Houthis pouvant conduire des opérations suicides dans le détroit, y compris avec l’aide de l’Iran, serait insupportable.

Mais pour parer à ce danger, les Etats-Unis pourraient-ils compter sur l’intervention militaire terrestre des Saoudiens, éventuellement appuyée sur mer par des navires égyptiens. On peut en douter, vu les compétences militaires plus que fragiles dont Riyad s’est doté. Pour neutraliser les Houthis et leurs soutiens supposés venant des autres pays chiites de la région, ils pourraient difficilement éviter le recours soit à des bombardements aéro-navals massifs, soit même à des troupes au sol, complétant les « secret forces » déjà déployées.

Compte tenu cependant des résultats catastrophiques de leurs précédentes interventions, compte-tenu aussi du fait que Barack Obama semble tenir au succès des négociations sur l’atome entreprises avec l’Iran, on imagine mal le recours dans l’immédiat à de telles opérations.

Du côté de l’Iran et en arrière plan de la Russie, peut-on prévoir un appui sérieux aux rebelles Houthis, sans le déclenchement d’une guerre régionale généralisée pouvant déboucher sur une guerre encore plus importante. Sans doute pas.

En fait, l’évolution de la situation, au Yémen comme en Ukraine, dépend de la volonté des néo-conservateurs américains préconisant à nouveau le bombardement de l’Iran (voir Consortium News https://consortiumnews.com/2015/03/16/a-neocon-admits-the-plan-to-bomb-iran/ ) et parallèlement une offensive ukrainienne appuyée par l’Amérique visant Vladimir Poutine lui-même.

Source: mediapart.fr

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